Hépatite B : la vaccination dès la naissance pour protéger la vie
Cotonou – Tout au long des dix années qu’elle a passées en tant que sage-femme, Françoise Kouveglo, en poste au centre de santé de Houenoussou à Cotonou, a vécu des instants pleins d’émotions en salle d’accouchement. « Le moment de la naissance reste très fort et je ressens tellement de choses, mais pour moi l’essentiel reste de m’assurer que le bébé est né en toute sécurité, qu’il est en bonne santé, ainsi que sa maman. »
Pour garantir la bonne santé des bébés, un protocole de prise en charge du nouveau-né est mis en place à la maternité de Houenoussou et est appliqué dans toutes les structures de santé au Bénin. Il prévoit notamment l’administration du vaccin contre l’hépatite B au nouveau-né dans les 24 heures suivant la naissance.
Le Bénin avance fermement vers la cible de l’élimination des maladies prioritaires en 2030, dont l’hépatite B, faisant partie des 14 pays qui ont opté pour la stratégie d’intégration du vaccin anti-hépatite B dans son Programme Elargi de vaccination (PEV).
« Depuis 2020, chaque nouveau-né en salle d’accouchement ou dans les 24 heures de vie reçoit gratuitement la première dose du vaccin contre l’hépatite B, à compléter par deux ou trois doses supplémentaires administrées à quatre semaines d’intervalle au moins », explique le Professeur Sossa Edmond Gbedo, Coordonnateur du Programme national de lutte contre les hépatites (PNLH) au Ministère de la santé.
L'hépatite B est une infection du foie provoquée par un virus du même nom. L'infection peut être de courte ou de longue durée, et elle entraîne un risque élevé de décès. La vaccination à l’enfance est une composante essentielle de la lutte contre l’hépatite B. Selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), c’est le moyen le plus efficace d’interrompre la transmission du virus, car 95 % de la charge de morbidité chronique est due à des infections contractées chez les enfants avant leur cinquième anniversaire.
Au Bénin, la prévalence de la maladie dans la population générale est de 4,49 % et de 4,32 % chez les enfants de moins de 5 ans, en dessous du seuil d’endémie de 8 % établi par l’OMS. Les indicateurs sont prometteurs, avec une estimation de 84,90 % de bébés vaccinés à la naissance en 2023, contre seulement 9,18 % en 2020.
La vaccination systématique dès la naissance est au cœur du renforcement des capacités des acteurs de première ligne, dont la mise en œuvre est appuyée par l’OMS. « La formation des professionnels de santé figure parmi les mesures de prévention primaire de l’hépatite B, avec pour but de rompre les chaînes de transmission et de préserver les futures générations », explique le Dr Jean Kouamé Konan, Représentant de l’OMS au Bénin.
Soutenus par l’Organisation, 84 médecins et 97 personnels infirmiers et autres acteurs ont bénéficié de renforcement des capacités entre 2020 et 2023. Aussi, 87 statisticiens et responsables de surveillance épidémiologique ont été formés sur la mise en place d’outils et de mécanisme de collecte des données, ainsi que sur les directives nationales de la surveillance.
Françoise fait partie des 64 sage-femmes formées à la prévention et à la prise en charge de la maladie. Elle a amélioré ses compétences en matière de suivi des registres de vaccination, ainsi que pour la sensibilisation des femmes enceintes. Dès la consultation prénatale, elle dépiste les femmes pour connaître leur statut et les sensibilise sur l’importance des vaccins en s’assurant qu’elles comprennent la nécessité de l’injection de la première dose du vaccin contre l’hépatite B pour leur bébé dès la naissance. « C’est ainsi que nous œuvrons pour la bonne santé des bébés qui naissent entre nos mains », déclare-t-elle.
Grâce à cette approche, les femmes adhèrent facilement au dépistage et acceptent le vaccin pour leur bébé. Ce fut le cas pour Victoire, 28 ans, suivie par Françoise pendant sa grossesse. « Dès que mon bébé est arrivé, ma sage-femme m’a rappelé qu’il devrait recevoir le vaccin contre l’hépatite B. J’ai vu les effets de cette maladie dans mon entourage, alors je suis contente que mon enfant soit protégé dès ses premières heures de vie. Le traitement est particulièrement coûteux alors j’ai aimé qu’on nous fournisse gratuitement le vaccin pour le bébé », confie-t-elle.
Avec la gratuité du vaccin, les nouveau-nés ne sont plus vulnérables à l’infection de l’hépatite B au Bénin – à condition que les mères accouchent au sein d’une structure de santé. En effet, les progrès encourageants de la vaccination du nouveau-né contre l’hépatite B sont étroitement liés à l’accouchement assisté par un personnel de santé qualifié et en structure de santé.
Grâce aux efforts conjoints ayant permis de sensibiliser sur la question et de mettre en place des structures, il est estimé que 77,2 % des accouchements au Bénin étaient assistés par un personnel de santé qualifié en 2022, selon les indicateurs de l’OMS, sur une moyenne de 71 % pour la Région africaine.
« Le Bénin est sur la bonne voie pour être au rendez-vous de 2030 concernant l’hépatite B. Selon notre vision, les maladies évitables par la vaccination ne doivent plus constituer un problème de santé publique pour les populations », estime le Dr Konan.
Chargée de communication
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique
Email: dialloka [at] who.int (dialloka[at]who[dot]int)
Chargée de Communication
OMS Bénin
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