Espace budgétaire en sante et efficience en côte d’ivoire : Quelles marges de manoeuvre ?
L’ensemble des pays de la région africaine cherche à accroitre la marge de manoeuvre budgétaire afin d’améliorer la réponse aux besoins des secteurs sociaux, et en particulier ceux du secteur de la santé1. L’augmentation de l’espace budgétaire peut notamment s’effectuer par un accroissement macro-fiscal, la mise en place de recettes fléchées, une meilleure priorisation du budget vers le secteur ou encore par une meilleure efficience des dépenses et ressources extérieures. Cette dernière option, liée à l’efficience, a cependant rarement été étudiée et mesurée. Il est donc opportun de se demander quelles sont les marges possibles pour une augmentation de l’espace budgétaire en santé provenant d’une meilleure efficience des dépenses de santé ? Comment faire en sorte que les gains issus d’une meilleure efficience de la dépense restent dans l’enveloppe budgétaire sectorielle ?
La forte croissance du produit intérieur brut (PIB) de la Côte d’Ivoire (9,4 % en moyenne) entre 2012 et 2015 a permis d’accroître les ressources disponibles (en valeur nominale) pour le secteur de la santé. Le budget du ministère de la Santé est passé de 128,3 milliards à 213,3 milliards de Francs CFA (soit de 242 millions à 403,37 millions US$) entre 2012 et 2016, soit environ 16,6 % de croissance par an. Dans le même temps, la part allouée à la santé est restée stable, et relativement faible représentant seulement 5 % des dépenses publiques. Face aux besoins croissants liés au démarrage de l’assurance maladie nationale dénommée Couverture Maladie Universelle (CMU), les possibilités pour augmenter davantage les ressources du secteur semblent limitées. En parallèle, il semble que l’efficacité des dépenses publiques dans le domaine ne soit pas optimale. Les opportunités pour de meilleurs résultats semblent en effet être réduites en raison d’un nombre important de facteurs conjoncturels et structurels liés au système de santé, lui-même, mais également aux faiblesses du système de gestion des finances publiques.
Dans ce contexte, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), en collaboration avec le gouvernement ivoirien et ses partenaires au développement, a souhaité initier une étude permettant de mettre en lumière les possibilités d’accroissement de l’espace budgétaire pour le secteur de la santé grâce à une meilleure efficience des dépenses. Ce travail s’inscrit dans une logique plus globale d’un programme de travail développé par l’OMS à Genève sur les questions d’espace budgétaire qui explore notamment de nouvelles approches permettant de mesurer les possibilités d’extension de l’espace budgétaire national dans le secteur de la santé.