Au Tchad, des cliniques mobiles pour vacciner les groupes vulnérables contre la COVID-19

Baga Sola – Dans le district sanitaire de Baga Sola, dans la province du Lac à l’Ouest du Tchad, des cliniques mobiles jouent un rôle essentiel en permettant aux populations les plus vulnérables d’avoir accès aux vaccins contre la COVID-19. 

Le Tchad abrite actuellement 381 000 personnes déplacées internes et à cause de l'insécurité qui règne dans la région du bassin du lac Tchad, le pays accueille 583 000 réfugiés de ses voisins. À cela s'ajoute la population nomade du pays estimée à plus de 597 000 personnes. Grâce au soutien de l'Union européenne à travers l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), ces trois groupes, qui ont un accès limité aux services de santé, ont été vaccinés en priorité contre la COVID-19.

À la fin du mois de mars 2023, près de 4,8 millions de personnes avaient été entièrement vaccinées contre le COVID-19 au Tchad, soit 56 % des adultes âgés de 18 ans et plus. Cela inclut plus de la moitié de la population réfugiée du pays et environ 10 % de sa population nomade. 
 

Ce matin de mars 2023, les travailleurs de la santé du district sanitaire de Baga Sola, dans la province du Lac, ont prévu d’installer un poste avancé de vaccination à Taal Dar Amin, à 10 kilomètres de la ville. Cette région voisine du Nigéria accueille de nombreuses populations nomades qui se déplacent sans cesse en fonction des besoins de leurs troupeaux.

À l’arrière du véhicule, l’équipe a entreposé des vaccins contre la COVID-19, déployés pour être administrés aux populations nomades, aux réfugiés et aux déplacés internes, nombreux dans la région.
« Avec les nomades, notre travail n’est pas aisé. Il est possible de les repérer et deux ou trois jours après ils sont déjà partis », explique, dans le véhicule qui zigzague dans le sable entre des arbres épineux, Zoulé Youssouf, une volontaire qui fait office de relais communautaire.

Son rôle est d’expliquer l’importance de la vaccination contre la COVID-19 aux populations nomades, avant que les deux agents vaccinateurs qu’elle accompagne n’interviennent. Pour la famille rencontrée ce jour-là, c’est la première fois que l’opportunité de se faire vacciner se présente.
Après une courte discussion avec Zoulé Youssouf, les trois adultes présents sur le campement se font vacciner.

Halima Abdrahim, 60 ans, est la plus âgée et la première à recevoir le vaccin. Elle sera suivie de deux autres. « C’est la première fois que je suis approchée pour le vaccin contre la COVID-19. J’ai entendu beaucoup de chose sur cette maladie et quand notre sœur [Zoulé] nous a parlé du bienfait du vaccin, j’ai accepté de le prendre. »
Au Tchad, les nomades, les déplacés internes et les réfugiés constituent des groupes prioritaires dans la stratégie nationale de vaccination contre la COVID-19. Parce qu’ils se déplacent beaucoup, les cliniques mobiles permettent de rapprocher les services de ces populations vulnérables.

« Nous utilisons les cliniques mobiles pour délivrer des soins à des populations qui sont à plus de 8 kilomètres d’un centre de santé. Mais avec la vaccination contre la COVID-19, nous avons renforcé cette stratégie mobile pour amener les vaccins là où se trouvent les personnes à vacciner », indique le Dr Cyril Rozoumka, Médecin-chef du district sanitaire de Baga Sola. « Les cliniques mobiles nous aident à obtenir une bonne couverture vaccinale. »
Depuis octobre 2022, le Tchad a organisé quatre campagnes de vaccination de masse à travers tout le pays. Ceci lui a permis d’augmenter le taux de couverture vaccinale de 1 % à plus de 56 % des personnes âgées de plus de 18 ans.

Lors de la dernière campagne qui s’est déroulée du 28 février au 12 mars 2023, plus de 21 000 nomades ont été vaccinés, soit environ un tiers des 65 646 nomades vaccinés depuis juin 2021.
Avec le financement de l’Union Européenne, l’OMS a appuyé les autorités sanitaires du district de Baga Sola dans la formation de plus de 300 travailleurs de la santé et relais communautaires à la mobilisation, à la surveillance, à la supervision, à la prévention et au contrôle des infections afin de s’assurer que ces populations spécifiques sont couvertes. Le soutien de l’UE a également permis de recruter du personnel de santé supplémentaire pour appuyer les campagnes de vaccination.

« Les populations nomades ont moins accès à des services de soin que les populations sédentaires. Elles se déplacent beaucoup et donc s’exposent à d’éventuelles infections par la COVID-19, c’est pourquoi il est important qu’elles se fassent vacciner », souligne le Dr Adama Nanko Bagayoko, du sous-bureau de l'OMS Tchad à Bol, le chef-lieu de la province du Lac.
De retour sur le terrain, des relais communautaires comme Zoulé continuent de jouer un rôle essentiel dans l'élargissement de la couverture vaccinale parmi les populations nomades du Tchad.

« Je contribue à mettre ma communauté à l’abri des maladies. Je ne sensibilise pas que sur la COVID-19, je vais dans les campements pour parler de l’hygiène et de la vaccination des enfants », ajoute Zoulé.

Il est l’heure pour l’équipe médicale de reprendre la route en direction d’une autre famille nomade. Halima et les siens remercient les travailleurs de la santé, qui rejoignent leur véhicule. « Nous sommes heureuses car nous sommes maintenant protégées contre cette maladie », dit-elle.
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Kayi Lawson

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Ndéye Coumba DIADHIOU

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