Message de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique
La Journée mondiale de l’hygiène des mains est célébrée le 5 mai de chaque année afin d’instaurer et de promouvoir une culture du lavage des mains, tout en suscitant une prise de conscience accrue et une meilleure compréhension de ce geste efficace et économique qui permet de limiter la propagation des maladies.
Le thème retenu pour l’édition de cette année, « Unis pour la sécurité : nettoyez vos mains », met l’accent sur les formations sanitaires et appelle les agents de santé, les patients et les membres de leurs familles à se mobiliser en faveur de l’hygiène des mains, en vue d’instaurer une culture de soins plus sûrs et de qualité.
Les données disponibles nous montrent que l’adoption de mesures efficaces de lutte anti-infectieuse, au nombre desquelles l’hygiène des mains, pourrait non seulement réduire de plus de moitié les infections associées aux soins de santé, mais permettrait aussi d’accroître de 44 % les taux de survie des nouveau-nés. En outre, la pratique conforme et régulière de l’hygiène des mains contribue grandement à la lutte contre les épidémies et les pandémies, comme en témoignent la riposte à la maladie à coronavirus 2019 (COVID-19) et au choléra, et la menace naissante de la résistance aux antimicrobiens.
L’adoption du lavage des mains comme une mesure prioritaire de lutte anti-infectieuse se présente ainsi comme un défi dont les enjeux sont mis en évidence par les estimations mondiales, publiées conjointement par l’OMS et l’UNICEF, qui révèlent qu’une formation sanitaire sur quatre dans le monde ne dispose même pas d’installations essentielles d’alimentation en eau, et qu’une formation sanitaire sur trois est dépourvue d’installations pour l’hygiène des mains sur le lieu des soins. Le tableau est encore plus sombre en Afrique où la moitié des formations sanitaires n’ont pas accès aux services de base pour l’approvisionnement en eau.
L’OMS a élaboré et a mis à la disposition des États Membres et des formations sanitaires, des lignes directrices pour l’hygiène des mains dans les soins de santé, et des orientations techniques ont été formulées pour la mise en œuvre des outils de suivi dans les pays de la Région africaine. L’OMS dans la Région africaine a aussi fourni un appui à la promotion des pratiques d’hygiène des mains grâce à des campagnes de sensibilisation menées dans les États Membres, à des séances de formation dispensées à plus de 200 000 agents de santé depuis le début de la pandémie de COVID-19 et à la fourniture d’un appui infrastructurel à plusieurs formations sanitaires dans le cadre des services d’eau, d’hygiène et d’assainissement. En outre, des orientations techniques ont été formulées en vue de la production de solutions hydroalcooliques et de la transposition à une plus grande échelle des actions engagées dans des États Membres comme l’Afrique du Sud, le Burkina Faso, l’Éthiopie, l’Ouganda et le Tchad.
L’OMS a collaboré avec l’Union africaine et les Centres for Disease Control and Prevention d’Afrique pour élaborer un cadre juridique visant à institutionnaliser les normes de lutte anti-infectieuse au niveau national et dans les formations sanitaires. Ce cadre juridique consacre l’hygiène des mains comme un indicateur national de la qualité des systèmes de santé qui, à ce titre, doit être formalisé dans tous les pays. Les bonnes pratiques en matière d’hygiène des mains doivent être vulgarisées et consolidées afin d’instaurer une culture de la conformité et, partant, d’améliorer le bien-être des populations de la Région africaine.
Les services d’eau, d’assainissement et d’hygiène, tout comme les pratiques d’hygiène des mains, sont une composante essentielle des normes minimales de l’OMS en matière de lutte anti-infectieuse. Le plan stratégique régional pour la lutte anti-infectieuse prévoit la mise en œuvre de ces exigences minimales dans tous les pays de la Région afin de renforcer la résilience future.
Une approche globale fondée sur une meilleure collaboration, ainsi que sur des partenariats et des investissements public-privé, demeure essentielle pour améliorer et entretenir les infrastructures d’accès à l’eau potable et les services d’assainissement et d’hygiène dans la Région. Des ressources financières accrues sont nécessaires dans la majorité des pays africains pour instaurer l’accès universel aux services d’eau, d’assainissement et d’hygiène d’ici à 2030, et des recherches doivent être menées sur la charge socioéconomique des infections associées aux soins de santé dans les pays du continent.
Pour faire de la propreté des mains une priorité dans les formations sanitaires, les agents de santé à tous les niveaux doivent reconnaître l’importance de l’hygiène des mains et de la lutte anti-infectieuse pour sauver des vies. En effet, l’hygiène des mains et la lutte anti-infectieuse sont des facteurs qui déterminent l’adoption des comportements et des attitudes adaptés à cette intervention critique.
À l’occasion de la Journée mondiale de l’hygiène des mains que nous célébrons ce jour, je tiens à remercier le personnel de santé de la Région africaine, qui fait preuve d’un dévouement exemplaire, et je nous exhorte tous à nous laver les mains. Je tiens aussi à saluer l’action menée par les praticiens de la lutte anti-infectieuse, qui œuvrent sans relâche pour encourager les agents de santé à adopter les nouvelles initiatives en faveur de l’hygiène des mains.
J’exhorte en outre les gouvernements et les partenaires à accroître leurs investissements en faveur de l’amélioration de l’accès de nos populations à l’eau potable et aux services d’assainissement. Si nous nous « unissons tous pour la sécurité » en pratiquant une bonne hygiène des mains, nous serons mieux outillés pour fournir aux futures générations d’Africains les soins de santé plus sûrs et de meilleure qualité que nous appelons de nos vœux.
En savoir plus :
Initiative for patient safety – hand hygiene with private organizations
Supporting you to talk about hand hygiene: A primer for those in health care
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Tools for creating an institutional safety climate