La campagne #SmokeFreeNollywood lutte contre le tabagisme dans les films nigérians

L’industrie cinématographique nigériane, plus connue sous le nom de « Nollywood », est la deuxième puissance mondiale de production de films, derrière « Bollywood » en Inde. Environ 2 000 films sont réalisés chaque année et près d’un million de personnes travaillent dans ce secteur. Face au potentiel de créativité du Nigéria à travers ses films et son pouvoir d’influence sur les jeunes, l’organisation Corporate Accountability and Public Participation Africa (CAPPA) a lancé une campagne pour l’interdiction du tabagisme comme moyen de séduction dans les films.

À travers la campagne #SmokeFreeNollywood, la CAPPA appelle à une interdiction totale du tabac dans les films et dans toute l’industrie du divertissement nigériane, notamment la musique et la télévision. Par ailleurs, elle pense que la première étape consiste à appliquer les deux lois en vigueur qui interdisent déjà l’utilisation, la promotion ou le parrainage du tabac dans les films. La CAPPA souhaite également que le changement soit initié au sein de l’industrie elle-même. Elle lance un appel aux acteurs, aux réalisateurs, aux musiciens et aux producteurs pour qu’ils prennent conscience du danger qu’ils peuvent promouvoir et d’adopter une position ferme contre le tabagisme dans leurs scénarios.
« En Afrique, un adolescent sur cinq consomme des produits du tabac. C’est un problème urgent », explique le Dr Kelias Msyamboza, médecin au Bureau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Nigéria. « Les films de Nollywood et les clips vidéo nigérians sont regardés par des familles et des jeunes dans le pays et au-delà. Nous devons protéger ce public des images nocives encourageant le tabagisme. » L’OMS et le ministère fédéral de la Santé du Nigéria ont soutenu la campagne #SmokeFreeNollywood à travers des actions de sensibilisation et de formation auprès des réalisateurs et des parties prenantes du secteur.
Akinbode Oluwaseni, responsable à la CAPPA
Le tabagisme chez les adolescents est un problème crucial au Nigéria, comme dans toute l’Afrique. En 2020, une étude menée dans l’État d’Enugu a fait état d’un taux de prévalence du tabagisme de 13,3 % et de 5,8 % chez les élèves de la 8e à la 10e année (grade 8-10). Les données recueillies par l’American Cancer Society concernant le Nigéria indiquent que 25 000 enfants nigérians âgés de 10 à 14 ans sont fumeurs. L’influence peut s’exercer très tôt. Dans un pays comme le Nigéria, avec près de 200 millions d’habitants et dont 43 % ont moins de 15 ans, les films touchent un public très large.

« Ouah », lance Akindbode Oluwaseni, directeur général de la CAPPA. « Il existe suffisamment de données qui montrent que beaucoup d’adolescents commencent à fumer à cause de ce qu’ils voient à l’écran. Le divertissement est utilisé comme moyen d’inciter les jeunes au tabagisme. Nous voulons changer cette situation. #SmokeFreeNollywood vise à exercer un impact considérable dans la mesure où les produits de divertissement nigérians sont regardés sur tout le continent et même en Asie et en Europe. Nous ne pouvons pas permettre aux sociétés du tabac de continuer à se servir de ces films pour compromettre la santé et l’avenir de nos enfants. »
Reflex Soundz, musicien et producteur de musique afro-fusion
Oya make we tell them, so them go know. [Oya laisse nous leur dire, pour qu’ils sachent]
Anytime wey you dey smoke e dey kill you slow [Fumer tue lentement]
Tobacco bad e dey scatter body [Le tabac est mauvais et détruit l’organisme]
Abeg no follow the hype oh, save your money [S’il te plait, n’écoute pas ce qu’ils disent, épargne ton argent]

Reflex Sound a écrit ces paroles lors d’un concours de chansons organisé par la CAPPA dans le but de montrer son opposition ferme au tabagisme comme moyen de séduction dans la culture pop nigériane. Il a gagné le concours. La chanson a été diffusée à la radio et à la télévision, et il l’a même jouée en ouverture de ses spectacles. Il l’a partagée avec ses 7 500 abonnés sur les réseaux sociaux. « Je dois jouer mon rôle pour que les jeunes puissent entendre le message », dit-il.
« J’ai écrit la chanson Avoid Tobacco (« évitez le tabac » | https://www.youtube.com/watch?v=t1noanARKl4&t=2s) pour expliquer pourquoi fumer n’est pas bon. Ce n’est pas bon pour la santé et vous n’en avez pas besoin, même si la société a tendance à le rendre glamour ou normal. J’utilise la musique pour sensibiliser la jeune génération au danger du tabac. Le tabac a été rendu glamour et normal, mais je crois qu’il est possible de changer cette perception. »
Sani Mu’azu, acteur et cinéaste primé
Il y a trois ans, Sani Mu’azu a présenté des experts tabacologues de l’OMS à un groupe d’acteurs, de réalisateurs et de producteurs de Nollywood. Les experts leur ont montré des images des méfaits des produits du tabac et de la fumée secondaire. Sani fut profondément choqué par ces images. « Cela m’a fait prendre conscience que je pouvais contribuer à tuer des innocents à travers ce que je montre dans mes films », dit-il. Il a commencé à croire que l’aisance, le succès et le plaisir incarnés dans ses scénarios ne devaient pas nécessairement être associés au tabac. Désormais, il refuse que ses personnages utilisent des cigarettes. « J’ai beaucoup d’abonnés sur ma page, et s’ils me voient le faire, ils le feront certainement », a-t-il dit au dernier producteur avec lequel il a travaillé sur une série télévisée.

« En tant que cinéastes, vous ne vous rendez pas compte que vous pouvez avoir un effet nuisible pour la santé de votre public. Vous pensez que vous ne faites que jouer un rôle ou faire votre travail sans aucun mal. Malheureusement, ce n’est pas le cas. J’ai pris conscience que j’incitais le public à prendre une habitude qui pouvait nuire à sa santé. Je n’ai jamais considéré la shisha comme un danger. Cependant, lorsque j’ai compris le danger que représente le fait de fumer la shisha pour l’organisme, j’ai eu peur. Je me suis rendu compte que les médias, notamment les films, font plus de mal que de bien en ne prenant pas position contre les images sur le tabagisme. »
Pour plus d'informations ou pour demander des interviews, veuillez contacter :
Hammanyero, Kulchumi Isa

Communications Officer
WHO Nigeria
Email: hammanyerok [at] who.int (hammanyerok[at]who[dot]int)

Collins Boakye-Agyemang

Communications and marketing officer
Tel: + 242 06 520 65 65 (WhatsApp)
Email: boakyeagyemangc [at] who.int (boakyeagyemangc[at]who[dot]int)