Partager l’espoir après avoir vaincu le cancer

Partager l’espoir après avoir vaincu le cancer

Brazzaville - Ayant surmonté la dure épreuve du cancer, Christelle, une mère de famille de 56 ans, a fait de la sensibilisation à ce fléau sa lutte de tous les jours. Elle a fait du dépistage précoce son combat pour sauver des vies en apportant son soutien à celles qui souffrent de ce mal qu’elle ne connaît que trop bien.

Toute jeune, il ne m’était jamais arrivé de penser que je tomberais un jour malade, et surtout pas d’une grave maladie. J’ai conservé cette idée jusqu’à l’âge adulte. Je voyais les personnes tomber malades, mais pour moi c’était toujours quelque peu inimaginable. Aussi, lorsque ma mère a été diagnostiquée avec le cancer du col de l’utérus lors d’un contrôle de routine, la nouvelle m’a fait l’effet d’une bombe. C’était en 2004. Nous n’avions jamais entendu parler de la maladie.

Des épreuves, les unes après les autres

Trois ans plus tard, j’ai senti une boule grandir dans mon sein et je me suis rendue à l’hôpital pour en avoir le cœur net. Des procédures ont été engagées pour extraire la boule. Après analyse, il s’est avéré que j’étais atteinte d’un cancer du sein. J’étais terrifiée car depuis l’annonce de la maladie de ma mère, nous avions entendu dire beaucoup de choses qui allaient toutes dans le même sens : « lorsque tu as le cancer, c’est le moment de préparer ton départ ; la maladie finira par te vaincre ». Nous étions très déprimés par cela et j’étais presque sans espoir. Je pleurais sans cesse.

En 2009, des lésions précancéreuses ont été détectées au niveau de la muqueuse de mon col utérin. Ce fut une autre expérience extrêmement difficile. Voir mon corps changer et devoir prendre des décisions drastiques qui allaient m’altérer à vie a été particulièrement éprouvant. Mais en voyant mes enfants tous en bas âge, je me suis vite décidée, sans regarder en arrière. Je me parlais à moi-même : « Si tu te laisses mourir, devront-ils vivre sans toi ? Pense à leur avenir et bats-toi ! »

En 2011, ma mère a finalement perdu sa bataille contre le cancer. Lorsqu’elle est décédée, j’ai senti en moi le besoin de me tourner vers les autres pour leur parler du cancer. Ma mère a été diagnostiquée à un stade très avancé du cancer, alors que nous n’avions jamais entendu parler de la maladie. Je voulais que les autres aient une expérience différente.

Le dépistage précoce au cœur de la sensibilisation

Je me suis associée à d’autres survivantes du cancer, et en 2013 nous avons créé la SOCAP, l’association Solidarité contre le Cancer et Promotion de la Santé. Nous sommes 20 membres actives, et nous nous réunissons tous les mois. Notre principale activité est la sensibilisation, surtout pour convaincre nos sœurs de se faire dépister à temps. Avec le cancer, plus tôt on se fait dépister et traiter, plus on a des chances de s’en sortir.

Depuis que nous nous sommes engagées dans cette lutte, nous avons été sidérées de constater que la très grande majorité des personnes atteintes de cancer du sein et du col de l’utérus, se présentent tard à l’hôpital. C’est une tendance très inquiétante qui a été confirmée par les médecins. Cela est dû à l’ignorance de la maladie et – fait troublant – au recours aux pseudo-praticiens qui font croire aux malades que des décoctions peuvent les sauver. En réalité, cela ne fait que donner du temps au cancer de se propager en les détruisant un peu plus chaque jour. Elles finissent alors par se rendre à l’hôpital en phase terminale, avec peu de chances de survie. C’est pourquoi lors de nos campagnes de sensibilisation, nous rappelons toujours qu’il faut aller tôt, sans passer par ces charlatans.

Nous organisons donc des activités de sensibilisation, dans la mesure du possible, avec nos moyens limités. Parfois nous nous rendons dans les églises, dans les endroits où il y a des rassemblements de femmes, etc. Avec la COVID-19 dans le pays, nous avons adapté nos activités pour nous assurer du respect des gestes barrières à tout moment.

Nous mettons aussi l’accent sur les messages de prévention. C’est le cas par exemple lorsque nous nous rendons dans les écoles pour nous adresser aux plus jeunes car comme dit l’adage, « il vaut mieux prévenir que guérir ! »

S’unir pour mieux soutenir les autres

Avec toutes les difficultés que j’ai vécues, j’ai compris que le meilleur que j’avais à faire c’était de soutenir mes sœurs, car je sais à quel point elles souffrent.

Dans mon cas, la présence de ma famille a été déterminante pour moi. Mon mari particulièrement a toujours été à mes côtés ; il m’a encouragée à poursuivre le traitement et m’a soutenue financièrement et moralement pour le faire. Mais ce n’est pas le cas pour tout le monde.

Le plus grand besoin pour ces dames se situe tout d’abord à l’annonce du diagnostic : lorsqu’on entend cette nouvelle, si on n’a pas de réconfort, c’est comme si le ciel nous tombe sur la tête.

A travers nos groupes de parole et lors de causeries, nous apportons aussi un appui affectif aux personnes touchées par le cancer et nous les encourageons à être fortes. A travers nos propres expériences, nous essayons de leur redonner le moral en leur racontant notre vécu. La présence des proches est déterminante pour les personnes atteintes de cancer. Tout le processus est tellement éprouvant que sans soutien solide, on ne s’en sort pas.

L’espoir au bout du tunnel

Ma vie associative me prend tout mon temps à présent. Les besoins sont énormes et les moyens limités, mais nous nous battons du mieux que nous pouvons. Nous faisons un plaidoyer particulier pour la prise en charge, et particulièrement pour l’installation d’un appareil de radiothérapie au pays car ce traitement est hors de prix s’il faut se rendre à l’étranger, et beaucoup de nos sœurs n’en n’ont pas les moyens.

J’ai soutenu plusieurs femmes malades depuis le départ, avec 15 qui m’ont particulièrement marquée. Une des satisfactions qui me donne le courage de continuer malgré les difficultés, c’est l’amélioration notable dans leur état. Le fait de voir une personne qui était au départ démoralisée et sans espoir reprendre goût à la vie, et savoir que j’ai contribué à cela, cela n’a pas de prix pour moi.

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Boniface BIBOUSSI

Communication et Promotion de la santé
Email : biboussib [at] who.int (biboussib[at]who[dot]int)

Kadijah Diallo

Chargée de communication
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique 
Email: dialloka [at] who.int (dialloka[at]who[dot]int)