Pour le déploiement des vaccins contre la COVID-19, Eswatini se donne à 110 %
« Je ne pensais pas que je pouvais contracter la COVID ici dans mon village », admet Linda Simelane, dans sa maison à Sibebe, dans la campagne d’Eswatini.
« Je vis seule, loin des gens, mais j’ai commencé à développer des symptômes de la grippe. »
Au plus fort de la première vague d’infections en Afrique, à la mi-2020, le fils de Linda Simelane l’a emmenée faire un test de dépistage de la COVID-19. Alors qu’elle attendait les résultats chez elle, son état s’est rapidement détérioré.
« Quand je me suis réveillée, je ne pouvais simplement plus respirer. Je ne pouvais pas marcher et j’avais des maux de tête. J’ai réussi à appeler mon fils qui est venu rapidement et m’a emmenée à l’hôpital. »
« Après une radiographie, l’agent de santé m’a dit que mes poumons étaient fichus. Ils m’ont alors admise directement en soins intensifs et j’ai été placée sous oxygène et sous perfusion. »
Eswatini partage sa frontière avec l’Afrique du Sud, qui compte près de la moitié des cas de COVID-19 en Afrique.
Fin mai 2021, le pays de 1,2 million d’habitants comptait plus de 18 500 cas et plus de 670 décès.
Linda Simelane fait donc partie des personnes chanceuses. Elle a survécu, est rentrée chez elle après quelques jours pour s’isoler et a maintenant reçu sa première dose du vaccin Oxford-AstraZeneca contre la COVID-19.
Dissiper les doutes
Eswatini a reçu son premier lot de 32 000 vaccins Oxford-AstraZeneca en fin mars. 12 000 doses ont été fournies grâce au Mécanisme COVAX et 20 000 étaient un don du gouvernement indien.
« J’ai entendu parler du vaccin pour la première fois à la radio », raconte Mme Simelane ». Au début, je n’étais pas sûre de le prendre, car ils disaient que le vaccin AstraZeneca avait été rejeté en Afrique du Sud. »
« Mais je l’ai fait maintenant, et je conseille aux gens de le prendre parce que c’est une maladie sérieuse. »
Mme Simelane n’était pas la seule à se méfier du vaccin, au début.
« Des informations erronées sur la sécurité ont circulé et j’ai raté l’occasion parce que je n’étais pas prêt, mais j’ai finalement pris le vaccin », confie l’agent de santé Vuyisile Lukhele.
« Je n’ai eu aucun effet secondaire et j’encourage les autres à se faire vacciner ».
Pour lutter contre la désinformation et veiller à ce que les gens se fassent vacciner, Eswatini a mis en place une commission chargée de lutter contre les mythes et la désinformation, placée sous la tutelle du ministère de la Santé.
« Le plus grand succès a été la demande et l’acceptation du vaccin par le public », explique Lizzie Nkosi, Ministre de la santé d’Eswatini.
« Nous avons commencé à surveiller la désinformation et à mobiliser le public dès le début de la riposte à la COVID-19, et nous avons renforcé la confiance grâce à un engagement constant, à travers des conférences de presse et des messages radiodiffusés, notamment sur le vaccin AstraZeneca », dit-elle. « Au moment où les vaccins sont arrivés, les gens voulaient être protégés contre les formes sévères de la maladie et la mort. »
Le Dr Lonkululeko Khumalo, un des responsables épidémiologiques à l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) à Eswatini, explique qu’une bonne coordination entre les partenaires gouvernementaux et non gouvernementaux était essentielle pour renforcer la confiance et accroître la demande de vaccins. « Nous avons élaboré un plan pour une approche multimédia et travaillé pour renforcer les capacités du personnel de santé, car les gens leur font confiance et ils se déplacent et parlent des avantages du vaccin », dit-il.
« Nous avons vu une forte demande juste après que notre vice- Premier ministre a pris le vaccin, mais nous n’avons pas pu la satisfaire, car nous n’avons reçu que 32 000 doses lors de la première phase. »
Se donner à 110 %
L’analyse effectuée par l’OMS montre qu’Eswatini a administré plus de vaccins par habitant que n’importe quel autre pays africain au cours de la première phase de déploiement de vaccins contre la COVID-19.
« Eswatini a administré près de 110 % des doses reçues en utilisant chaque goutte de chaque flacon », explique la Dre Phionah Atuhebwe, responsable de l’introduction des nouveaux vaccins au Bureau régional de l’OMS pour l'Afrique. « Chaque flacon contient un peu plus que le liquide nécessaire pour chaque dose afin de pallier tout déversement ou accident, mais Eswatini a tiré le meilleur parti de ce qu’il avait avec ces quelques doses précieuses ».
Par ailleurs, dans le cadre du déploiement du vaccin, le pays a mis en place une académie de formation de vaccinateurs. « L’académie nous a permis d’élaborer un programme standard pour tous les vaccinateurs et de veiller à ce que tout le monde suive de près la même procédure », explique la Ministre de la santé Lizzie Nkosi.
Comme dans de nombreux pays africains, la baisse de l’offre met Eswatini sous pression. Toutefois, pour saluer la confiance dans le processus de déploiement de vaccins du pays, le Mécanisme COVAX a récemment livré 14 400 autres doses de vaccins.
« Nous pensons que la première phase était un succès », déclare le Dr Khumalo de l’OMS. « Le plan de déploiement de vaccins contre la COVID-19 était exhaustif et couvrait tous les piliers du déploiement. »
« La volonté politique est nécessaire depuis le sommet pour un déploiement réussi du vaccin », indique la Ministre de la santé Lizzie Nkosi. « L’action de l’ensemble du gouvernement est nécessaire pour y arriver, et je ne le dirai jamais assez : préparation, préparation et préparation. »
De retour chez elle, Linda Simelane recevra bientôt sa deuxième dose du nouveau lot de vaccins que le gouvernement a reçu. « Je conseillerais aux gens de se faire vacciner. Je leur dirais d’aller et de le prendre parce que c’est une maladie sérieuse. »
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