Tanguiéta – Il y a quelques mois pour pouvoir sauver leurs vies, Rachida et sa fille de 4 ans ont dû s’enfuir de leur village natal dans l’est du Burkina Faso pour trouver refuge à Tanguiéta au Nord du Bénin, à environ 590 kilomètres de Cotonou. Dans une attaque de son village par des hommes armés non identifiés, la jeune femme a perdu son mari et son fils ainé. « Nous, ma fille et moi, sommes accueillies dans cette famille que je remercie chaque jour. Mais ce n’est pas toujours facile au quotidien. Nous sommes arrivées ici les mains vides. Ni argent, ni quoi que ce soit », confie Rachida, désormais veuve et presqu’à terme de sa grossesse.

Ils sont des milliers de réfugiés venus du Burkina Faso et du Niger à vivre dans des familles d’accueil dans le Nord du Bénin. Sur place, les besoins sont divers et multiples. Dans le secteur de la santé, les centres de santé des localités d’accueil se retrouvent avec un nombre élevé de patients plus que prévu dans leur planification. Ce qui a des incidences sur la prise en charge.

Face à l’afflux massif de personnes déplacées, le Gouvernement du Bénin a sollicité en mars 2023 l’appui du Système des Nations Unies dans le pays. Ensemble, dans un élan de solidarité humanitaire, les agences ont apporté des appuis multiformes en vivres, en intrants et en numéraire dont la valeur financière est estimée à plus de deux millions de dollars américains au profit de plus de 9 000 personnes affectées par des défis sécuritaires dans le département de l’Atacora, spécialement dans les localités de Matéri et de Tanguiéta.

L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), de son côté, a apporté une contribution à travers une donation de matériels et d'équipements médicaux notamment des boîtes de petite chirurgie, des kits d’accouchement et de réanimation du nouveau-né, des tables d’accouchement, des lits et matelas, des médicaments ainsi que des produits pour la prévention des maladies diarrhéiques. Ceci pour soutenir les capacités des centres de santé pour une meilleure prise en charge de ces personnes qui se retrouvent dans une situation de vulnérabilité.  

En riposte à une épidémie de choléra récurrente dans la zone, l’OMS avait préalablement mis à la disposition de la Direction départementale de la Santé de l’Atacora une contribution substantielle de médicaments, notamment des antibiotiques, des déparasitants, des consommables et des équipements d’hygiène pour la prise en charge et la prévention. « Assurer la continuité des services de santé essentiels de qualité au profit de ces personnes est important pour l’OMS. Nous servons les plus vulnérables pour permettre à tous d’avoir accès à des soins de santé de qualité », a déclaré la Dre Sonia Kossou Bédié, chargée de la préparation et de la réponse aux situations d’urgence au Bureau de l’OMS au Bénin.

Les incidents sécuritaires sont de nature à fragiliser le secteur décentralisé de la santé et ont des incidences sur les indicateurs en santé. « Ces dons vont nous permettre de renforcer les capacités des structures sanitaires pour assurer la continuité des services de santé essentiels de qualité au profit des personnes déplacées », a indiqué le Dr Doumitou Moutouama, directeur départemental de la santé de l’Atacora.

C’est en présence de certains réfugiés, dont Rachida, que les dons ont été remis aux autorités béninoises. « C’est avec beaucoup de joie que je constate que l’OMS a apporté aux centres de santé de notre zone des équipements et des médicaments. Je suis presqu’à terme et je suis sûre que je pourrai bénéficier de ces équipements et produits lors de l’accouchement », se réjouit Rachida. « Ces dons viennent au bon moment et je me sens vraiment soulagée ».