Le Congo a presque doublé les dons de sang en trois ans

Brazzaville - En République du Congo, 80 % des produits sanguins collectés sont fournis aux hôpitaux traitant les femmes et les enfants. Les pénuries de produits sanguins mettent en péril la vie des patients qui en ont besoin pour leur prise en charge transfusionnelle, presque toujours dans un contexte d’urgence.

Au cours des trois dernières années, le pays a pris des mesures pour augmenter les dons de sang afin de couvrir ses besoins annuels de 150 000 poches en moyenne. Des centres de don du sang supplémentaires ont été mis en place dans les principaux hôpitaux et universités et d'autres points de collecte seront implantés pour renforcer les stocks.

Le poste de transfusion sanguine de l'hôpital mère-enfant Blanche Gomes de Brazzaville est l'un des principaux sites de don du sang du pays. Le Dr Serge Oscar Mokono (absent sur la photo), directeur du Centre National De Transfusion Sanguine (CNTS), explique que grâce à l'augmentation du nombre de sites de don, le pays a connu une augmentation de l'offre en trois ans, passant de 45 000 à 86 000 poches actuellement.

« Nous avons adopté une approche de proximité : nous allons sur les lieux de travail, dans les quartiers, les marchés pour sensibiliser au don de sang. Grâce à cela, nous avons actuellement 40% de donneurs de sang volontaires », dit-il.

« Mais des efforts restent à faire, car nous avons besoin d'une moyenne de 150 000 poches par an », ajoute-t-il.
Le sang et les produits sanguins sont des ressources essentielles à la bonne prise en charge des patients. C’est le cas particulièrement pour les femmes qui souffrent de saignements au cours de la grossesse et de l’accouchement, les victimes d’accidents, ainsi que les patients qui subissent des actes médicaux et chirurgicaux complexes.

« La première fois que j'ai donné mon sang, j’étais en mission de travail au CHU de Brazzaville. Ce jour-là, j’ai constaté qu’il y avait une pénurie de sang. Comprenant l'importance de cet acte, j'ai décidé de donner de mon sang et je le fais depuis cinq ans, deux à trois fois par an », explique Dominique Linguendze, 30 ans, venue ce matin-là à l'hôpital Blanche Gomes pour donner du sang.
Depuis 4 ans, Dr Mokono œuvre avec ses équipes à la direction du CNTS pour que plus aucun patient ne décède au Congo par manque de sang.

« Il est inadmissible que des gens continuent à mourir à cause du manque de sang dans notre pays. En se donnant la main et avec la volonté de tous, ce problème peut être résolu. La solution est à notre portée, maintenant », dit-il, tout en notant qu’au Congo, le poids culturel est un obstacle majeur au don de sang volontaire.

« Ce qui empêche beaucoup de gens de donner leur sang, c’est une croyance ancrée dans certaines communautés. La symbolique du sang est très forte et beaucoup penses que l'âme réside dans le sang alors pour eux, donner de son sang revient à perdre son âme, ses totems et sa puissance. Ils estiment que le fait de donner leur sang les expose et les rend vulnérables. »

« Face aux idées reçues ou aux craintes, une communication effective et rassurante arrive à lever les doutes et à convaincre les gens de l’importance de donner de leur sang », estime Dr Mokono.
Le CNTS a mis en place des postes de collecte de sang dans les cinq grands hôpitaux de Brazzaville, et des postes avancés fixes de collecte de sang sont prévus dans des endroits populaires à travers la ville.

« Nous prévoyons en installer par exemple dans les marchés et universités, de manière à prélever 500 à 1000 poches. Un poste avancé a déjà été installé à l'université Marien Ngouabi, et ce sont les étudiants qui l'animent. Ils se mobilisent entre eux et font un programme de collecte. Nous leur apportons un soutien technique pour les prélèvements et la manipulation », poursuit Dr Mokono.

Cinq autres postes sont prévus d’ici la fin de l’année.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) fournit l’appui technique nécessaire aux pays pour développer des stratégies et des structures permettant de disposer d'un stock de sang sûr et en quantité suffisante.

« C’est le cas par exemple avec l'hémovigilance, c’est-à-dire le dispositif de veille sanitaire relatif à la transfusion sanguine, ou encore les bonnes pratiques transfusionnelles, l'utilisation rationnelle du sang pour qu’il n’y ait pas de gaspillage, etc. Bref, il s’agit de tous les outils qui permettent aux autorités d'avoir la parfaite maîtrise de la chaîne d’approvisionnement en sang », note le Dr André Loua, Conseiller régional pour la sécurité du sang au Bureau régional de l’OMS pour Afrique.
Dr Sarah Mbao Bogo, médecin gynécologue à l'hôpital mère-enfant Blanche Gomes de Brazzaville, ne sait que trop bien l’importance de la disponibilité à temps du sang.

« Chaque semaine, nous avons au moins 3 à 4 complications liées aux hémorragies. Ces cas nous viennent presque totalement d'ailleurs. Pour les patientes que nous suivons ici, dès que nous décelons le risque, nous prenons action et elles sont prises en charge convenablement avant qu’elles ne perdent du sang. Toutefois, quand les patientes viennent d’ailleurs, la situation est grave en général le temps qu’elles arrivent – donc elles décèdent beaucoup par hémorragie. »
Pour Dominique Linguendze, donner son sang est le seul moyen de sauver la vie de ceux qui ont besoin de ce produit médical crucial.

« Le sang ne se fabrique nulle part. Il n’y a qu’à travers le don de sang qu’une personne dans le besoin peut en avoir. Donner de mon sang, c'est donner un peu de moi-même, un peu de ma personne. Grâce à cela, j’ai le sentiment d'être une héroïne ! »
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