Vacciner les populations vulnérables pendant l’épidémie de choléra au Kenya

Nairobi – Depuis octobre 2022, la région aride du nord du Kenya est affectée par une épidémie de choléra déclenchée par l’impact d’une sécheresse grave et prolongée. Le pays a enregistré plus de 7800 cas et 122 décès à la date du 26 mars 2023.

Les autorités sanitaires kényanes ont lancé la première campagne de vaccination contre le choléra en février dernier pour renforcer les efforts de contrôle de l’épidémie et pour mettre fin à la maladie. La compagne de dix jours, déployée avec le soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), ciblait 2,2 millions de personnes dans quatre des comtés les plus affectés. L’OMS a travaillé avec les autorités kényanes pour renforcer la surveillance, la prévention et le traitement, ainsi que l’engagement communautaire et la coordination avec les partenaires afin d’améliorer l’assainissement et la fourniture d’eau potable. Au total, l’Organisation a déboursé 6 millions de dollars pour démarrer la riposte d’urgence à l’épidémie de choléra au Kenya, au Malawi et au Mozambique.

WHO/Billy Miaron
India Zakaria vit près du centre de santé de Madogo, à proximité de la rivière Tana, dans l’est du Kenya. Elle s’est rendue au centre pour se faire vacciner après que son mari a eu le choléra.

« Je pense qu’il a été infecté dans la rivière, qui est notre principale source d’eau, même si elle est polluée. Il ne pouvait pas s’occuper de la famille pendant toute une semaine, mais il a fini par guérir », dit-elle. « J’ai entendu une annonce publique faite par un véhicule qui parcourait notre zone et quand j’ai vu d’autres personnes se faire vacciner, j’ai décidé que je devrais le faire aussi. »
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Les communautés du comté de Garissa, l’un des plus affectés par le choléra, sont largement dispersées dans des zones difficiles d’accès. Le rôle des leaders communautaires s’est avéré essentiel pour s’assurer que les personnes se rendent aux centres de vaccination.

« Notre riposte à l’épidémie s’est concentrée sur l’engagement communautaire et les messages à faire passer aux populations, avec une approche multisectorielle pour s’assurer que les leaders religieux et communautaires soient impliqués à tous les niveaux », détaille Ibrahim Mohamed, chargé de la promotion de la santé au Département de la santé et des services d’assainissement du comté de Garissa.
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Dans le village d’Amares, le leader communautaire Bule Mohamed s’est assuré que les personnes comprennent le rôle du vaccin, ce qui a aidé à répondre aux hésitations et à établir la confiance.
« Avec les autres leaders locaux et les représentants de l’OMS, nous avons mobilisé notre communauté et nous sommes heureux que les membres de la communauté ont été vaccinés », se réjouit-il.
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Le Ministère de la santé s’est également assuré de l’aide de volontaires qui ont utilisé des haut-parleurs pour encourager les membres de la communauté à venir se faire vacciner. Cela a été couplé à une mobilisation à travers les médias. Par ailleurs, un numéro d’appel gratuit a été ouvert pour fournir des informations et répondre aux préoccupations.
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Les équipes de vaccination ont fait du porte-à-porte pour fournir le vaccin aux habitants restés chez eux, et ont aussi mis en place des sites de vaccination dans les écoles, les centres de santé, les marchés et d’autres lieux publics stratégiques.

La campagne a ciblé en priorité les communautés pastorales déplacées par la sécheresse. Sans accès à l’eau potable, l’assainissement et aux établissements de santé, ces communautés sont particulièrement vulnérables au choléra. L’infection est provoquée par l’ingestion d’aliments ou d’eau contaminés. Les symptômes incluent une diarrhée aqueuse sévère, qui peut rapidement entraîner une grave déshydratation.
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D'après le Dr Emmanuel Okunga, chef de la Division de surveillance et de la riposte aux maladies au Ministère de la santé du Kenya, la campagne a pu atteindre 99,2 % de la population ciblée, à la date du 21 février.

« Cette campagne est un succès », dit-il. « Nous surveillons désormais l’impact du vaccin sur le nombre de cas et nous voyons déjà une baisse dans les comtés affectés. »
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L’OMS a soutenu la riposte du Kenya à l’épidémie à travers l’approvisionnement de plus de 2,2 millions de vaccins et des suppléments nutritionnels pour environ 12 000 enfants de moins de cinq ans souffrant de malnutrition. L’Organisation a également déployé 16 spécialistes dans cinq des comtés gravement affectés pour renforcer la surveillance de la maladie et la coordination des activités de prévention de l’épidémie.

« Nous devons garder à l’esprit que le vaccin n’est pas une solution miracle », affirme le Dr Julius Wekesa, gestionnaire de l’incident pour l’épidémie de choléra au Kenya pour l’OMS. « Il faut l’associer au renforcement des interventions en faveur de l’eau potable et de l’assainissement à tous les niveaux. »
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En janvier, l’OMS a lancé un appel régional pour lever 179 millions de dollars afin de prévenir et riposter aux épidémies dans la grande Corne de l’Afrique.

Après cinq saisons consécutives de sécheresses, la prévision de pluies inférieures à la moyenne au cours de l’actuelle saison des pluies entre mars et mai placera 48 millions de personnes en situation d’insécurité alimentaire, dont plus de 5,4 millions de personnes au Kenya. Cela pourrait entraîner davantage d’épidémies de maladies.

« Une crise alimentaires est aussi une crise sanitaire », rappelle le Dr Abdourahmane Diallo, Représentant de l’OMS au Kenya. « Une action mondiale immédiate est nécessaire pour sauver des vies au Kenya et dans la grande Corne de l’Afrique. »
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