Un plus grand nombre de pays africains luttent contre la commercialisation non éthique des substituts du lait maternel

Un plus grand nombre de pays africains luttent contre la commercialisation non éthique des substituts du lait maternel

Brazzaville – De plus en plus de pays africains luttent contre la commercialisation non éthique des substituts du lait maternel, en renforçant les lois qui visent à protéger la santé des mères et des enfants contre les pratiques commerciales mensongères, d’après le rapport 2022 sur le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel.

Ces deux dernières années, six pays africains ont en effet pris ou renforcé des mesures de lutte contre la commercialisation inappropriée des substituts du lait maternel. Cela porte à 34 le nombre de pays de la Région qui disposent d’un arsenal juridique pour appliquer au moins certaines dispositions du Code. Adopté par l’Assemblée mondiale de la Santé en 1981, le Code joue un rôle essentiel dans les efforts entrepris dans le monde entier pour aider les mères à prendre les meilleures décisions possibles concernant l’alimentation de leur nourrisson sur la base d’informations impartiales et sans influences commerciales, et pour qu’elles soient soutenues à cet égard. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Réseau international des groupes d’action pour l’alimentation infantile font un suivi régulier de la mise en œuvre du Code et publient chaque deux ans des rapports biennaux sur le sujet.

« Les spécialistes du marketing essaient depuis des décennies d’enlever aux mères le pouvoir de nourrir leurs bébés au sein », a indiqué la Dre Adelheid Onyango, directrice de la Couverture sanitaire universelle/Amélioration de la santé des populations au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. « Les tactiques sont devenues plus insidieuses à mesure que les canaux de communication se développent. Il est rassurant de voir qu’un nombre accru de gouvernements africains prennent la menace au sérieux et érigent des barrières contre ces pratiques commerciales mensongères. »

Trois pays de la Région africaine qui n’avaient auparavant aucune législation liée au Code – la Mauritanie, Sao Tomé-et-Principe et la Sierra Leone – ont désormais adopté de nouvelles mesures allant dans le sens des dispositions du Code. L’Éthiopie a adopté une nouvelle directive plus rigoureuse pour remplacer l’ancienne législation qui ne couvrait que quelques dispositions du Code. Un nouveau décret pris en Côte d’Ivoire et une nouvelle réglementation adoptée au Kenya ont clarifié plusieurs aspects de la législation existante afin de rendre d’autres dispositions applicables.

Selon le rapport, la pandémie de COVID-19 a créé, pour les fabricants de substituts du lait maternel, de nouvelles opportunités pour promouvoir leurs marques et leurs produits dans certains pays. Parmi les méthodes de commercialisation énumérées dans le rapport figurent la distribution gratuite de lait maternisé commercial dans les communautés en situation de confinement, la diffusion de contenus en ligne présentant le fabricant comme un expert de la protection des bébés contre la COVID-19, et la publication d’allégations selon lesquelles le lait maternisé confère une immunité contre la COVID-19.

De plus, des spécialistes du marketing ont publié des vidéos déconseillant l’allaitement au sein pour les femmes infectées par la COVID-19, agissant ainsi en contradiction des lignes directrices de l’OMS et de l’UNICEF établies à l’intention des gouvernements nationaux, et en contradiction des communications rassurant les mères sur la sécurité de l’allaitement même en cas d’infection par la COVID-19. La commercialisation de substituts du lait maternel diminue la valeur perçue de l’allaitement au sein et nuit à la confiance des femmes en leur capacité à allaiter. Elle joue sur les attentes et les angoisses liées à l’alimentation et positionne le lait maternisé comme une meilleure solution de rechange au lait maternel.

Le rapport pointe par ailleurs des lacunes importantes dans les législations nationales. Par exemple, les dispositions visant à prévenir les conflits d’intérêts font défaut. Sur les 34 pays dotés de lois contenues dans le Code, six seulement imposent des restrictions juridiques quant au parrainage de réunions de professionnels de la santé ou de groupes scientifiques par l’industrie des substituts du lait maternel. Dans l’ensemble, 12 pays seulement se sont dotés de mesures couvrant clairement tout l’éventail des substituts du lait maternel, notamment les produits laitiers dont l’utilisation est prévue pour une durée maximale de 36 mois. Seuls six pays interdisent de faire figurer des allégations sur les qualités nutritionnelles et sanitaires des substituts du lait maternel sur les étiquettes de ces produits.

La volonté politique au plus haut niveau s’avère nécessaire, selon le rapport, de même que le besoin de faire entrave au lobbying de l’industrie, d’une meilleure responsabilisation, des mécanismes de surveillance et d’application et l’éducation du grand public sur le Code. Au cours de l’Assemblée mondiale de la Santé qui s’est tenue du 22 au 28 mai 2022, les pays ont demandé à l’OMS de leur fournir des orientations sur la façon de combattre la commercialisation inappropriée des substituts du lait maternel par des canaux numériques. L’Assemblée mondiale de la Santé n’a cessé de renforcer le Code pour s’attaquer aux tactiques sans cesse changeantes que les fabricants d’aliments pour bébés adoptent pour promouvoir et commercialiser de nouveaux produits dans les médias, traditionnels comme nouveaux.

Dans la Région africaine, l’OMS apporte son appui aux initiatives des « hôpitaux amis des bébés » qui permettent d’aider les mères à commencer à allaiter leurs nouveau-nés au sein juste après l’accouchement, ce qui offre des avantages sur le plan psychologique, nutritionnel et pour l’immunité du nourrisson. Ces deux dernières années, 11 pays ont reçu des orientations sur l’institutionnalisation des initiatives pour des « hôpitaux amis des bébés ».

Le rapport appelle à accroître l’investissement dans les ressources humaines et financières afin d’accélérer les progrès vers la protection de la santé des mères et des bébés grâce à l’allaitement au sein.
 

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