Les communautés nomades vaccinées contre la COVID-19 en Tanzanie

Dar es Salaam – La Tanzanie a lancé la vaccination contre la COVID-19 en juillet 2021. Au cours de la première année de déploiement du vaccin, les fausses informations et les rumeurs sur la sûreté et l’efficacité des vaccins anti-COVID-19 ont été un obstacle à l’adoption à grande échelle du vaccin.

Avec l’appui de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des partenaires, le gouvernement tanzanien a révisé sa stratégie de sensibilisation et de vaccination. Le pays a organisé une série de campagnes de vaccination de masse qui a rehaussé la couverture de la population de 3,2 % en janvier 2022 à 54 % en juin 2023.

Dans le but d’étendre la vaccination contre la COVID-19 aux populations difficiles à atteindre, l’Union européenne s’est associée à l’OMS pour aider le gouvernement à organiser une campagne de vaccination de masse dans la région d’Arusha ciblant la population nomade Massaï.

À Monduli Juu, une localité à une heure de route d’Arusha, des motos-taxis jouent un rôle clé dans la campagne, car les travailleurs de la santé s’en servent pour aller administrer les vaccins anti-COVID-19 aux communautés vivant dans les zones périphériques.

Salimu Ngooni, conducteur de moto-taxi, est un habitué des hautes terres rocailleuses des zones montagneuses isolées de la région d’Arusha. Il transporte régulièrement des travailleurs de la santé du centre de santé de Monduli Juu vers un village de nomades Massaï, situé à 40 kilomètres de là.

Dans le cadre de la campagne nationale boma to boma, visant le porte à porte dans les résidences en zone rurale, les travailleurs de la santé sont déployés pour aller administrer des vaccins anti-COVID-19 à cette communauté isolée, inaccessible en voiture.

Les motos-taxis, ou boda bodas, font partie de la vie quotidienne des populations en Afrique de l’Est, des villes animées jusqu’aux zones rurales. Pour ces travailleurs de la santé, ce mode de transport constitue le seul moyen de déplacement pour accéder aux fermes qui sont parfois distantes de cinq kilomètres.

« Je suis conscient des difficultés rencontrées par les communautés pour accéder aux services de santé », déclare Salimu. « J’ai donc décidé d’aider les travailleurs de la santé en les transportant dans ces villages reculés pour que nos communautés puissent être vaccinées. »
Edward Ngobei, un chef communautaire du village, explique que les habitants étaient au départ réticents à se faire vacciner contre la COVID-19. Cependant, après que les travailleurs de la santé ont rendu visite à la communauté et l’ont sensibilisée, les populations ont été convaincues des avantages du vaccin, car celui-ci les protège contre les formes graves de la COVID-19 et contre les décès dus à cette maladie.

« Le défi était l’accès aux vaccins compte tenu de l’emplacement de notre communauté », indique-t-il. « Les boda bodas sont venus à notre rescousse en permettant que les travailleurs de la santé viennent jusqu’à nous. »
Alors qu’elle administre soigneusement le vaccin, Rahel Mrema, infirmière et cheffe d’équipe de vaccination, explique que la région comme diverse et ses populations comme étant vulnérables aux maladies. « La communauté est difficile à atteindre et les personnes qui vivent ici sont très vulnérables. Si une personne contracte la COVID-19, il y a de fortes chances que toute la famille soit exposée. »

Dans la région d’Arusha, 18 mois auparavant, seuls 2,8 % des habitants étaient vaccinés contre la COVID-19. Grâce aux efforts de 200 équipes, composées de vaccinateurs, d’agents chargés de la tenue des registres et de travailleurs sociaux, la couverture vaccinale de la population adulte a atteint 100 %.
« Avec le soutien de l’Union européenne, l’OMS a contribué de manière significative à l’augmentation de la couverture vaccinale de la COVID-19 dans certaines régions du pays », explique le Dr Charles Sagoe-Moses, Représentant de l’OMS en Tanzanie. « Le rôle essentiel joué par le gouvernement et les autorités locales, ainsi que l’appropriation du processus par les communautés, ont été décisifs pendant la pandémie de COVID-19. »
La campagne boma to boma est en cours à Arusha. Diana Lyuvale, une infirmière récemment déployée en tant que vaccinatrice, fait partie des travailleurs de la santé qui utilisent le boda boda de Ngooni pour se rendre au village des Massaï.

Le travail est exigeant à cause des barrières linguistiques et du terrain difficile, mais Diana reconnaît que chaque site fait face à des défis, que ce soit en ville ou au village.

« C’est ma première expérience. En tant qu’agent de santé, j’aime ce genre de défis », dit-elle. « Je suis fière de voir que mes efforts permettent à la communauté Massaï d’être vaccinée. »
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