La COVID-19 est plus mortelle chez les Africains atteints de diabète

La COVID-19 est plus mortelle chez les Africains atteints de diabète

Brazzaville – La forte augmentation du nombre de cas de diabète en Afrique survient dans un contexte de pandémie de COVID-19 et de faible accès aux vaccins. Le taux de mortalité lié aux infections par la COVID-19 en Afrique est nettement plus élevé chez les personnes diabétiques, d’après une analyse préliminaire présentée aujourd’hui par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en prélude à la Journée mondiale du diabète, le 14 novembre prochain.

« La COVID-19 envoie un message clair : la lutte contre l’épidémie de diabète en Afrique est à bien des égards tout aussi cruciale que la lutte contre la pandémie actuelle », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « La pandémie de COVID-19 finira par s’estomper, mais l’on prévoit que l’Afrique enregistre dans les prochaines années la plus forte hausse de l’incidence du diabète dans le monde. Nous devons agir dès à présent pour prévenir de nouveaux cas, vacciner contre la COVID-19 les personnes souffrant de diabète et, chose non moins importante, recenser et soutenir les millions d’Africains qui ignorent qu’ils sont atteints par ce tueur silencieux. »

Le diabète altère la capacité de l’organisme à produire ou à utiliser l’insuline, une substance essentielle pour empêcher une augmentation dangereuse du taux de sucre dans le sang. La maladie provoque une inflammation et une mauvaise circulation sanguine, qui accentuent toutes les deux le risque de complications liées à la COVID-19, dont le risque de décès.

Une récente analyse de l’OMS a évalué les données issues de 13 pays et portant sur les affections sous-jacentes ou les comorbidités chez les Africains testés positifs à la COVID-19. Il ressort de cette analyse que le taux de létalité de la COVID-19 est de 10,2 % chez les patients diabétiques, contre 2,5 % pour l’ensemble des patients atteints de COVID-19. Le taux de létalité de la COVID-19 chez les personnes atteintes de diabète était également deux fois plus élevé que chez les patients souffrant de n’importe quelle autre comorbidité. Sans compter le diabète, les trois affections sous-jacentes associées aux taux de létalité due à la COVID-19 les plus élevés incluent le VIH et l’hypertension.

Les pays ayant fourni des données pour cette analyse étaient le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, Eswatini, la Guinée, la Namibie, le Niger, l’Ouganda, la République démocratique du Congo, le Rwanda, le Sénégal, les Seychelles, Sao Tomé-et-Principe et le Tchad.

Environ 24 millions de personnes vivent avec le diabète en Afrique en 2021, selon la Fédération internationale du diabète, et le continent devrait connaître la plus forte augmentation du nombre de cas de diabète dans le monde. En effet, le nombre d’Africains souffrant de cette maladie devrait atteindre 55 millions d’ici à 2045, soit une augmentation de 134 % par rapport aux données disponibles en 2021. L’Afrique est le continent comptant le plus grand nombre de personnes qui ne connaissent pas leur statut pour le diabète. On estime ainsi que 70 % des personnes diabétiques ne savent pas qu’elles sont touchées par cette maladie.

« Les responsables de la santé en Afrique devraient tirer parti de la disponibilité croissante de tests de diagnostic rapide à faible coût pour tester systématiquement les patients dans les centres de prise en charge du diabète afin de garantir une détection précoce de cette maladie et des soins appropriés », a déclaré le Dr Benido Impouma, directeur du groupe organique Couverture sanitaire universelle/Maladies transmissibles et non transmissibles au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. « Ces centres peuvent également être des sites clés pour la vaccination », a-t-il ajouté.

Dès les premiers jours de la pandémie, les personnes atteintes de diabète ont été jugées prioritaires dans tous les pays du monde pour recevoir des doses de vaccin anti-COVID-19. L’Afrique a éprouvé des difficultés à appliquer cette stratégie.

L’accès aux vaccins reste limité. Jusqu’à présent, seulement 6,6 % de la population africaine est entièrement vaccinée contre la COVID-19, contre une moyenne mondiale de 40 % environ. Les données issues de 37 pays indiquent que, depuis mars 2021, plus de 6,5 millions de doses de vaccin anti-COVID-19 ont été administrées à des Africains présentant des comorbidités, soit 14 % de toutes les doses administrées jusqu’à présent. Les efforts visant à donner la priorité aux personnes souffrant de comorbidités comme le diabète s’accélèrent, près de la moitié de ces 6,5 millions de doses ayant été administrées au cours des deux derniers mois. Cependant, beaucoup reste à faire pour que les personnes à haut risque reçoivent effectivement les vaccins dont elles ont besoin.

« Neuf mois après le début des campagnes de vaccination contre la COVID-19 en Afrique, nous sommes encore loin de l’objectif que nous nous sommes fixé concernant la protection de nos groupes les plus vulnérables », a souligné la Dre Moeti. « Il est urgent d’intensifier la vaccination et d’autres services essentiels destinés aux personnes à haut risque, y compris celles qui sont atteintes de diabète. »

Il existe deux principaux types de diabète : le diabète de type 1 est causé en début de vie par une affection qui endommage le pancréas et altère la production d’insuline ; le diabète de type 2 est lié à une mauvaise alimentation, à l’obésité et au manque d’exercice physique, et résulte d’une mauvaise utilisation de l’insuline par l’organisme. Près de 90 % des personnes diabétiques dans le monde, et la grande majorité en Afrique, sont atteintes du diabète de type 2, et l’on attribue la hausse des taux d’incidence du diabète en Afrique à la même mauvaise alimentation et aux mêmes modes de vie sédentaires qui sont à l’origine d’une hausse du nombre de cas de diabète de type 2 dans le monde. Outre les risques liés à la COVID-19, le diabète peut accroître les risques de crise cardiaque, d’accident vasculaire cérébral, d’insuffisance rénale, d’amputation des membres inférieurs, de déficience visuelle, de cécité et de lésions nerveuses, dont les troubles de la fonction érectile.

« Tous les Africains exposés au diabète doivent avoir accès au dépistage », a déclaré la Dre Moeti. « Nous pouvons aussi empêcher le diabète de faire plus de victimes en faisant la promotion d’une alimentation saine et abordable et de la pratique régulière de l’exercice physique. »

Depuis le début de la pandémie de COVID-19, l’accès aux soins du diabète est sérieusement perturbé dans la Région africaine. Les confinements imposés pour limiter la propagation de la COVID-19, par exemple, ont entravé l’accès aux soins de santé et aux éléments de base d’une bonne prise en charge des patients diabétiques, tels que la surveillance systématique de la glycémie et une alimentation saine.

En vue d’améliorer l’accès équitable à des soins de qualité pour sujets diabétiques, l’OMS a lancé en avril 2021 le Pacte mondial contre le diabète. Cette initiative s’appuie sur les travaux entrepris ces dernières années pour déployer l’ensemble des interventions de l’OMS pour lutter contre les maladies non transmissibles (WHO PEN) dans le cadre des soins de santé primaires dans les milieux à faibles ressources. À ce jour, 21 pays africains ont commencé à utiliser cet ensemble d’outils. Le Bénin, l’Érythrée, Eswatini, le Lesotho et le Togo ont réussi à transposer ces services à l’échelle nationale, assurant ainsi une couverture de l’ensemble des établissements de soins de santé primaires.

L’OMS a tenu aujourd’hui une conférence de presse, organisée par APO Group. Le Dr Impouma était accompagné par la Professeure Maïmouna Ndour Mbaye, cheffe de l’unité de médecine interne à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et directrice du Centre national de lutte contre le diabète du Sénégal, ainsi que de M. Greg Tracz, Directeur général de Diabetes Africa.

Étaient également présents, pour répondre aux questions la Dre Phionah Atuhebwe, Chargée de l’introduction des nouveaux vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, le Dr Thierno Baldé, Responsable des opérations de réponse à la COVID-19 au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, et le Dr Jean-Marie Dangou, Coordinateur du Programme des maladies non transmissibles au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.
 

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