Le personnel de santé nigérian reçoit les premiers vaccins anti-COVID-19
Abuja, 15 mars 2021 – Après que Yunusa Thairu est devenu l’un des premiers bénéficiaires du vaccin contre la COVID-19, sa mère a reçu un SMS l’informant que son fils a été vacciné et que quelque chose lui était arrivé.
« Elle était super inquiète et m’a appelé », se souvient le médecin. « J’ai dû conduire jusqu’à chez elle pour la voir et lui assurer que j’allais bien, qu’il n’y avait pas de problème avec la prise du vaccin. En me voyant en bonne santé, elle a accepté d’être vaccinée lorsque le vaccin sera disponible. »
Son fils, consultant médical au Centre d’isolement des Nations Unies au Nigeria à Durumi, un quartier d’Abuja, et au sein de l’hôpital universitaire Gwagwalada d’Abuja, fait partie du million de travailleurs de la santé ciblés par la première phase du plan national de vaccination anti-COVID-19 du gouvernement du Nigeria, lancé ce mois-ci.
« Ce genre de choses me rendent joyeux, prendre l’initiative et les autres qui suivent », dit Dr Thairu. « Cette pandémie a eu un impact sur ma vie professionnelle de tellement de manières. Je vois cela comme un appel aux braves à se lever et à se faire connaître. »
Comme Dr Thairu, beaucoup de Nigérians sont désireux de bénéficier du vaccin.
« Je suis très enthousiaste à propos de ce vaccin », dit Patience Peter. « Enfin, nous pouvons être à l’aise. Quand tout le monde l’aura pris, nous n’aurons plus à nous inquiéter d’être infectés ou de perdre un proche. Mes amis ont perdu leurs parents et des êtres aimés, mais je n’ai pas été affecté directement. C’est très triste de voir des gens perdre la vie pour quelque chose qui peut être évité. J’ai vraiment hâte d’être vacciné. »
En plus du personnel de santé en première ligne, la première phase de la campagne nationale de vaccination s’adresse également aux autres travailleurs de la santé, de même que les premiers intervenants au sein de l’armée, des paramilitaires et d’autres entités de sécurité, parmi lesquels les services de l’immigration.
Une fois que le personnel de la santé sera vacciné, la seconde phase du déploiement ciblera les adultes de plus de 50 ans (avec ou sans maladie sous-jacente), mais commencera avec les personnes de plus de 60 ans. La phase 3 inclura toutes les personnes âgées de 18 à 49 ans, avec des maladies sous-jacentes (telles que l’hypertension, le diabète, une maladie des poumons, un cancer et des problèmes cardiaques). Et la quatrième phase sera consacrée à toutes les personnes de cette classe d’âge sans maladie sous-jacente.
« Beaucoup du travail consistant à susciter la demande et à sensibiliser les acteurs essentiels a été consacré à la préparation au déploiement du vaccin », insiste Dr Faisal Shuaib, directeur exécutif de l’Agence nationale des soins primaires de santé. Son agence et les agences partenaires, parmi lesquelles l’Organisation mondiale de la Santé, ont déployé un système d’auto-inscription électronique et d’inscription foyer par foyer à la campagne de vaccination, partout dans les 36 États et le Territoire fédéral de la capitale.
Dr Shuaib souligne également les « assurances et certifications subséquentes de l’Agence nationale pour le contrôle et l’administration de l’alimentation et des médicaments » que le vaccin AstraZeneca, avec lequel la campagne nationale commence, « peut être utilisé en toute sécurité ».
Bien qu’il connaisse tous les types de vaccins anti-COVID-19 candidats présents sur le marché, Dr Shuaib affirme que le ministère fédéral de la Santé et ses agences, l’Agence nationale des soins primaires de santé et l’Agence nationale pour le contrôle et l’administration de l’alimentation et des médicaments, s’assureront que seuls les vaccins anti-COVID-19 approuvés par l’OMS seront introduits dans le pays. « C’est pourquoi nous donnons la priorité au nombre de vaccins qui seront déployés – au maximum deux ou trois, selon leur disponibilité. »
Il est prévu que le Nigeria reçoive 84 millions de doses des vaccins contre la COVAX à travers le Mécanisme COVAX, mené conjointement par Gavi l’Alliance du vaccin, l’OMS et la Coalition pour les innovations en matière de préparation aux épidémies, qui travaillent en partenariat avec l’UNICEF, la Banque mondiale, des organisations de la société civile, des fabricants et d’autres. Le COVAX fait partie du dispositif pour accélérer l'accès aux outils de lutte contre la COVID-19 (Accélérateur ACT), une collaboration mondiale révolutionnaire pour accélérer le développement, la production et l’accès équitable aux tests, aux traitements et aux vaccins anti-COVID-19.
Par ailleurs, le Nigeria recevra 41,3 millions de doses de vaccins à travers la Banque Africaine d’Expert-Import et l’Union africaine, début avril.
« Nous n’écartons pas une certaine hésitation du public vis-à-vis des vaccins, mais nous mettons en place des mesures pour éduquer et sensibiliser les citoyens au fait que le vaccin contre la COVID-19 est sûr et efficace », assure Dr Shuaib.
Dr Thairu affirme que des messages sur la sécurité des vaccins sont nécessaires pour aider à lutter contre cette hésitation. « La désinformation dans les médias est alarmante », dit-il. « Beaucoup de messages sur la façon d’utiliser des méthodes non pharmaceutiques pour éviter et traiter la COVID-19 ne cessent de circuler. Je crois qu’il est temps pour nous d’utiliser les réseaux sociaux et autres pour sensibiliser à ce vaccin et éclairer les gens sur son importance pour maîtriser la maladie. »
Godwin Okpara, par exemple, n’est pas certain d’accepter le vaccin. Il admet que les théories du complot le rendent nerveux et il s’interroge sur la façon dont le vaccin l’affectera à l’avenir. « J’ai perdu deux proches dans cette pandémie et je ne veux perdre personne d’autre », admet-il. Mais il ne sait pas qui croire. « Moi et ma famille réfléchissons à le prendre ou pas s’il devient disponible pour tout le monde. »
La stratégie du gouvernement pour calmer les peurs et créer des files d’attente pour la vaccination anti-coronavirus prévoit de mettre en avant des bénéficiaires notoires, comme le président et le vice-président du pays (déjà vaccinés), des gouverneurs d’État et leur adjoints, le président de chaque chambre du parlement, des juges et des leaders religieux.
« Nous continuerons à utiliser tous les canaux à notre disposition et les médias pour éclairer le public et fournir des clarifications quand cela est nécessaire », dit Dr Shuaib.
« Ce vaccin fait du bien au moral », s’enthousiaste Dr Thairu. « Il va stimuler notre confiance en tant que personnel de la santé et notre capacité à accepter plus de patients ainsi qu’à éradiquer la COVID-19. Cela va s’amplifier puisque davantage de gens ont désormais envie de prendre part à la riposte. »