Le Bénin organise les premiers Etats Généraux de la Vaccination
Relancer la vaccination de routine
Les Etats Généraux de la Vaccination se sont tenus du 19 au 21 juin au Palais des Congrès à Cotonou sous la présidence du Professeur Dorothée A. KINDE GAZARD, Ministre de la Santé.
Elle était entourée des membres du Corps Diplomatique, des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) du secteur de la Santé dont notamment, les Représentants Résidents de l’OMS et de l’UNICEF, de l’USAID et de l’AMP.
L’objectif général des Etats Généraux de la Santé est de contribuer à l’amélioration des performances du PEV. Au nombre de 167, les participants aux présentes assises sont pour la plupart, des acteurs de la vaccination, des agents de santé (médecins, sages femmes, infirmiers et infirmières, aides soignants) venant de tous les niveaux de la pyramide sanitaire, des relais locaux, des autorités politiques et administratifs, des leaders religieux, des élus locaux, des bénéficiaires de la vaccination, des membres des réseaux d’ONG de santé, des membres des Organisations de la Société Civile (OSC) etc.
Depuis quelques années, les experts ont établi que le Programme Elargi de Vaccination (PEV) a atteint une phase de stagnation et même de régression. Une analyse approfondie de la situation a montré un relâchement dans la réalisation des activités du PEV de routine et une baisse de la performance des Agents Villageois de Santé (AVS) et autres relais communautaires.
Les experts ont également remarqué un relâchement de la surveillance des maladies par certains agents de santé d’où une résurgence de la rougeole avec de nombreux foyers d’épidémies.
Face à ce tableau peu luisant, il est devenu impérieux de procéder à une analyse approfondie du système vaccinal pour identifier les principaux déterminants à trois ans de l’échéance des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
En effet, le Bénin a adhéré aux OMD en ses objectifs 4, 5 et 6 relatifs à l’amélioration de l’Etat de santé de l’Enfant et de la Mère.Dans le cadre du Programme Elargi de Vaccination (PEV) instauré au Bénin depuis 1982, le pays a souscrit à plusieurs initiatives en faveur de l’éradication, de l’élimination et du contrôle des maladies évitables par la vaccination.
Il s’agit: l’Initiative en vue de l’Eradication de la poliomyélite, l’élimination du tétanos maternel et néonatal et le contrôle de la rougeole et de la fièvre jaune.
Tous les experts s’accordent à affirmer que le Bénin a fait d’importants efforts dans le domaine global de la vaccination et engrangé de remarquables résultats.
A titre d’exemple, ils notent que le pays a réduit les cas de maladies et de décès liés à la rougeole d’environ 90% au point que les cas de rougeole sont devenus parfois difficiles à trouver dans certaines parties du pays, là où les performances ont été maintenues depuis de longues années. Le pays a été certifié pour avoir éliminé le tétanos maternel et néonatal. En effet, depuis plusieurs années, le Bénin n’a pas notifié de cas de fièvre jaune. Le dernier cas de poliovirus sauvage remonte au mois d’avril 2009.
Il est indéniable que tous ces efforts méritent d’être loués et encouragés et les partenaires de la vaccination ont déployé les moyens techniques et financiers nécessaires pour accompagner le Bénin dans cette voie.
Tel est le cas de l’OMS et de l’UNICEF en particulier parmi les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) du secteur de la Santé.
Après les Etats Généraux de la Santé, ceux de la Vaccination
L’objectif général des présentes assises est de contribuer à l’amélioration des performances du PEV en procédant à une analyse approfondie du Système vaccinal. Il s’agit en fait, d’identifier les principaux déterminants de cette faiblesse à trois ans de l’échéance des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD).
Il ressort des évaluations réalisées, des visites de terrain et des rapports divers effectués par plusieurs missions que le Programme Elargi de Vaccination (PEV) accuse de plus en plus, de faiblesses. Selon les experts, il y a une nette stagnation des performances, voire une régression de la vaccination de routine dans certaines communes.
Au cours de la conférence de presse conjointe que le Ministre de la Santé et le Représentant Résident de l’OMS au Bénin ont donnée au cours de la Semaine Africaine de Vaccination (SAV),il a été clairement relevé les insuffisances de la vaccination de routine. Il est aussi certain que le personnel de santé des Zones sanitaires, des communes et des centres de santé accorde de moins en moins d’importance à la vaccination.
Les agents de santé abandonnent la vaccination aux seules mains des Aides Soignants dont certains non pas le niveau technique requis pour s’occuper de cette importante composante des Soins de Santé Primaires.
Cette utilisation du personnel non qualifié est en partie, à la base des difficultés que nous enregistrons dans la qualité des actes vaccinaux et des données de vaccination.
Les équipes cadres des zones sanitaires qui pour la plupart, ont reçu la formation requise soit à travers le cours EPIVAC de vaccinologie et épidémiologie, et celui de gestion du PEV du niveau moyen (MLM), développent peu ou prou, les réflexes essentiels des gestionnaires des services de vaccination lors des flambées sporadiques de rougeole.
Il s’agit de celles auxquelles nous avons été habitués ces dernières années. Dans le même ordre d’idées, les investigations ne se font plus de façon systématique et si elles se font, c’est de manière tardive, alors que nous savons parfaitement, le danger que représente ces maladies.
Les Etats Généraux de la Vaccination ont reconnu les contraintes et les difficultés auxquelles sont confrontés le système de santé et les services de vaccination. Ils ont posé un diagnostic clair: dynamiser et relancer la vaccination de routine pour sauver la vie de milliers d’enfants. Les acteurs de la vaccination ont compris que l’on peut faire mieux avec les moyens disponibles, quitte à faire encore plus avec des moyens additionnels bien planifiés et gérés.
Les acteurs et les représentants du système de vaccination des niveaux communautaire et national avec les autorités locales, et les leaders religieux ont réfléchi aux maux qui minent le système de vaccination au Bénin et cherché les voies et moyens pour insuffler une nouvelle dynamique à celui-ci. Plus qu’un arbre à palabre africain, ces Etats généraux de la vaccination ont été un outil, une thérapeutique, fédérateurs qui ont permis d'unir les points de vue des uns et des autres qui semblaient contradictoires au départ mais qui se sont harmonisés par la suite, pour enfin déboucher sur des actions communes et concertées de renforcement du système de vaccination.
Une série de recommandations pertinentes et réalistes
Au total, les participants ont fait l’état des lieux de la vaccination au Bénin, recensé les nouveaux défis de la vaccination, identifié les déterminants de la faible performance, proposé les solutions idoines pour améliorer les performances de la vaccination. Ils ont élaboré et approuvé un plan d’action de relance de la vaccination en accord avec toutes les parties prenantes.
Enfin, les participants ont formulé les recommandations suivantes:
1. Mettre en place, un comité de suivi pour la mise en oeuvre des recommandations (Ministère de la Santé);
2. Institutionnaliser un cadre de partenariat contractuel entre les mairies le système de santé et la communauté (Direction Départementale de la Santé (DDS) et Zone Sanitaire (ZS);
3. Faire des résultats du forum, une communication en Conseil des Ministres (Ministère de la Santé);
4. Organiser périodiquement, des séances de sensibilisation à l’endroit de la population sur l’utilité de la vaccination pour renforcer le
partenariat entre le système de santé et les acteurs à la base (Ministère de la Communication et Zone Sanitaire)
5. Faire un plaidoyer en vue de l’ouverture et de la dotation d’une ligne budgétaire par les conseils communaux en faveur de la santé (Ministère de la Santé);
6. Développer un partenariat public privé qui renforce l’implication dusecteur privé de la santé dans les activités préventives et promotionnelles sur la base de la préservation de l’intérêt de chaque partie (MS-DDS-MCZS);
7. Faire preuve de reconnaissance de la contribution des aides soignants et d’équité dans la répartition des primes de résultats et envisager le renforcement de leurs capacités (MSDDS-MCZS);
9. Evaluer la capacité contributive des sources potentielles de financement local et national de la vaccination (MSDDS-MCZS);
10. Appliquer la déclaration d’Abuja qui recommande l’affectation de 15% du budget général de l’Etat au secteur de la santé (Ministère de l’Economie et des Finance/MEF/Ministère de la Santé);
11. Solliciter l’appui des PTFs soutenant l’ANV-SSP pour la formation des aides soignants intervenant dans la vaccination (MS);
12. Renforcer les ressources humaines qualifiées suivant les besoins du terrain en formation et recrutement (MS-MTFP);
13. Revitaliser le Centre Régional pour le Développement Sanitaire (CREDESA) pour qu’il puisse continuer à jouer avec efficacité son rôle de recherche opérationnelle sur les SSP avec accent sur les interventions ayant un impact élevé sur la réduction de la mortalité infanto-juvénile (MS);
14. Accélérer d’une part, la mise à l’échelle nationale du Paquet d’Interventions à Haut Impact sur la morbidité et la mortalité infanto-juvénile et d’autre part, le renforcement de la mise en oeuvre du monitorage et de la supervision formative conformément aux outils et méthodologie révisés (MS).
Ce forum a été organisé par le Ministère de la Santé à travers l’Agence Nationale de la Vaccination et des Soins de Santé Primaires avec
l’appui technique et financier des Partenaires Techniques et Financiers (PTF) du secteur de la santé en charge de la vaccination au Bénin.
L’Organisation Ouest Africaine de Santé (OOAS) a joué un rôle catalyseur dans l’organisation du présent forum et a dépêché l’un de ses hauts cadres à Cotonou pour y participer.
La méthode utilisée au cours des assises est basée sur la présentation d’exposés introductifs suivis de débats et d’échanges et de travaux de groupe avec discussion des résultats en plénière et synthèse. Un présidium de cinq membres a été mis en place et a conduit les travaux. Il est composé de:
Président: Professeur Sikiratou ADEOTHY KOUMAKPAI, Professeur de Pédiatrie à la Faculté de Médecine de Cotonou;
Vice Président: Monsieur Séro Yérima ABOUBAKARI, Maire de la commune de Sinendé;
Rapporteur Général: Docteur Pius GOUNANDON, Médecin Coordonnateur de la Zone Sanitaire Ouidah-Kpomassè-Tori Bossito;
1er Rapporteur: Docteur Achille BATONON, Médecin Coordonnateur de la zone sanitaire Malanville Karimama;
2ème Rapporteur: Docteur Serge TOUDONOU, Médecin chef du Centre de Santé de Zakpota.
Le Bénin organise les premiers Etats Généraux de la Vaccination
Pour plus d'informations, veuillez communiquer avec :
François AGOSSOU, Conseiller chargé de la Promotion de la Santé ( agossouf [at] bj.afro.who.int (agossouf[at]bj[dot]afro[dot]who[dot]int)),
Dr José BIEY NSIARI MUZEYI, Conseiller chargé du Programme Elargi de Vaccination (PEV) ( bieyj [at] bj.afro.who.int (bieyj[at]bj[dot]afro[dot]who[dot]int));
Dr Léon KOHOSSI, Conseiller DPC chargé de la lutte contre la maladie au Bureau de l’OMS au Bénin (kohossil [at] bj.afro.who.int (kohossil[at]bj[dot]afro[dot]who[dot]int) ou au
Centre de documentation ( ahouangbol [at] bj.afro.who.int (ahouangbol[at]bj[dot]afro[dot]who[dot]int))Téléphone : (229) 30.19.07. Télécopie : (229) 30.42.08. Adresse : B.P. 918, Cotonou, Bénin.