La toute première campagne de vaccination de masse contre la fièvre typhoïde en Afrique prend fin au Zimbabwe
C'était le troisième jour de la toute première campagne de vaccination contre la fièvre typhoïde en Afrique. Sarah Nyamande, 27 ans, était l'une des nombreuses mères qui faisaient la queue dans ce poste de proximité unique - un centre commercial dans une banlieue de Harare. Les autorités sanitaires offrent aux enfants et aux autres personnes vulnérables à la maladie ce qui promet d'être un nouveau niveau de protection, en particulier pour les familles vivant dans des conditions d'eau insalubre et d'assainissement.
Tout dans cette campagne était unique.
« Le Zimbabwe est le premier pays d'Afrique à bénéficier de la vaccination de masse contre la typhoïde, dont l'innocuité et l'efficacité ont été prouvées », déclare le Dr Alex Gasasira, représentant de l'OMS dans le pays, au sujet de la campagne qui se termine aujourd'hui.
Premièrement, le vaccin conjugué Typbar-typhoïde contre la typhoïde est nouveau et, contrairement à la vaccination systématique contre la typhoïde, il s'est révélé sûr pour les enfants de moins de 2 ans (mais de plus de 6 mois).
En outre, le Zimbabwe est le premier pays d'Afrique à avoir reçu le vaccin et à l'avoir utilisé dans le cadre de la toute première campagne de vaccination de masse contre la typhoïde du continent, ainsi que dans le cadre d'une campagne lancée en réponse à une épidémie.
« Nous avons noté avec inquiétude que les cas de typhoïde à Harare étaient en augmentation, avec un pic atteint en décembre 2018 », explique le Dr Obadiah Moyo, Ministre de la Santé et de la Protection de l'enfance. « Afin de prévenir la propagation de la typhoïde, nous avons décidé d'introduire le vaccin conjugué contre la typhoïde dans les zones à haut risque, tout en favorisant l'approvisionnement en eau, l'assainissement et une bonne hygiène ».
Etalée sur huit jours, la campagne s'est déroulée du 25 février au 4 mars dans 9 faubourgs de Harare à forte densité de population. Le Gouvernement zimbabwéen, par l'intermédiaire du Ministère de la santé et de la Protection de l'enfance, en collaboration avec l'OMS, Gavi, l'Alliance du Vaccin, et d'autres partenaires, a prévu de vacciner 370 000 personnes, essentiellement des enfants et des adolescents. La campagne a permis d’atteindre 73 % des populations ciblées dès les six premiers jours.
« L'introduction du vaccin contre la typhoïde contribuera à réduire le nombre de cas dans la ville et à réduire la propagation des souches résistantes de typhoïde », déclare le Dr Clemence Duri, directeur des services de santé de la ville de Harare.
La fièvre typhoïde, causée par une bactérie appelée Salmonella Typhi qui se propage par des aliments et de l'eau contaminés et un mauvais assainissement, est endémique à Harare. Mais des flambées saisonnières se produisent chaque année depuis 2010. Au cours de la récente flambée, plus de 1 682 cas suspects et 39 cas confirmés de fièvre typhoïde ont été signalés dans la capitale entre septembre 2018 et mi-janvier de cette année.
L'OMS recommande que l'introduction du vaccin conjugué Typbar-typhoïde soit prioritaire dans les pays où la charge de morbidité due à la typhoïde est la plus élevée ou où la charge de morbidité due aux souches résistantes aux antimicrobiens est la plus élevée. Malheureusement, le Zimbabwe remplit ces deux critères. En plus de l'épidémie saisonnière, le pays a connu un niveau élevé de résistance à la première ligne standard de traitement antibiotique.
Au cours des cinq premiers jours, la campagne a répertorié les écoles et les crèches, où la tranche d'âge ciblée est facilement accessible dans les zones clés de Harare, avant de se déployer dans les communautés et les cliniques.
Selon le Dr Marc Poncin, consultant de l'OMS pour les campagnes de vaccination contre le choléra et la typhoïde au Zimbabwe, la réponse a été extrêmement optimiste : « Nous avons constaté que les gens ont compris les avantages de ce vaccin et sont désireux de participer à la vaccination. Nous espérons atteindre notre objectif de vaccination d'ici la fin de la campagne de huit jours. »
Embrassant sa fille de deux ans, Sarah Nyamande dit qu'elle a vu des gens de sa communauté tomber malades et certains mourir. « Grâce à ce vaccin, mon enfant sera protégée contre la typhoïde, car tant que nous n'aurons pas de l'eau potable, elle court le risque de l’attraper. »