Une nouvelle carte de pointage de l'OMS montre de faibles progrès dans la réponse aux hépatites virales dans la région africaine

Une nouvelle carte de pointage de l'OMS montre de faibles progrès dans la réponse aux hépatites virales dans la région africaine

Brazzaville, République du Congo, le 14 juin 2019 – Seulement 3 des 47 pays qui constituent la région Afrique de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) sont en voie d'éliminer l’hépatite virale, selon un nouveau classement qui se veut être la première analyse de la prévalence de l'hépatite et de la réponse à cette maladie qui touche une personne sur 15 dans la région. En fait, mourir d'une hépatite virale en Afrique devient une plus grande menace que mourir du sida, du paludisme ou de la tuberculose.

« Cette analyse est la première à étudier chaque pays de la région africaine et à évaluer les progrès vers l'objectif de sauver la vie de plus de 2 millions d'Africains qui pourraient développer une hépatite B ou C progressive au cours de la prochaine décennie si ces pays n'intensifient pas leurs efforts », selon le Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l'OMS pour l'Afrique.

Ce classement sera présenté lors du premier Sommet africain sur l'hépatite qui se tiendra à Kampala, en Ouganda, du 18 au 20 juin. Il fournit des informations vitales sur l'état de la réponse régionale à l'hépatite, mesurant les progrès réalisés par rapport au Cadre d'action pour la prévention, le traitement et les soins de l'hépatite virale dans la région africaine (2016-2020). Il a été créé pour guider les États membres dans la mise en œuvre de la Stratégie mondiale du secteur de la santé concernant l'hépatite virale, qui prévoit l'élimination de l'hépatite d'ici 2030 (définie comme une réduction de 90 % des nouveaux cas et de 65 % des décès).

Chaque année, plus de 200 000 personnes meurent en Afrique de complications liées aux hépatites virales B et C, dont la cirrhose et le cancer du foie. 60 millions de personnes dans la Région Afrique de l'OMS vivaient avec une hépatite B chronique en 2015. Plus de 4,8 millions d'entre eux sont des enfants de moins de 5 ans. 10 autres millions sont infectés par l'hépatite C, probablement en raison de pratiques d'injection non sécuritaires dans les établissements de santé ou au sein des communautés.

En outre, l'analyse démontre que 28 pays ont élaboré un plan stratégique national de lutte contre l'hépatite virale ; cependant, la plupart sont encore à l'état de projet et 13 seulement ont été officiellement publiés et diffusés. L'OMS est un partenaire majeur dans la riposte régionale, notamment par l’élaboration des politiques et en fournissant un appui technique et financier ainsi qu'un renforcement des capacités pour une riposte régionale coordonnée.

Seuls 15 % des pays (soit 7 sur 47) mènent des efforts de prévention avec une couverture nationale de plus de 90 % de la dose de vaccin contre l'hépatite B à la naissance et de la vaccination pentavalente infantile. Il existe d'importantes lacunes dans le dépistage et le traitement de l'hépatite, avec notamment moins de 8 pays qui offrent des tests et des traitements subventionnés pour l'hépatite virale. L'Ouganda a lancé un traitement gratuit contre l'hépatite B à l'échelle nationale et le Rwanda fournit un traitement gratuit pour l'hépatite B et l'hépatite C. Ces deux pays se font les champions de la réponse régionale et sont sur la bonne voie pour atteindre les objectifs du Cadre 2020 en matière de dépistage et de sensibilisation communautaire.

L'administration de la vaccination contre l'hépatite B à la naissance et en bas âge est le moyen le plus efficace d'arrêter la transmission du virus, car 95% du fardeau des maladies chroniques est dû aux infections chez les enfants, acquises avant leur cinquième anniversaire, y compris la transmission mère-enfant.

Malgré le faible coût de la vaccination à la naissance - moins de 0,20 dollars US par enfant - seuls 11 pays de la région africaine suivent ce protocole. L'un de ces pays est le Cap-Vert, où le gouvernement a mobilisé des ressources financières et a atteint une couverture vaccinale de 99% à la naissance.

En Ouganda, où plus de 6 % de la population est infectée, l'engagement de mettre fin à l'hépatite a été pris par la société civile et grâce à une forte volonté politique, le pays est devenu l'une des premières nations africaines à financer une mobilisation nationale contre l'hépatite B.

Avec des investissements d'environ 3 millions de dollars par an, l'Ouganda s'est lancé dans un programme massif et gratuit de dépistage de l'hépatite B en 2015. Le pays a également organisé une vaste campagne de mobilisation et de sensibilisation communautaire. Plus de 4 millions de personnes ont fait l'objet d'un dépistage. Plus de 30 % de la population infectée par le virus de l'hépatite B sont maintenant au courant de leur état et peuvent accéder à des services de traitement complets, y compris des médicaments gratuits. Un résultat qui va au-delà des objectifs assignés pour 2020 en matière de dépistage et de sensibilisation. Il reste cependant beaucoup à faire pour atteindre les objectifs en matière de traitement.

« Il est tout à fait approprié que le premier Sommet africain sur l'hépatite se tienne en Ouganda », souligne le Dr Moeti. « Le pays a de superbes leçons à partager, et nous appuyons ces échanges importants, car ils aident à élaborer des politiques fondées sur des données probantes et à promouvoir des partenariats pour une action plus concertée contre l'hépatite virale dans la région africaine. C’est la démonstration même qu'il est possible de vaincre cette maladie. »

OMS | Région Afrique

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