Un don important d'antibiotiques rapproche les pays africains de la victoire sur le pian

Un don important d'antibiotiques rapproche les pays africains de la victoire sur le pian

Bangui/Brazzaville/Yaoundé – Un important don d'azithromycine, un antibiotique, a été livré au Cameroun, à la République Centrafricaine et à la République du Congo pour contribuer aux efforts en cours visant à éliminer le pian dans ces trois pays qui font partie des neuf pays d'Afrique où cette maladie infectieuse infantile, qui défigure et provoque des invalidités, reste endémique.

La société pharmaceutique brésilienne EMS met à la disposition de ces trois pays du bassin du Congo 6 millions de comprimés de cet antibiotique oral. La République centrafricaine et le Congo ont déjà reçu leurs lots d'antibiotiques. Le Cameroun devrait recevoir le sien dans les semaines à venir. Environ 1,4 million de personnes exposées au risque du pian dans les trois pays recevront les médicaments au cours de la première phase d'une campagne d'administration à grande échelle. D'autres tours sont prévus pour atteindre l'ensemble des 7,4 millions de personnes à risque dans les trois pays. Une seule dose d'azithromycine peut complètement guérir du pian.

« Bien que le pian soit invalidant, notamment chez les enfants, il est possible d’en guérir grâce à des antibiotiques peu coûteux et efficaces qui peuvent accélérer l’éradication de la maladie », a déclaré la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l'Afrique. « Ce don important donne un nouvel élan aux efforts visant à mettre fin au pian dans notre Région. Grâce à la générosité des donateurs, les futures générations des pays du bassin du Congo pourront vivre sans souffrir des séquelles causées par cette maladie qui peut être traitée facilement. » 

En partenariat avec l’OMS, EMS fait don de 153 millions de comprimés à la campagne mondiale d'éradication du pian. L'accord initial porte sur la période 2017-2022, mais des efforts sont en cours pour le prolonger.

« Chez EMS, nous sommes fiers de participer à cette campagne mondiale contre le pian. Nous sommes heureux que notre collaboration avec l'OMS soutienne l'élan mondial visant à atteindre la couverture sanitaire universelle, ainsi que la feuille de route 2030 pour éliminer les maladies tropicales négligées », a déclaré Carlos Sanchez, Président du groupe EMS.

Le projet dans ces trois pays du bassin du Congo est financé par la Banque allemande de développement (KfW), par le biais de l'Organisation de coordination de la lutte contre les épidémies en Afrique centrale (OCEAC). Sa mise en œuvre est supervisée par FAIRMED, une organisation non gouvernementale basée en Suisse.

Le projet combine également les activités d'éradication du pian avec une surveillance intégrée de la lèpre, de l'ulcère de Buruli et la riposte à d'autres maladies tropicales négligées dans les pays ciblés.

Pour aider à la mise en œuvre et au suivi de la stratégie d'éradication du pian, l'OMS a fourni des documents d'orientation technique essentiels et des outils de collecte de données standardisés, et a facilité la fourniture d'azithromycine aux pays concernés. L'Organisation est aussi activement engagée dans des actions de sensibilisation, de partenariat et de mobilisation des ressources pour soutenir les pays.

À propos du Pian

Le pian fait partie d'un groupe d'infections bactériennes communément appelées tréponématoses endémiques. La maladie a tendance à toucher les enfants vulnérables en Afrique, en Asie et dans les pays du Pacifique. Elle se transmet de personne à personne. La pauvreté, des conditions socio-économiques précaires et une mauvaise hygiène personnelle facilitent sa propagation. En l’absence de traitement, le pian peut entraîner des préjudices esthétiques chroniques et un handicap. La découverte de la pénicilline dans les années 1940 a changé la façon de traiter le pian – une seule injection permettait d’en guérir. La charge de morbidité a chuté de 95 % à la suite des campagnes mondiales d'éradication menées par l'OMS et l'UNICEF entre 1952 et 1964. Malheureusement, en raison du manque de surveillance, de la pauvreté persistante et du manque d'accès aux soins de santé, des poches de pian existent encore aujourd'hui.

Le pian et la dracunculose (maladie du ver de Guinée) sont deux maladies tropicales négligées qu’il est prévu d’éradiquer d’ici à 2030.

Il existe aujourd'hui des outils modernes qui faciliteront les efforts d'éradication.

Suivant la découverte, en 2012, qu'une seule dose d'azithromycine par voie orale est efficace contre le pian, l'OMS a publié une stratégie d'éradication basée sur l'utilisation de cet antibiotique. Une étude récente montre qu'au moins trois cycles de traitement de masse administrés à intervalles de six mois réduisent considérablement la charge du pian. Cette découverte signifie que le traitement de populations entières affectées est possible. Plus important encore, elle a permis de surmonter la lourdeur de la logistique et la nécessité des injections, qui doivent être administrées par des professionnels de la santé.

Cependant, l'azithromycine est restée hors de portée des personnes les plus vulnérables à la maladie en raison de son coût. La mise à disposition de ce médicament grâce au partenariat entre l'OMS et le EMS permettra à toutes les populations à risque d'avoir accès à un traitement efficace.

Par ailleurs, des améliorations dans le dépistage ont été enregistrées. Des tests simples et rapides sont désormais disponibles pour confirmer sur le terrain la présence du pian, mais le coût de ces tests a limité leur utilisation à grande échelle. Les laboratoires de référence des pays touchés sont renforcés pour surveiller toute émergence de résistance à l'azithromycine, à l'aide de méthodes moléculaires.

Enfin, il faut noter l'intérêt accordé aux maladies tropicales négligées, à la feuille de route 2021-2030 sur les maladies tropicales négligées et aux possibilités d'intégrer le traitement de masse et la surveillance à d'autres programmes.

Les principaux défis restent l'accès aux diagnostics rapides et le financement de la mise en œuvre.

Ampleur du pian en Afrique

Au niveau mondial, il existe 15 pays où le pian est endémique. Ces pays se trouvent en Afrique, en Asie et dans la région du Pacifique occidental. 

La maladie est endémique dans neuf des 47 pays de la Région africaine de l'OMS : le Bénin, le Cameroun, la République Centrafricaine, le Congo, la Côte d'Ivoire, la République démocratique du Congo, le Ghana, le Liberia et le Togo.

Vingt-six pays africains sont considérés comme des pays où la maladie était précédemment endémique, selon les campagnes menées dans les années 1950, tandis que 12 pays n’ont jamais connu de cas de pian.

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Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Meenakshi Dalal

Chargée de relations avec les média
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique
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Sakuya OKA

Communications Manager
WHO Regional Office for Africa
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Tel: +242 06 508 1009