Ver de Guinée

Ver de Guinée

Mission conjointe OMS et Ministères de la Santé Publique du Niger et du Mali dans les camps des réfugiés maliens dans la région de Tillabéri au Niger, du 04 au 08 juin 2012

I. Contexte de la mission:

Le Niger faisait partie des pays endémiques d’Afrique, qui ont accompli de progrès significatifs dans le processus d’éradication de la dracunculose. De 33 000 cas de Ver de Guinée en 1991 selon l’enquête nationale, le pays est passé à Zéro (0) cas en 2008-2011. Le dernier cas autochtone notifié par le pays remonte au mois d’octobre 2008.

Depuis lors, le pays est entré dans la phase de pré-certification, obligatoire avec un renforcement de la surveillance épidémiologique et une intensification de la communication /mobilisation sociale, préalables à l’obtention du certificat, c’est–à-dire de pays déclaré indemne de cette maladie.

Ainsi, après quatre (4) ans, de surveillance épidémiologique et de sensibilisation, le pays s’apprêtait à accueillir la Commission Internationale de Certification de l’Éradication de la Dracunculose (ver de guinée) en cette année 2012. Mais, le conflit armé du Nord-Mali de la dernière semaine du mois de janvier 2012, avec son corollaire de crise humanitaire, a entraîné un déplacement des populations des régions de Gao, de Ménaka et de Kidal vers les régions frontalières de Tillabéri et de Tahoua au Niger.

Quand on sait que le Mali a enregistré 12 cas de ver de guinée en 2011, le risque de résurgence de la maladie tant au Nord Mali que dans les régions abritant les réfugiés au Niger, existe. Au vu de cette situation, le Programme National d’Éradication du Ver de Guinée (PNEVG) du Niger avec l’appui de l’OMS et des autres partenaires, a institué un système d’alerte précoce pour une vigilance accrue, à travers plusieurs visites de terrain pour surveiller, superviser les camps des réfugiés dès les premières semaines de la crise.

Cette initiative a été saluée et renforcée par des directives fournies par l’OMS/AFRO à tous les pays limitrophes du Mali, depuis le 16 Février 2012 Ces directives ont porté sur l’intégration dans les activités sanitaires, des activités suivantes: -i) un système d’information sur la dracunculose et sa prévention, -ii) un système actif de détection précoce de cas éventuels de dracunculose, - iii) un système d’enregistrement des cas éventuels et de rumeurs, - iv) une stratégie d’isolement de tout cas éventuel.

Après quatre mois de mise en oeuvre de ces directives, l’OMS en collaboration avec les Ministères de la santé du Niger et du Mali, a diligenté une mission conjointe de suivi des activités de surveillance du ver de Guinée dans les camps de réfugiés maliens au Niger, notamment dans quelques camps de la région de Tillabéri, du 04 au 08 Juin 2012.

L’équipe de la mission conjointe a été composée des membres ci-après

  • Dr MAïGA Alhousseini, Point focal / NTDs/IST-WA à Ouagadougou;
  • Dr GUINDO Gabriel, Coordonnateur du PNEVG du Mali, invité par l’OMS;
  • M. HAROU Oumarou, Coordonnateur PNEVG du Niger,
  • M.ZANEIDOU Mamane, Epidémiologiste à la DSRE au MSP/Niger,
  • Dr SOGA Garba, DPC/OMS/Niger.
  • Mr CHAIBOU Bachir, Information et Technologies, OMS/Niger
  • Mr HAMA Kadri, Coordonnateur régional Ver de guinée -Tilaberi

Sur le terrain, l’équipe a été accompagnée par les coordonnateurs régionaux et des Districts, concernés de la région de Tillabéri.

II. Objectifs et résultats de la mission:

2.1 Objectifs: Les objectifs de la mission conjointe ont été les suivants:

  • Prendre connaissance des mesures mises en place dans les camps de réfugiés maliens pour la surveillance et la riposte relatives au Ver de Guinée;
  • Effectuer une visite de terrain dans les camps de réfugiés pour apprécier le niveau de mise en oeuvre des mesures relatives à la surveillance du Ver de Guinée;
  • Formuler des recommandations pertinentes, à la lumière des forces et faiblesses identifiées et des leçons apprises, pour améliorer la surveillance et la riposte dans tous les camps de réfugiés.

2.2 Résultats de la mission:

  • La 1ère étape de la Mission: Après les rencontres avec les responsables sanitaires du Ministère de la Santé Publique du Niger, le Bureau OMS/Niger, et le Président de la Commission Nationale d’Éradication de la dracunculose (CNCED), l’équipe de la mission s’est rendue à Tillabéri le 04 Juin 2012. Le lendemain, elle a d’abord rencontré l’équipe de la Direction Régionale de la Santé Publique (DRSP) de Tillabéri, pour une réunion de travail, puis le Gouverneur et ses proches collaborateurs, pour une visite de courtoisie, avant de se rendre dans le nouveau département d’Ayorou (autrefois dans le district sanitaire de Tillabéri), situé à 90 km de Tillabériville, chef–leu de région, et à 40 km de la frontalière avec le Mali. Là, elle a été reçue par le Préfet de la localité. De là, elle s’est rendue au nouveau grand camp de réfugiés maliens à Tabarey Barey à 5 km au Nord de la ville d’Ayorou, installé récemment et officiellement par le Gouvernement du Niger et ayant reçu la visite du Premier Ministre du Niger la veille de l’arrivée de l’équipe. Le camp d’une superficie de 1 km x 1 km, abrite plusieurs groupes communautaires (peulhs touareg, sonrhaï), venus des régions de Gao (Labezzanga), au nombre estimatif et provisoire de 10 000 réfugiés. La prise en charge de ces déplacés est assurée par l’Etat du Niger et les partenaires tels que l’UNHCR, MSF-Suisse, Plan Niger, en matière de protection (tentes), d’approvisionnement en eau potable, d’hygiène et assainissement, en vivres et non-vivres et en soins de santé. Des échanges ont eu lieu avec le chef d’un groupe communautaire Peulh (Tamakazzar) composés de 124 ménages, soit 437 personnes, la préoccupation majeure de cette communauté a été le Paludisme. L’équipe de la mission conjointe a ensuite informe, sensibilisé cette communauté et a également distribué des posters, des affiches sur le ver de Guinée et le système de récompense, pour la détection et la notification des cas et des cas de rumeurs de ver de Guinée. La visite du camp s’est terminée par des entretiens avec l’équipe médicale de MSF sur place, portant sur les maladies rencontrées chez les réfugiés, l’utilisation des supports SNIS de collecte des données et ses rapports avec le CSI d’Ayorou et les équipes cadres du district et de la direction régionale de Tillabéri. Au CSI d’Ayorou, il a été vérifié les rapports d’activité de ver de Guinée, de supervision des camps des réfugiés, les rapports et supports SNIS. Aucun cas de ver de guinée n’a été notifié ni dans les camps ni ailleurs, mais 6 cas de rumeurs dans les districts dont un dans le camp des réfugiés ont été signalées et un cas de lèpre transféré au CSI d’Ayorou.

    Aussi, les agents de santé et les communautés rencontrées ont été entretenues sur le choléra, le paludisme la poliomyélite et la rougeole.

    A l’issue de la visite du camp, il a été demandé aux agents de santé communautaires du Mali parmi les réfugiés et le personnel de santé du Niger et des autres partenaires sur le terrain, de poursuivre la sensibilisation sur le ver de guinée, surtout en cette période de pluies qui s’installe progressivement et qui constitue habituellement la période propice à l’apparition et la propagation de la maladie du ver de guinée.
     
  • La 2ème étape de la mission a été le département de Ouallam, qui abrite le 2ème grand camp des réfugiés maliens officiellement installé au village de Mangaizé, situé à 45 km de la ville de Ouallam et à 80 km de la frontière avec le Mali. Ce camp reçoit les réfugiés en provenance des régions de Ménaka et d’Anderboukane au Mali, transitant par le point d’entrée au village Sinegodar à 9 km de la frontière. Il est installé à 2 km au Sud du village de Mangaizé qui dispose d’un CSI de type 2. Avant le déplacement à Mangaizé, l’équipe de la mission a effectué auparavant, une visite de courtoisie au Préfet de Ouallam, en présence du Médecin-chef de district, des échanges et distribution d’affiches et de documents sur la maladie du ver de Guinée, ont été à l’ordre du jour ; ensuite une réunion de travail avec l’équipe cadre du district pour situer l’objet de la mission. Au village de Mangaizé, l’équipe de la mission a rencontré le chef CSI et ses collaborateurs. Ils ont échangé sur les maladies rencontrées de Janvier à Juin 2012, les soins apportés et les appuis reçus des partenaires intervenants dans la localité et des sorties de sensibilisation sur le ver de guinée, avec l’appui de l’UNICEF et de MSF-Suisse.. Le CSI offre des soins à tous les malades y compris les réfugiés et y assure aussi des consultations CPN et des accouchements. Il reçoit jusque là un appui de MSF-Suisse en médicaments et en personnel. Au niveau du site des réfugiés, large de 1 000 m x 800 m environs, à la date de 31 mai 2012, 4 118 réfugiés maliens et retournés nigériens ont été accueillis, et leur flux continue chaque jour avec de nouveaux arrivants. Parmi ces réfugiés, on dénombre depuis le 15 mai dernier, 2 694 réfugiés maliens et 1 424 retournés nigériens. Il s’agit de plusieurs groupes communautaires Zarma, Haoussa, Peulhs et Bella, peuplant le camp et venant des localités de Ménaka, Toboukor et Kidal au Mali. Les infrastructures d’approvisionnement en eau potable, en hygiène et assainissement, sont en place, un comité de gestion du camp est déjà fonctionnel. Une séance d’information et de sensibilisation, et une distribution de posters d’affiches sur la maladie du ver de guinée et le système de récompense, ont été l’objet de la rencontre de l’équipe de la mission et des groupes communautaires rassemblés à cet effet.

    Aucun cas de ver de guinée n’a été signalé, mais un cas de rumeur investigué: il s’agissait d’un cas de varices de la jambe droite chez une femme Bella de 35 ans.

    A l’issue de la visite du camp, il a été encore demandé aux agents de santé communautaires du Mali parmi les réfugiés et le personnel de santé du Niger et des autres partenaires sur le terrain, de poursuivre la sensibilisation sur le ver de Guinée, surtout en cette période de pluies qui s’installe progressivement et qui constitue habituellement la période propice à l’apparition et la propagation de la maladie du ver de Guinée.

    Aussi, les agents de santé et les communautés rencontrées ont été entretenues sur le choléra, le paludisme la poliomyélite et la rougeole.
     
  • La 3ème étape de la mission a été la visite du camp des réfugiés du nouveau département d’Abala (autrefois dans le district de Filingué):

Avant de faire le déplacement à Abala, distant de 75 km au Nord de Filingué et de 80 km de la frontière avec le Mali, l’équipe de la mission a successivement rencontré l’équipe cadre du district de Filingué, puis le Préfet du département, pour situer le cadre et l’objet de la mission. Avec l’équipe cadre de district les échanges ont porté sur les activités des JNV (NIDs), de TNN, de surveillance et de supervison menées dans le cadre de l’éradication du Ver de Guinée, au cours des 5 premiers mois de l’année, et surtout depuis le passage de l’équipe de la coordination du PNEVG en Avril 2012. Avec la visite chez le Préfet, cette initiative de la mission a été vivement saluée et encouragée

par le Préfet, qui a par ailleurs rassuré l’équipe de la sécurité reignant dans son département.

L’équipe de la mission a effectué le déplacement d’Abala, sans excorte militaire, contrairement aux sorties sur Ayorou et Mangaizé. Elle y a été accueillie par l’équipe du CSI et le Préfet du département, qui a tenu à faire avec l’équipe, tout le circuit de la visite dans le camp des réfugiés et au CSI même d’Abala.

Au niveau du camp d’Abala, situé à 2 km de au Sud-Ouest de la ville, d’une superficie d’environ 3 km X 1km, et abritant près de 10 000 réfugiés, composés de plusieurs groupes communautaires, venant des régions de Kidal, de Ménaka, d’Anderboukane et Gao, transitant souvent

par les villages de Sinegodar et de Miel, non loin de la frontière avec le Mali. Il s’agit de 52 % de femmes et 48 % d’hommes. Ce camp a été officiellement installé par les le Gouvernement nigérien avec l’appui des partenaires comme l’UNICEF, le HCR, l’ACTED et MSF-France. Ces partenaires y apportent l’appui en vivres et non-vivres, en protection, en infrastructures d’hygiène et assainissement, en soins de santé, en médicaments au CSI et en approvisionnement en eau potable et en infrastructures sociales de base (1 école en vue pour les enfants des réfugiés, une équipe de tri des malades dans le camp, l’approvisionnement en eau potable de 120 m3 d’eau, 1 forage en construction, 13 bornes fontaines bientôt, une mini-adduction d’eau pour la ville même d’Abala. Parmi les réfugiés, il a été identifié des fonctionnaires d’état du Mali, des infirmiers et infirmières, des agents relais, des Sages-femmes, des Enseignants (20). Ce qui constitue une opportunité pour renforcer les activités de soins de santé, et de sensibilisation sur les maladies prioritaires dont la maladie du ver de Guinée. Au niveau du CSI, il a été question des activités de surveillance et de sensibilisation sur le ver de Guinée, les autres maladies prioritaires dont 3 cas de rougeole notifiés mais les résultats des prélèvements non encore reçus pour déterminer une action. Dans l’aire de santé et dans le camp des réfugiés, aucun cas de ver Guinée, ni de cas de rumeur, n’a été notifié.

A l’issue de la visite du camp, il a été aussi demandé aux agents de santé communautaires du Mali parmi les réfugiés et le personnel de santé du Niger et des autres partenaires sur le terrain, de poursuivre la sensibilisation sur le ver de Guinée, surtout en cette période de pluies qui s’installe progressivement et qui constitue habituellement la période propice à l’apparition et la propagation de la maladie du ver de Guinée.

III. Constats faits par l’équipe de la mission:

Au terme de quatre (4) jours de mission sur le terrain dans les gros camps de réfugiés Maliens et nigériens retournés, les constats suivants ont été relevés:

  • La population des réfugiés et nigériens retournés du Mali, est déjà sensibilisée et informée sur la nécessité du renforcement de la vigilance en matière de surveillance ver de guinée ;
  • La présence des superviseurs et/ou agents de santé communautaire venant du Mali parmi les populations de déplacées est une opportunité à saisir;
  • L’insuffisance de l’harmonisation des données sanitaires entre les services étatiques et les partenaires intervenants sur les sites est aussi une nécessité;
  • L’existence de comités de gestion et de relais dans les camps visités est importante pour les séances de sensibilisation;
  • Dans tous les camps des réfugiés et CSI visités, aucun cas de ver de Guinée n’a été enregistré;
  • L’existence des affiches sur le ver de Guinée au niveau de tous les sites visités a été constatée;
  • La pise en charge de la problématique de l’approvisionnement en eau potable, des conditions satisfaisantes des volets hygiène/assainissement ainsi que des soins de santé de façon gratuité, dans tous les camps des réfugiés, a retenu l’attention de la mission;
  • Les rapports de sorties de supervision ou de sensibilisation dans les camps des réfugiés depuis leur arrivée au Niger, par les agents de santé, les superviseurs et agents de relais, au niveau des CSI, des districts sanitaires et de la région concernés, ont été appréciés.

Aussi, les agents de santé et les communautés rencontrées ont été entretenues sur le choléra, le paludisme la poliomyélite et la rougeole.

IV. Conclusion:

Au cours de son séjour sur le terrain, l’équipe de la mission conjointe OMS et MSP du Mali et du Niger, dans les districts accueillant les réfugiés et retournés du Mali, a apprécié et encouragé les activités de surveillance du ver de Guinée qui ont été menées. Aussi, au niveau des camps, des CSI, des districts et de la région concernés par la présence des réfugiés, ainsi qu’au niveau des autorités locales, régionales et nationales rencontrées au cours de la mission, l’équipe a également apprécié les échanges fructueux sur les activités de pré

certification (relance du processus de certification) et le rappel des éléments clés (archivage/documentation des activités) de certification à tous les niveaux. La distribution des dépliants sur « le compte à rebours vers l’éradication de la maladie du ver de Guinée », des posters, autocollants, cartes d’identification du ver de Guinée, et les affiches sur le système de récompense, ont été des supports importants à ces échanges.

V. Recommandations :

Au terme de la mission et pour renforcer les acquis, l’équipe a recommandé ce qui suit:

  • Renforcer la vigilance dans les camps de réfugiés et au niveau des populations environnantes;
  • Documenter systématiquement toute information relative au ver de Guinée;
  • Renforcer la capacité des agents de santé sur les activités de pré certification;
  • Utiliser les opportunités de la présence remarquables des professionnels parmi les réfugiés pour une meilleure mobilisation de ces déplacés;
  • Organiser de réunions mensuelles de coordination sur les maladies prioritaires y compris le ver de Guinée;
  • Renforcer la communication entre le PNEVG/Niger et la Commission Nationale pour la Certification de l’Eradication de la Dracunculose (CNCED) en vue d’accroître l’implication de ses membres sur les activités de pré certification et le plaidoyer;
  • Le Niger doit élaborer un plan pour l’organisation de l’évaluation finale par une équipe internationale de certification de l’éradication de la maladie du Niger en 2013.

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