Brazzaville, 24 octobre 2024 - Dans le cadre de la lutte acharnée contre la poliomyélite, les laboratoires de diagnostic du poliovirus de toute la Région africaine sont devenus des « héros silencieux », jouant un rôle central dans l’identification de l’épidémie de poliovirus sauvage de type 1 qui a été détectée au Malawi et au Mozambique en 2021 et 2022 respectivement.
À la tête de cette équipe de « héros silencieux » se trouvait le réseau de laboratoires pour la poliomyélite en Afrique, qui effectuait méticuleusement des tests pour suivre et caractériser le virus. Avec ses 16 laboratoires soutenus par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans la Région africaine, le réseau n’a cessé de renforcer ses effectifs, tout en assurant des services de détection du poliovirus de qualité et en temps voulu.
Étant donné qu’une infection sur 200 entraîne une paralysie, les enquêtes de laboratoire sont essentielles pour traquer les poliovirus qui circulent silencieusement. L’analyse des eaux usées en laboratoire est un moyen très important pour surveiller la circulation potentielle des poliovirus dans une communauté. Sans le travail des laboratoires pour la poliomyélite, certains de ces cas pourraient ne pas être détectés ou confirmés, ce qui entraverait les efforts d’endiguement et d’éradication.
Lorsqu’un échantillon de selles prélevé sur un garçon de trois ans souffrant de paralysie près de Lilongwe, au Malawi, s’est révélé positif pour le poliovirus sauvage de type 1 (PVS1) à la fin de l’année 2021, cela a déclenché une chaîne d’actions rapides et coordonnées, conduisant à des enquêtes urgentes en laboratoire et sur le terrain sur la circulation du virus.
Lorsque les résultats du laboratoire ont été communiqués à l’équipe chargée de la lutte contre la poliomyélite, le Dr Anfumbom Kfutwah, coordinateur régional du laboratoire pour la poliomyélite au Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, a immédiatement compris la gravité de la situation. « Grâce à notre réseau de laboratoires, nous avons pu confirmer qu’il s’agissait d’un poliovirus sauvage de type 1 importé et génétiquement lié à une souche circulant dans la province pakistanaise de Sidh en 2019. Ce résultat a prouvé une fois de plus que la poliomyélite ne connaît pas de frontières et que chaque pays reste exposé au risque de contagion tant que la maladie n’aura pas été éradiquée partout », a-t-il déclaré.
Il s’agissait de la première détection de ce type de virus au Malawi depuis plus de trente ans, et le Mozambique a ensuite signalé huit autres cas de poliovirus sauvage de type 1 dans le nord de la province de Tete.
Le réseau de laboratoires s’est rapidement mobilisé et a procédé à une surveillance généralisée pour identifier et isoler les cas. Des plans d’urgence ont été mis en place pour faire face à l’augmentation des contacts avec la communauté, et des échantillons d’eaux usées ont été prélevés. Leur engagement indéfectible et leur savoir-faire technique ont constitué l’épine dorsale de la riposte dans la Région, car ils ont veillé à ce que rien ne soit laissé au hasard dans la lutte contre la poliomyélite.
La Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, souligne le rôle indispensable des laboratoires dans la Région africaine. « Le réseau de laboratoires est une lueur d’espoir dans notre lutte contre la poliomyélite. Le dévouement et le savoir-faire dont ils font preuve sont déterminants dans nos efforts pour contenir et éradiquer cette maladie débilitante.»
Dr Matshidiso Moeti, WHO Regional Director for Africa, emphasizes the indispensable role of laboratories in the Africa region: “The laboratory network stands as a beacon of hope in our fight against polio. Their dedication and expertise are instrumental in our efforts to contain and eradicate this debilitating disease."
« Après une évaluation approfondie, une équipe indépendante d’évaluation de la riposte aux flambées, qui a examiné avec rigueur les différentes facettes de la riposte (en réalisant deux examens approfondis sur le terrain et un examen supplémentaire de données), a conclu qu’il n’y avait aucune preuve de transmission continue du PVS1 au Mozambique et au Malawi », a confirmé le Dr Jamal Ahmed, coordonnateur du programme d’éradication de la poliomyélite de l’OMS pour l’Afrique.
L’équipe d’évaluation de la riposte aux flambées a également examiné la qualité de la riposte, qui englobe l’immunité globale de la population, les campagnes de vaccination supplémentaires, la couverture de la vaccination systématique, les systèmes de surveillance, les pratiques de gestion des vaccins et les niveaux de participation de la communauté.
La lutte contre la poliomyélite n’est cependant pas terminée, car la circulation d’un variant du poliovirus persiste dans 26 pays africains, et plus de 200 poliovirus ont été détectés dans 26 pays en 2024 (à la mi-août 2024). Un total de 59 % (28/47) des pays de la Région africaine ont signalé des cas de poliomyélite au cours de l’année dernière. Cette forme de poliomyélite est tout aussi dangereuse, puisqu’elle a la capacité d’envahir le système nerveux d’un enfant et de provoquer des paralysies, voire la mort.
La poliomyélite est une maladie incurable et le seul moyen de la prévenir est la vaccination. Le défi est d’autant plus grand que la plupart des infections sont asymptomatiques. Ce qui signifie qu’elles ne sont pas détectées au moyen de la surveillance de la paralysie flasque aiguë, qui elle consiste à rechercher activement les enfants présentant des signes de paralysie afin d’identifier les cas potentiels.
À ce titre, les laboratoires sont non seulement un outil de surveillance essentiel pour maintenir la certification de la Région comme exempte de poliomyélite sauvage autochtone, mais aussi pour détecter et suivre les flambées épidémiques de poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale qui persistent en Afrique.
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