Vers une plus grande équité dans la couverture vaccinale aux Comores

Vers une plus grande équité dans la couverture vaccinale aux Comores

Du 8 au 12 octobre 2018, une mission composée des représentants du bureau régional de l’OMS et du secrétariat de Gavi a séjourné aux Comores dans le cadre de l’évaluation conjointe des programmes de vaccination et de renforcement du système de santé financés par l’Alliance Gavi. En collaboration avec les équipes locales de l’UNICEF, de l’OMS et les partenaires du Ministère de la Santé, la mission a effectué des visites de terrain au niveau des structures de santé pour évaluer la situation du Programme Elargi de Vaccination (PEV) et échanger avec les personnels de santé. Cette mission aura permis d’échanger avec les autorités locales et les agences partenaires sur les défis et perspectives pour améliorer la couverture vaccinale et l’équité en Union des Comores.

Interrogé sur ses impressions, le Dr Magdi Ibrahim, nouveau responsable pour les Comores depuis juin 2018 et représentant Gavi, a souligné l’importance du moment de la vaccination comme premier contact de l’enfant avec le système de Santé. “On ne peut pas déconnecter la vaccination du reste du système de santé : c’est le premier contact de l’enfant avec le système de santé. C’est un moment essentiel et une occasion pour mener des actions de prévention sur le paludisme, la nutrition et l’encouragement à l’allaitement maternel par exemple. L’état de la vaccination, est donc à plusieurs égards, le reflet de la qualité d’un système de santé dans son ensemble”.

Les défis rencontrés par le PEV

Le système de santé en Union des Comores doit relever un certain nombre de défis liés notamment à l’environnement insulaire du pays qui complique la mise en œuvre des programmes et leur supervision, mais aussi la question ressources humaines en santé, qui est l’un des six pilier d’un système de santé selon l’OMS. Le Dr Magdi Ibrahim insiste néanmoins sur l’engagement des professionnels de santé : “Le potentiel des ressources humaines est là ; notre équipe a été impressionnée par le dévouement de certains professionnels de santé, qui gagnent à peine de quoi vivre. Sans cela, l’impact négatif risque de se faire ressentir sur les performances ».

En plus des défis posés par les ressources humaines qui nécessitent un pilotage et une bonne coordination, la question de la maintenance des plateaux techniques, mais aussi celle de la gestion des déchets restent préoccupantes. “Il faut améliorer la maintenance des équipements de la chaine du froid sans oublier la gestion des déchets générés par la vaccination. Les moyens ne manquent pas, mais il faut au plus vite élaborer une stratégie consolidée qui vise la sécurité des soins et services d’une manière générale et la vaccination en particulier. Dans la majorité des districts, les incinérateurs ne sont pas fonctionnels, alors que ces structures continuent de produire des déchets biomédicaux avec des risques aussi bien pour la population que pour le personnel de santé. Avec la Banque Mondiale, qui a prévu des fonds à cet effet, et les autres partenaires du Système des Nations Unies, bilatéraux ou multilatéraux – notamment le Fonds Mondial-, nous allons avancer sur des solutions pour s’attaquer à ce problème, en sollicitant la contribution de spécialistes dans le domaine”. Le Dr Abdoulaye Diarra, Représentant ai de l’OMS en Union des Comores a rappelé que l’organisation a développé des guides pratiques et des outils pédagogiques sur la question des déchets concernant la catégorisation, le traitement, le transport et le stockage des déchets médicaux pour la sécurité des patients et des professionnels de santé.

Défi pour l’avenir de la vaccination aux Comores : l’équité

Dans le contexte de fragilité, l’évolution du Programme Elargi de Vaccination montre une baisse de la couverture vaccinale ces deux dernières années. Mais comme le rappelle le Dr Magdi Ibrahim, les Comores présentent globalement une couverture vaccinale raisonnable. Le problème essentiel est celui de l’équité : “On rencontre des zones moins performantes ; notre défi est donc de trouver un moyen d’aider les Comores à couvrir l’ensemble de la population de manière plus équitable”.

Pour ce faire, les partenaires au sein de l’Alliance Gavi, en accord avec les autorités, se sont mis d’accord sur une stratégie : “Il nous faut mieux comprendre les freins qui empêchent la couverture vaccinale d’augmenter”, nous dit Dr Marcel S. Ouattara, Représentant de l’Unicef aux Comores : “Nous avons opté pour une analyse socio-anthropologique pour comprendre les ressorts culturels, les représentations qui peuvent expliquer la contre-performance dans certaines zones et adapter nos stratégies et notre action en conséquence”.

Le Dr Magdi Ibrahim ajoute qu’en plus de l’approche anthropologique qui éclaire sur les conceptions et représentations expliquant certains freins à la vaccination, un accent devrait être mis sur la réalisation de micro-plans, très détaillés, avec l’ensemble des activités requises pour améliorer la demande et l’offre de vaccination. Ces plans comprendront des activités ciblées sur la sensibilisation communautaire, des supervisions formatives pour comprendre, notamment, les besoins précis en matière de formation des personnels, etc. De telles stratégies différenciées permettront d’améliorer l’équité à l’échelle de certains districts moins performants.

Pour appuyer le pays, le Conseil d’Administration de Gavi a approuvé des fonds additionnels à hauteur de 750 000 USD, en plus des 3 millions de dollars déjà alloués sur 5 ans pour renforcer le système de santé à travers le programme de vaccination. L’octroi de ces fonds doit contribuer à améliorer l’équité dans la couverture vaccinale, en s’appuyant principalement sur des stratégies ciblées pour être plus proche des populations et de leurs besoins, mais aussi pour améliorer le système d’information sanitaire, la planification des stratégies de plaidoyer communautaires, l’état des équipements et la maintenance de la chaine de froid, entre autres.

“Pour y parvenir, une bonne coordination entre les partenaires au développement et les autorités nationales sera déterminante. Cette mission a permis de parvenir à un consensus avec les plus hautes autorités de l’Etat comorien sur les insuffisances du système de santé mais aussi sur les mesures correctrices à adopter ”, conclut le Dr Abdoulaye Diarra. Cet engagement politique est une condition essentielle de la réussite des initiatives futures.

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Dr Ahamada MSA MLIVA

Conseiller National chargé des Systèmes et Services (MPN)
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