Allant au plus près des communautés, le Congo passe à l’offensive contre la COVID-19

Brazzaville – Les cas de COVID-19 ont augmenté en République du Congo au cours des dernières semaines, ce qui a incité les autorités à renforcer les mesures de contrôle. Ainsi, une campagne de dépistage communautaire appuyée par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) est en cours dans les zones critiques. Des équipes d’intervention rapide se rendent dans les communautés pour retrouver les contacts des cas connus de COVID-19, relayer les informations de santé publique et veiller à ce que les personnes dont le test est positif reçoivent un traitement à domicile ou soient orientées vers des structures de santé. La campagne a démarré le 25 octobre et se déroulera sur 10 semaines.

* Les prénoms ont été changés à la demande des intéressés.


Dans la capitale Brazzaville, les équipes d’intervention rapide de la Direction Départementale de la Santé (DDS) de Brazzaville vont en mission. Ils sont 4 équipes au total pour la ville de Brazzaville, chaque équipe comprenant 6 personnes.

« Nous allons à la recherche des personnes contact pour une meilleure détection de la maladie et une meilleure prise en charge permettant de protéger nos communautés », explique Niclem Koundou, chef d’une des équipes d’intervention rapide.

Jusqu’à présent, les tests de dépistage étaient surtout effectués sur des personnes avec des symptômes de COVID-19. Selon les estimations, entre 65 % et 85 % des infections par la COVID-19 en Afrique ne génèrent que peu ou pas de symptômes. Ces sujets asymptomatiques sont la cause d’une grande transmission de la maladie.
Premier stop pour l’équipe de Niclem, le quartier Mfilou en périphérie de Brazzaville où un cas de COVID positif a été notifié.
Dr Ramses Kalumbi, épidémiologiste de l’OMS, se joint à l’équipe pour coordonner le dépistage des personnes vivant dans un rayon de 100 mètres autour de chaque nouveau cas confirmé.

« Lorsqu’une personne contact se révèle positive, nous évaluons son état avant de décider si elle peut rester isolée à domicile pour se soigner, ou s’il faudrait l’évacuer dans une structure sanitaire », explique le Dr Ramses.

Éric*, 36 ans, reçoit l’équipe après avoir été précédemment testé positif à la COVID-19. Il explique avoir été malade pendant plusieurs jours et lorsque les symptômes ont empiré, il s’est résolu à aller se faire tester pour la COVID-19. L'équipe d’intervention rapide a d'abord demandé son accord pour une visite à domicile afin de tester également les personnes qui sont en contact avec lui. Le neveu d’Éric, François*, âgé de 18 ans, qui vit avec lui, sera testé.
Une fois à domicile, l’équipe doit minutieusement se préparer et se conformer scrupuleusement au protocole d’intervention : « Nous devons correctement mettre les combinaisons d’équipements de protection individuelle », explique Niclem. Tous les membres de l’équipe étant en contact direct avec les cas doivent respecter ce protocole.

Pour le Dr Ramses de l’OMS, « cette campagne va aider à couper la chaîne de transmission de la COVID-19. En favorisant la détection précoce au niveau de la communauté ainsi que des formations sanitaires, ceci va contribuer à baisser les nouvelles infections de la COVID-19 au Congo. Ce projet va également augmenter la capacité des tests du pays. »
François, le neveu d’Éric, était préoccupé de voir son oncle malade et accepte de faire le test.

« Les équipes nous ont expliqué qu’étant donné que nous habitons ensemble, je suis un cas contact et il est judicieux que je me fasse tester », dit-il.

Les tests de dépistage réalisés dans la communauté le sont sur une base volontaire, en utilisant des tests de diagnostic rapide antigéniques approuvés par l’OMS qui peuvent produire des résultats sur place en seulement 15 minutes.
Cette campagne permet d'isoler rapidement les cas, de contenir la propagation et de sauver des vies. Au 17 novembre, les équipes de Brazzaville avaient visité plus de 3 000 foyers, transmis des messages clés de prévention à près de 10 000 personnes, identifié 2 460 contacts et testé 2 329 personnes. Cela représente un taux d'acceptation de 95%, avec 1,5% - soit 34 personnes - de tests positifs. Le dépistage communautaire a débuté le 25 octobre à Brazzaville et se poursuivra jusqu'au 31 décembre 2021.
Chaque ménage ayant un cas positif reçoit des kits contenant des masques, du savon liquide et des gels hydroalcooliques. Les équipes sensibilisent également aux risques du COVID-19 et aux mesures de prévention y compris la vaccination.
Pour François, qui pensait que la COVID-19 n'était qu'un mythe, le message est désormais clair : « Portez toujours un masque, évitez les foules, lavez-vous régulièrement les mains avec du savon ou du gel hydroalcoolique et surtout, faites-vous vacciner. Je n'ai plus de doutes. Je vais me faire vacciner. La COVID existe bel et bien », dit-il.
Pour le Dr Jean Claude Mobousse, Directeur départemental de la santé de Brazzaville, cette campagne vient à point nommé : « Les indicateurs étaient en train de se détériorer et la situation vraiment sérieuse, avec beaucoup de décès et d’hospitalisations. Avec ce projet de listage, de suivi, de dépistage et de prise en charge, nous constatons que les choses s’améliorent nettement. Cette approche d’aller vers les communautés va nous permettre d’inverser les tendances. »
Abordant dans le même sens, le Dr Mobousse lance un message d’espoir : « Je voudrais aussi demander aux gens de ne pas désespérer », ajoute le Dr Mobousse. « La COVID est là mais soyons confiant que nous allons résoudre ce problème avec l’appui de nos partenaires. La vie va continuer. »
Patience Mahendemoyi, membre de l'équipe, utilise un téléphone portable pour entrer les données dans la base conservée à la Direction Départementale de la Santé (DDS). « Ces téléphones font la différence, car les données sont centralisées directement au niveau de la DDS et cela nous permet de rapidement cibler les bonnes personnes et coordonner les activités de terrain », explique-t-elle.
Brazzaville et Pointe-Noire sont présentement les deux épicentres de l’épidémie de COVID-19 au Congo, avec plus de 95% des cas COVID-19 du pays. Après les résultats obtenus à Brazzaville, des équipes seront bientôt déployées à Pointe-Noire.

Dr Kalumbi de l'OMS souligne que « si nous allons vaincre cette COVID-19, les communautés doivent être au cœur de nos interventions. A travers cette campagne, nous traquons le virus jusque dans ses retranchements et nous espérons nous en débarrasser définitivement », indique Ramses Kalumbi.
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