Rapport de la Directrice régionale - Chapitre 4
Report of the Regional Director - 2021 - Chapter 4
Interventions intégrées et innovations pour la santé
- Promouvoir l’innovation, notamment dans la santé numérique, et la recherche
- Améliorer rapidement les services de laboratoire
- Améliorer la disponibilité et la qualité des informations pour l’action
- Élargir l’accès à des soins de santé primaires de qualité
- Lutte contre la résistance aux antimicrobiens
Pour accompagner les États Membres dans leurs efforts visant à instaurer la couverture sanitaire universelle, l’OMS investit dans des domaines communs à différents programmes d’action sanitaire, à savoir l’innovation, la santé numérique, la recherche, les services de laboratoire, l’information sanitaire, les soins de santé primaires et la résistance aux antimicrobiens.
Promouvoir l’innovation, notamment
dans la santé numérique, et la recherche
Innovations liées à la COVID-19 et au-delà
Dans la Région africaine, l’OMS a placé le programme d’innovation au cœur de la prestation des services de santé. L’OMS soutient la transposition à une plus grande échelle de 17 nouveaux outils dévoilés pendant la toute première édition du Challenge pour l’innovation en Afrique qui a eu lieu en 2018. Ces innovations couvraient un large éventail de domaines tels que la santé de la mère et de l’enfant, la santé mentale, l’accès aux services de santé reproductive pour les adolescents, la formation des agents de santé, la prise en charge des personnes âgées, les systèmes d’information sanitaire et les produits de diagnostic. L’OMS joue un rôle essentiel en plaidant pour que ces innovations soient prises en compte dans la lutte contre les problèmes de santé pertinents. Nous avons établi un véritable marché numérique de l’innovation afin de susciter la demande, de la mettre en adéquation avec l’offre et de gagner en visibilité auprès d’investisseurs potentiels. Le marché de l’innovation a depuis lors dépassé le million d’abonnés, ceux-ci étant notamment des investisseurs, des partenaires du secteur privé, des responsables de l’élaboration des politiques, des innovateurs et des groupes de la société civile. Nous avons aussi offert des formations à des innovateurs sur la gestion de la propriété intellectuelle, en collaboration avec la Fédération internationale de l’industrie du médicament (FIIM).
L’innovation joue un rôle prépondérant dans la riposte à la COVID-19, y compris dans le déploiement des vaccins. Le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique a joué un rôle moteur en établissant des bases de données mondiales pour plus de 2000 innovations technologiques mises au point dans le cadre de la riposte à la COVID-19 comme pour la livraison de vaccins anti-COVID-19.
L’innovation joue un rôle prépondérant dans la riposte à la COVID-19, y compris dans le déploiement des vaccins. Le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique a joué un rôle moteur en établissant des bases de données mondiales pour plus de 2000 innovations technologiques mises au point dans le cadre de la riposte à la COVID-19 comme pour la livraison de vaccins anti-COVID-19. Grâce à cette initiative, de nombreux pays utilisent ces bases de données comme des références pour déterminer les innovations à adopter et à adapter dans leur contexte dans le cadre de leur stratégie de riposte à la COVID-19. Le Soudan du Sud et le Lesotho ont depuis lors déployé une application mobile et en ligne d’auto-évaluation pour le dépistage de la COVID-19, qui est utilisée par les agents de santé communautaires dans tout le pays. En outre, l’OMS a élaboré un recueil de meilleures pratiques novatrices qui a été communiqué à tous les pays.
Santé numérique : la voie de l’avenir
De nombreux pays ont développé ou acquis des outils numériques pour les aider à faire face à la pandémie, notamment pour la surveillance des patients et des cas asymptomatiques, ainsi que pour la recherche des contacts et l’administration des vaccins.
Accélérer le rythme de la recherche
Pour mieux comprendre des domaines importants tels que l’épidémiologie de la COVID-19, la dynamique de transmission de la maladie, les caractéristiques cliniques des cas, les essais cliniques des médicaments et des vaccins, tout comme les déterminants sociaux et comportementaux, l’OMS a mis au point des protocoles de recherche génériques qui devraient faciliter l’accélération des travaux. Vingt-sept pays ont appliqué au moins un de ces protocoles.
L’Éthiopie, le Soudan du Sud et la Zambie ont publié leurs résultats préliminaires. En Zambie, la prévalence était estimée à 10,6 %, et l’étude a révélé que la transmission du virus chez les agents de santé s’effectuait au sein de la communauté plutôt que dans l’enceinte des établissements de santé. À Juba, la prévalence était estimée à 22,3 % et en Éthiopie, avec un échantillon de 648 participants, le taux de prévalence était estimé à 3,2 %.
Le Comité consultatif africain pour la recherche en santé et le développement (AACHRD) a financé la participation de jeunes chercheurs issus de 20 pays africains à un programme de mentorat dans le cadre duquel ces jeunes devaient rédiger des articles scientifiques sur les moyens novateurs qui permettraient d’assurer la couverture sanitaire universelle et d’atteindre les objectifs de développement durable. Ces chercheurs ont jusqu’à présent publié 20 articles en ligne qui ont été compilés dans un supplément partagé avec les responsables de l’élaboration des politiques dans la Région.
Améliorer rapidement les services de laboratoire
La pandémie de COVID-19 a mis en lumière l’importance des services de laboratoire, en particulier pour les tests de dépistage. Alors que seulement deux pays de la Région (l’Afrique du Sud et le Sénégal) disposaient de capacités de diagnostic de la COVID-19 au moment de l’apparition de l’épidémie, en l’espace de quelques mois, tous les 47 pays se sont mis à niveau avec l’appui de l’OMS et d’autres partenaires.
Les capacités des personnels de laboratoire ont aussi été renforcées dans le cadre de formations portant sur le choix des dispositifs de diagnostic, ainsi que sur leur approbation au niveau national, leur classement et leur utilisation. Dix appareils permettant d’effectuer des tests PCR, deux enceintes de sécurité biologique, trois conteneurs portables de gants et deux autoclaves ont été acquis au bénéfice de pays africains.
L’OMS apporte son appui aux pays qui ne disposent pas de capacités en matière de séquençage en leur fournissant des orientations techniques et du matériel de laboratoire. L’OMS encourage tous les pays à envoyer au moins 20 échantillons par mois aux laboratoires de séquençage pour leur permettre de suivre avec précision la présence, la prévalence et la propagation des variants en circulation.
L’utilisation des tests de diagnostic rapide de détection des antigènes (TDR-Ag) de la COVID-19, qui offrent une option moins coûteuse mais fiable, facile à utiliser et décentralisée, est en train d’être transposée à une plus grande échelle en tant que solution de remplacement rapide à la PCR. Sept séances de formation ont été organisées à l’intention d’agents de santé pour les former à l’utilisation des tests de détection rapide des antigènes. Plus de 500 participants issus de 35 pays ont assisté à ces séances de formation. À ce jour, plus de 20 pays utilisent des tests de détection rapide des antigènes, et 12 pays révisent actuellement leurs politiques en matière d’utilisation de ces tests. L’introduction de ces outils a permis de doubler le nombre moyen régional de tests de dépistage de la COVID-19. En l’espace de six mois, l’on est en effet passé de 161 tests pour 10 000 habitants à 333 tests pour 10 000 habitants, cumulativement.
En collaboration avec des spécialistes régionaux, l’OMS évalue l’état des services, des installations et des capacités d’entretien des équipements d’imagerie médicale et du matériel biomédical dans la Région.
Améliorer la disponibilité et la qualité des informations pour l’action
Dans le cadre de la riposte à la COVID-19, l’OMS a créé une plateforme de surveillance en temps réel qui permet aux pays africains de surveiller la continuité des services et de suivre les perturbations. Le tableau de bord affiche actuellement des données relatives à 27 pays, à 186 provinces, à 1027 districts et à 6975 établissements de santé.
En partenariat avec la London School of Economics and Political Science et l’Observatoire européen, et grâce à des subventions de la Fondation Bill & Melinda Gates, l’OMS a lancé l’Observatoire africain de la santé, une plateforme relative aux systèmes et politiques de santé créée au sein de l’Observatoire africain de la santé intégré. Centrée sur le thème de la restructuration des systèmes de prestation de services en vue d’instaurer la couverture sanitaire universelle, la plateforme simplifie l’accès au savoir mondial afin d’améliorer le développement des systèmes de santé en mettant l’accent sur les soins de santé primaires. Cette initiative a été lancée dans cinq pays6 par l’intermédiaire de centres nationaux qui publient des notes d’orientation, établissent des profils des systèmes et des services de santé nationaux, réalisent des études comparatives et organisent des manifestations sur la thématique de la concertation sur les politiques.
Un appui catalytique pour la mise en œuvre du Plan d’action mondial pour permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous a été fourni afin d’améliorer l’harmonisation entre les parties prenantes dans tous les États Membres, notamment en matière de gouvernance des données. Cinq pays7 ont démarré des projets de collaboration sur les données sanitaires afin d’améliorer la disponibilité de données de qualité pour la prise de décisions au niveau local et de suivre les progrès réalisés vers l’atteinte des objectifs de développement durable liés à la santé.
Élargir l’accès à des soins
de santé primaires de qualité
Les soins de santé primaires sont essentiels pour parvenir à la couverture sanitaire universelle, et l’OMS collabore de différentes manières avec les pays pour faire progresser cette approche.
En Afrique du Sud, l’OMS et d’autres partenaires ont apporté un appui technique au pays pour veiller à ce que les provinces et les districts disposent de plans permettant de suivre les personnes qui ne se sont pas présentées pour la vaccination et de générer une demande durable pour les services de vaccination systématique. Les données indiquent que la tendance s’est redressée entre mai et août 2020 en ce qui concerne la couverture vaccinale. Au Ghana, la performance des campagnes de vaccination s’est régulièrement améliorée entre juin et août 2020. L’OMS a prêté son concours aux Services de santé du Ghana et au Ministère de la santé pour garantir la continuité de la prestation de services aux mères et aux enfants.
Eswatini évalue actuellement l’état de mise en œuvre des soins de santé primaires afin d’éclairer l’élaboration d’une nouvelle stratégie. Les évaluations menées dans le cadre de la prévention et de la maîtrise des infections à Eswatini, au Gabon et au Zimbabwe ont permis d’élaborer des documents d’orientation.
Au Botswana, une évaluation des besoins de formation est en cours pour renforcer les capacités de 60 nouveaux membres de l’équipe de gestion de la santé de district et celles de 20 spécialistes de la santé publique. La Namibie et Zanzibar ont établi la version finale de leurs politiques et stratégies nationales sur la qualité et leurs plans opérationnels.
Lutte contre la résistance aux antimicrobiens
Une analyse des protocoles nationaux de prise en charge clinique des patients atteints de COVID-19 effectuée en janvier 2021 dans les pays africains a révélé que 53 % d’entre eux recommandent l’administration d’antibiotiques (de l’azithromycine principalement) pour les cas bénins, et 80 % recommandent l’administration d’antibiotiques pour les cas modérés. Cette situation est préoccupante et souligne la nécessité d’accroître la vigilance et la capacité de gestion avisée pour réduire l’usage inapproprié des antibiotiques.
Plus de 140 autorités de réglementation dans des pays africains sont parmi les premières au monde à avoir suivi une formation portant sur la façon d’intégrer la résistance aux antimicrobiens dans les inspections et d’aider l’industrie pharmaceutique à contribuer à la prévention de la résistance aux antimicrobiens.
En 2020, l’Organisation mondiale de la Santé, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la Santé animale (OIE), l’Union africaine et le CDC-Afrique ont célébré la deuxième Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens qui a réuni plus de 1200 participants et au sujet de laquelle 1,2 million de personnes ont fait part de leurs impressions sur Twitter.
La collaboration avec des groupes de la société civile s’accroît également. Par exemple, grâce au Dr Ameyo Stella Adadevoh (DRASA) Health Trust, un projet sur les changements de comportement vis-à-vis de la résistance aux antimicrobiens est mis en place dans les écoles secondaires de l’État de Lagos (Nigéria) afin d’améliorer l’hygiène et l’assainissement.
Des travaux d’élaboration d’un cadre juridique pour la mise en œuvre de programmes nationaux de lutte anti-infectieuse dans l’Union africaine sont en cours, avec le soutien du CDC-Afrique. Les pays africains pourront ainsi élaborer une loi-type sur la santé publique et un cadre juridique pour la lutte anti-infectieuse.
Six autres pays8 ont rejoint le Système mondial OMS de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (GLASS),9 ce qui porte à 3010 le nombre de pays africains qui ont adopté le GLASS. Le Togo a mis en œuvre un programme d’encadrement à l’intention de dix laboratoires de microbiologie publics et privés, afin d’améliorer la qualité des essais d’antibiorésistance. Trois mois après, la moyenne des pratiques non conformes est passée de 50 % à 9 %, et une clinique privée a rénové son laboratoire de microbiologie pour le mettre en conformité avec les normes.
Le Burundi et la Guinée ont approuvé leurs plans nationaux multisectoriels de lutte contre la résistance aux antimicrobiens, ce qui porte à 22 le nombre total de pays de la Région dotés de plans approuvés. 11 Dix-neuf pays12 ont participé à la quatrième édition de l’enquête tripartite d’auto-évaluation nationale sur la résistance aux antibactériens (la TrACSS, qui est menée chaque année dans le monde) pour évaluer les progrès que les pays ont réalisés dans la mise en œuvre du Plan d’action mondial pour combattre la résistance aux antimicrobiens. L’enquête a révélé que la plupart des pays ont commencé à former leurs agents de santé dans le domaine de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. Sept13 des 19 pays ayant répondu à l’enquête ont modifié leurs stratégies nationales de lutte contre la résistance aux antimicrobiens pour la santé humaine, en se fondant sur les données relatives à la consommation d’antimicrobiens et à la résistance à ces produits.
- Atelier sur la réglementation des dispositifs médicaux, y compris pour les diagnostics in vitro : accent sur l’utilisation des fiches techniques et la pharmacovigilance pour les tests de dépistage de la COVID-19 (22-25 février 2021, 1er-2 mars 2021).
- Comores, Érythrée, Lesotho et Sao Tomé-et-Principe.
- Afrique du Sud, Angola, Botswana, Cameroun, Comores, Côte d’Ivoire, Eswatini, Ghana, Guinée-Bissau, Guinée équatoriale, Kenya, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Ouganda, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Rwanda, Seychelles, Togo, Zambie et Zimbabwe.
- Afrique du Sud, Algérie, Angola, Cabo Verde, Cameroun, Congo, Côte d’Ivoire, Gabon, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Kenya, Libye, Malawi, Maurice, Maroc, Niger, Nigéria, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Togo et Tunisie.
- Afrique du Sud, Algérie, Botswana, Ghana, Kenya, Maroc, Nigéria, Ouganda et République démocratique du Congo.
- Éthiopie, Kenya, Nigéria, Rwanda et Sénégal.
- Botswana, Cameroun, Kenya, Malawi et Ouganda.
- Angola, Burkina Faso, Cameroun, Namibie, République démocratique du Congo et Togo.
- Les données du Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens sont exploitées justement pour surveiller les nouveaux agents pathogènes résistants et leur éventuelle propagation à l’échelle internationale, ce qui permet d’éclairer la mise en œuvre de programmes ciblés de prévention et de lutte.
- Afrique du Sud, Algérie, Angola, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Gabon, Gambie, Ghana, Kenya, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Maurice, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Nigéria, Ouganda, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Soudan du Sud, Tchad, Togo, Zambie et Zimbabwe.
- Afrique du Sud, Burundi, Cameroun, Congo, Éthiopie, Gabon, Ghana, Guinée, Kenya, Libéria, Madagascar, Malawi, Mali, Maurice, Mozambique, Nigéria, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Sierra Leone, Tchad, Zambie et Zimbabwe.
- Bénin, Burkina Faso, Burundi, Côte d’Ivoire, Eswatini, Éthiopie, Ghana, Guinée, Kenya, Libéria, Mauritanie, Niger, Nigéria, République démocratique du Congo, République-Unie de Tanzanie, Sierra Leone, Soudan du Sud, Zambie et Zimbabwe.
- Afrique du Sud, Côte d’Ivoire, Eswatini, Éthiopie, Kenya, République démocratique du Congo et Zambie.