Un gardien de but face aux dangers du tabac au Sénégal

Lorsqu’il était enfant, Lamine Thiare, a vu à quel point le tabac affectait la santé de son père. « Il manquait d’appétit, son corps était faible. Quand il a arrêté, il a retrouvé la forme, il mangeait mieux », se souvient l'entraîneur des gardiens de but de l’Institut Diambars, à Saly, au Sénégal.

L’institut, un établissement proéminent d’éducation et de formation au foot, aussi connu pour son club professionnel Diambars FC, vise à « faire du football un moteur éducatif ».

Lamine Thiaré ambitionne aussi d’utiliser la pratique du football pour sensibiliser aux dangers du tabac. « Le tabac peut mettre fin à une carrière sportive », rappelle-t-il chaque jour à ses joueurs. « Le fait de ne pas fumer m’a permis d’avoir une longue carrière sportive. Nous les entraîneurs, nous devons montrer l’exemple. C’est pourquoi je me suis investi dans la lutte contre le tabac ».

Avant chaque entraînement, Lamine Thiaré rappelle les règles basiques d’hygiène et de santé pour les sportifs.
« Je vois ces jeunes comme des ambassadeurs. La plupart d’entre eux sont dans les différentes équipes nationales, ils doivent montrer le bon exemple. C’est pourquoi à chaque début de rassemblement, on les encourage à véhiculer le message contre le tabac. »

Au Sénégal, 9,2 % des enfants de 13 à 15 ans scolarisés consomment du tabac, d’après l’enquête mondiale sur la consommation de tabac par les jeunes 2020 (Global Youth Tobacco Survey - GYTS), pilotée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et CDC Afrique.

Au Sénégal, 9,2 % des enfants de 13 à 15 ans scolarisés consomment du tabac, d’après l’enquête mondiale sur la consommation de tabac par les jeunes 2020 (Global Youth Tobacco Survey - GYTS), pilotée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et CDC Afrique.

Le Sénégal est l’un des pays africains les plus avancés dans la lutte contre le tabac. Depuis 2016, la loi interdit la publicité pour le tabac, ainsi que la vente à moins de 200 mètres des écoles, des stades, des structures de santé et des centres culturels.

« Depuis longtemps, le coach nous parle du tabac. Il nous dit de ne pas fumer, même de ne pas fréquenter des fumeurs », explique Mohammed Edaly Cissé, un jeune joueur de la Nkono keepers academy, créée par Lamine Thiaré pour promouvoir de jeunes gardiens. « Notre corps est comme une machine, il faut tout faire pour l’entretenir. Donc on ne va pas prendre quelque chose qui va détruire notre organisme. »

En Afrique, 13 % des adolescentes consomment des produits du tabac, d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Des études récentes montrent que les taux de prévalence parmi les jeunes filles (de 4,6 % à 36,6 %) ont tendance à égaler ceux des garçons (de 7,8 % à 36,5 %).

« Le tabac gâte les poumons. J’ai vu des personnes qui fumaient et qui sont malades maintenant », explique Sarata Sané, gardienne de l’équipe nationale A féminine. « Le coach nous dit tout le temps que le tabac n’est pas bon pour les sportifs. Si je vois une amie fumer, je lui dis d’arrêter. »

Ce jour-là, Dr Adja Mariétou Diop (au centre), cardiologue et médecin du sport, est venue assister à l'entraînement. En tant que présidente de la Ligue sénégalaise contre le tabac, elle travaille régulièrement avec Lamine Thiaré.

« En plus des effets néfastes pour la santé, nous parlons aux jeunes de leur carrière et de leur longévité dans le sport », explique-t-elle. « Les jeunes sont la cible principale de l’industrie du tabac, donc nous devons les sensibiliser dès le plus jeune âge pour qu’ils comprennent qu’il n’y a aucun intérêt à fumer, non seulement parce qu’ils ne seront pas en bonne santé, mais aussi parce que c’est un piège : pour avoir une forte personnalité, il ne faut pas avoir d’addiction. On sait quand on commence à fumer, mais jamais qu’on arrivera à arrêter. »

D’après l’enquête du GYTS, environ 13 % des jeunes sénégalais sont exposés au tabagisme secondaire chez eux et plus de 25 % à l’intérieur des lieux publics.

Une enquête épidémiologique des autorités sanitaires nationales montre que l’âge d’initiation au tabagisme est tombé à 7 ans, contre 10 ans en 2013. De plus, d’autres habitudes tabagiques commencent à s’installer chez les jeunes, comme l’usage de la chicha, pourtant interdit par la loi.

Lamine Thiaré (t-shirt blanc), qui a aussi entrainé de jeunes gardiens de but en Mauritanie, en Côte d’Ivoire et au Ghana, se fécilite que parmi les 120 élèves de l’Institut Diambers, « personne ne fume ! ».

Au Sénégal, il est facile d’acheter les cigarettes dans les nombreuses petites échoppes de rue. Pour les jeunes, la tentation d’imiter les aînés est grande. Il est donc important qu’ils soient sensibilisés aux dangers liés au tabagisme par leurs aînés, des mentors et les enseignants.

« Quelqu’un comme le coach Lamine Thiaré, qui travaille avec les enfants, joue un rôle important pour les sensibiliser aux dangers du tabac », explique Dr Oumar Ba, oncologue et coordonnateur national du Programme de lutte contre le tabagisme au ministère de la Santé.

Quand il n'entraîne pas les jeunes de l’Institut Diambars, Lamine Thiaré gère sa propre institution, la Nkono keeper academy, où il tient le même discours anti-tabac.

« Ça marche », s’enthousiasme-t-il. « A chaque fois que nos jeunes vont dans les compétitions, on a de bons échos parce qu’ils montrent le bon exemple. Leur comportement est impeccable. Ne pas fumer peut les aider à faire une longue carrière sportive. J’en suis la preuve. »