Dépister et traiter : Eswatini réduit les infections aux VIH

Mbabane – Eswatini a réalisé d’importants progrès dans la lutte contre le VIH, l’une des principales causes de mortalité dans le pays. Grâce à des efforts concertés sur le dépistage et le traitement, le pays a atteint les objectifs mondiaux consistant à garantir que 95 % de la population vit en connaissant son statut VIH, que 95 % des porteurs du virus reçoivent un traitement et que 95 % des gens bénéficiant d’un traitement voient leur dose virale diminuer. Eswatini est devenu le premier pays d’Afrique à atteindre ces objectifs mondiaux liés au VIH, avec dix ans d’avance sur la date butoir de 2030 décidée par les États membres. Dans la région Mayiwane du nord du pays, Thembi Dlamini, 58 ans, a commencé un traitement il y a plus de dix ans. Elle a vu son état de santé s’améliorer considérablement et encourage les autres à chercher à connaître leur statut.

Thembi Dlamini vit avec le VIH depuis 2005. Après avoir contracté le virus, « j’ai perdu du poids », dit-elle. « Je pesais 35 kg. Beaucoup de gens pensaient que j’avais été ensorcelée. » La stigmatisation et la discrimination des personnes vivant avec le VIH étaient très répandues quand elle a été infectée, menant de nombreuses personnes à penser que la maladie était due à la sorcellerie. « Les gens me fuyaient », se souvient-elle.
Thembi Dlamini et d’autres femmes de son village ont formé un groupe de soutien. En plus de s’encourager mutuellement, les membres de ce groupe dirigent une entreprise artisanale de cires pour parquet, d’adoucissant textile et de lotion pour le corps. Les produits sont fabriqués à partir d’agaves qui poussent dans les environs.
Une fois que les feuilles ont été récoltées, elles sont pelées, coupées en petits morceaux et bouillies pour en extraire le jus que les femmes transforment pour en faire des produits cosmétiques. Les revenus générés par l’entreprise aident les familles. « Nous apprenons les unes aux autres les techniques artisanales et partageons des conseils sur les sujets familiaux », explique Thembi Dlamini. « Nous nous enseignons aussi mutuellement d’autres techniques agricoles. »
Lorsqu’elle a appris son statut VIH, elle a immédiatement fait en sorte d’être mise sous traitement. Elle a pris des médicaments pendant plus de dix ans. Le gouvernement a rendu les antirétroviraux disponibles et gratuits.
Thembi Dlamini explique que les antirétroviraux l’ont aidée à surmonter les infections opportunistes qui avaient commencées à l’affecter très tôt.
Le gouvernement a décentralisé les soins et les traitements du VIH et de la tuberculose et les a intégrés au sein des cliniques communautaires de santé primaire. Il s’est aussi assuré que les infirmières étaient formées à l’usage des rétroviraux par les patients. Thembi Dlamini se rend à sa clinique locale pour se fournir en médicaments et être examinée.
Thembi Dlamini explique qu’elle conseille aux gens de s’assurer qu’ils sont testés pour le VIH afin d’être informés de leur statut. Selon elle, cela les aiderait à commencer le traitement puisque le gouvernement a lancé l’approche « Dépister et traiter », qui permet à tous de débuter un traitement dès que le test est positif aux VIH.
« Éviter le traitement, c’est comme poser un voile sur le virus », dit Thembi Dlamini. « Quand il se réveillera, il sera plus puissant. »
La dose virale des personnes vivant avec le VIH est évaluée tous les six mois. A partir du moment où celle-ci est indétectable, les patients ne sont testés qu’une fois par an. Cela a permis au gouvernement de connaître le nombre de personnes viro-inactivées, de soutenir celles qui luttent pour supprimer leur dose virale à adhérer au traitement.
Un infirmier renouvelle les médicaments de Thembi Dlamini. Avec la pandémie de COVID-19, le gouvernement a instruit les établissements de santé afin qu’il fournissent suffisamment de médicaments pour six mois, au lieu d’un mois auparavant. Cela limite la fréquentation des centres de santé et aide à freiner la propagation de la COVID-19.
L’engagement fort du gouvernement à s’attaquer au VIH a permis de réduire les infections par le VIH de 66 % entre 2010 et 2019. Le nombre de décès liés au Sida a été divisé par deux. « La disponibilité des médicaments m’a aidé, d’autant qu’ils sont gratuits. Sinon, je serais morte », affirme Thembi Dlamini.
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