Message de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique
Le thème retenu pour l’édition 2021 de la Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines (MGF), prévue ce 6 février, est « L’inaction n’est pas une option : s’unir, récolter des fonds et agir pour l’élimination des mutilations génitales féminines ». Ce thème souligne qu’une action accélérée s’avère nécessaire pour sauver les filles de ce préjudice esthétique intentionnel qui viole leurs droits et qui affecte à la fois leur santé et leur bien-être.
À l’échelle mondiale, une fille âgée de 15 à 19 ans sur trois a subi une mutilation génitale féminine.
A court terme, les mutilations génitales féminines entrainent une douleur aiguë, une infection, une hémorragie, et même la mort. Parmi les risques à long terme, on peut citer les infections génitales et urinaires chroniques, des problèmes de santé reproductive, la stérilité et des complications obstétricales. Dans les pays où la pratique des mutilations génitales féminines a cours, sept filles et femmes sur dix estiment que cette pratique doit être abolie.
Vingt-six pays de la Région africaine de l’OMS sont concernés par les mutilations génitales féminines. Ces pratiques ont été interdites dans 22 de ces pays, mais pas encore au Cameroun, ni en République démocratique du Congo, au Mali et en Sierra Leone.
Malheureusement, la crise provoquée par la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) a accru le risque de perpétuation de cette pratique néfaste. La fermeture des écoles et le confinement de la population ont perturbé les programmes de lutte contre les mutilations génitales féminines en réduisant l’accès aux messages et autres services de prévention. Les familles en proie à une crise financière peuvent subir plus de pression pour que leurs filles se marient, et les mutilations génitales féminines servent souvent de préalable au mariage. Le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) et le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) estiment que l’on pourrait enregistrer deux millions de cas supplémentaires de mutilations génitales féminines au cours des 10 prochaines années, dans le sillage de la crise provoquée par la COVID-19.
Certains pays réalisent des progrès importants vers l’abolition de la pratique des mutilations génitales féminines. Par exemple, le Burkina Faso a intégré la prévention des mutilations génitales féminines et les soins aux femmes et aux filles qui en sont victimes dans son programme de formation en soins obstétricaux. Un modèle de surveillance des mutilations génitales féminines a été établi, qui repose sur la documentation des MGF dans le contexte des soins prénatals. Cette expérience montre qu’il est possible de mesurer la prévalence des mutilations génitales féminines grâce au secteur de la santé.
À l’OMS, nous œuvrons de concert avec les États Membres, les partenaires et les donateurs pour éliminer les mutilations génitales féminines. À titre d’exemple, nous entreprenons le plaidoyer pour la prévention de cette pratique néfaste auprès des gouvernements, des associations professionnelles, des communautés et des chefs religieux. Nous collaborons également avec les pays à l’élaboration des politiques, des directives, ainsi qu’à la mise au point des outils et du matériel de formation destinés aux agents de santé, l’ambition étant de fournir des services de prévention et des soins aux filles et aux femmes qui ont subi des mutilations génitales féminines.
Aujourd’hui, je lance un appel à tous les États Membres et aux donateurs pour qu’ils investissent davantage dans la lutte contre les mutilations génitales féminines et pour que la prise en charge des complications des mutilations génitales féminines soit incluse dans la liste des services de santé essentiels pour les programmes de développement et humanitaires. De cette façon, nous pourrons protéger les filles, les femmes et les communautés contre les dangers que représentent les mutilations génitales féminines.