Omicron se propage, mais le nombre de cas graves reste peu élevé en Afrique du Sud

Omicron se propage, mais le nombre de cas graves reste peu élevé en Afrique du Sud

Brazzaville – Le variant Omicron touche de plus en plus de pays en Afrique et le nombre hebdomadaire de cas de COVID-19 augmenté de 93 % sur le continent. Cependant, il y a des signes d’espoir car les données préliminaires indiquent que le nombre d’hospitalisations reste faible en Afrique du Sud.

L’Afrique a enregistré plus de 107 000 cas d’infection par la COVID-19 au cours de la semaine qui s’est achevée le 6 décembre, contre environ 55 000 cas la semaine précédente. Cinq pays ont totalisé 86 % des cas notifiés au cours de la semaine écoulée et toutes les sous-régions du continent – en progression par rapport à une seule sous-région la semaine précédente – ont signalé une hausse du nombre de nouveaux cas. Avec un accroissement de 140 % du nombre de cas, l’Afrique australe affiche la plus forte augmentation, alimentée principalement par la progression de l’incidence de la pandémie en Afrique du Sud.

Les recherches s’intensifient pour déterminer si Omicron est à l’origine de la recrudescence des cas en Afrique. De nouvelles données en provenance d’Afrique du Sud indiquent qu’Omicron pourrait provoquer une forme moins grave de la maladie. En effet, il ressort des données recueillies sur les hospitalisations en Afrique du Sud entre le 14 novembre et le 4 décembre que le taux d’occupation des unités de soins intensifs s’élève seulement à 6,3 %. Ceci est très faible par rapport à la période pendant laquelle l’Afrique du Sud était confrontée à un pic du variant Delta en juillet dernier.

Les données sur la même période de deux semaines provenant de l’un des districts sanitaires les plus touchés par Omicron ont révélé que sur plus de 1200 hospitalisations, 98 patients recevaient une supplémentation en oxygène et quatre patients seulement étaient sous ventilation. Il s’agit là de données très préliminaires collectées sur un échantillon de petite taille, et la plupart des personnes admises dans les établissements de santé étaient âgées de moins de 40 ans. À mesure que le profil clinique des patients évolue, il est possible que l’impact d’Omicron puisse aussi varier.

L’Afrique concentre actuellement 46 % des près de 1000 cas d’infection par Omicron notifiés par 57 pays dans différentes régions du monde. Jusqu’à présent, 10 pays africains ont notifié des cas de ce variant. Malgré la présence généralisée d’Omicron dans le monde, plus de 70 pays ont imposé des interdictions de voyager qui visent principalement les pays d’Afrique australe – dont certains n’ont même pas encore signalé un seul cas d’Omicron.

« Avec la présence d’Omicron dans près de 60 pays du monde, les interdictions de voyager qui ciblent principalement les pays africains sont difficiles à justifier », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l’Afrique. « Grâce aux efforts de surveillance diligents des scientifiques africains, le nouveau variant préoccupant a été détecté pour la première fois sur ce continent, mais il n’est pas établi avec certitude que la transmission n’avait pas lieu dans d’autres régions du monde sans que cela soit détecté. Nous appelons donc à des mesures de santé publique s’appuyant sur des bases scientifiques pour lutter contre la propagation de la COVID-19. Les restrictions de voyages interviennent au plus fort de la saison touristique de fin d’année, ravageant les économies africaines, avec des effets d’entraînement potentiellement dévastateurs pour la santé des Africains. »

En vue d’intensifier la riposte au variant Omicron et à la hausse du nombre de cas, l’OMS apporte son appui aux pays pour qu’ils améliorent la surveillance génomique afin de suivre le virus et de détecter d’autres variants préoccupants potentiels. En Afrique du Sud, un laboratoire régional de séquençage génomique fournit un appui à 14 pays d’Afrique australe et a considérablement accru les activités de séquençage. Au premier semestre 2021, les pays d’Afrique australe n’avaient séquencé que 5500 échantillons. Ils en séquencent désormais autant chaque mois.

Jusqu’à présent, l’Afrique a reçu plus de 372 millions de doses de vaccins anti-COVID-19 et en a administré 248 millions. Cela ne représente que 3 % des 8,2 milliards de doses de vaccins anti-COVID-19 administrées dans le monde. Bien que le rythme de vaccination se soit accéléré au cours des derniers mois, seulement 7,8 % de la population africaine est entièrement vaccinée.

« Ce que nous savons, c’est que la distribution inégale des vaccins anti-COVID-19 dans le monde crée un environnement idéal pour l’émergence et la propagation fulgurante des variants de la COVID-19, et les régions ayant le moins accès aux vaccins semblent les plus susceptibles de pâtir de cette situation », a fait observer la Dre Moeti. « Avec les voyages et les festivités de fin d’année qui arrivent, la faible vaccination, la hausse des cas de COVID-19 et la présence du nouveau variant constituent un sombre tableau pour notre Région. »

Bon nombre de pays africains n’ont pas encore administré la majeure partie de leurs stocks de vaccins. Seuls 10 pays, contre 12 pays la semaine précédente, disposent de moins de 10 doses de vaccin pour 100 personnes. Si l’on considère les vaccins reçus il y a huit semaines ou plus, 27 pays ont utilisé au moins 80 % des doses reçues. Vingt-trois pays ont utilisé entre 50 % et 79 % des doses reçues et deux pays ont utilisé moins de 50 % des doses reçues.

« Seuls six des 54 pays d’Afrique ont atteint la cible mondiale consistant à vacciner 40 % de leur population d’ici la fin de l’année, ce qui signifie que des millions de personnes restent sans protection contre la COVID-19 dans notre Région. Cette situation est tout simplement dangereuse et insoutenable », a souligné le Dr Richard Mihigo, coordonnateur du programme Vaccination et mise au point des vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique.

L’OMS a tenu aujourd’hui une conférence de presse virtuelle animée par APO Group. Cette conférence était dirigée par le Dr Mihigo. Il était accompagné du Dr Christian Happi, professeur de biologie moléculaire et de génomique et Directeur du Centre d’excellence africain pour la génomique des maladies infectieuses à la Redeemer’s University au Nigéria.

Étaient également présents pour répondre aux questions les experts du Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique : la Dre Nicksy Gumede-Moeletsi, virologue, et le Dr Thierno Baldé, Responsable des opérations de riposte à la COVID-19.

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