Message de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique
Le 28 juillet, l’OMS célèbre la Journée mondiale contre l’hépatite, l’objectif étant de sensibiliser les populations sur cette maladie qui se manifeste par une inflammation du foie, et qui peut causer une cirrhose et un cancer du foie.
Le thème choisi pour cette année est « l’hépatite ne peut plus attendre » et l’OMS invite tous les pays à améliorer au plus tôt l’accès aux services visant à prévenir, à diagnostiquer et à traiter l’hépatite.
En Afrique, l’hépatite est une épidémie silencieuse. Plus de 90 millions de personnes vivent avec l’hépatite dans la Région, soit 26 % du nombre total de personnes atteintes par l’hépatite dans le monde. Plus de 124 000 Africains meurent chaque année des conséquences d’une hépatite non détectée et non traitée.
Près de 4,5 millions d’enfants africains âgés de moins de cinq ans souffrent d’une infection chronique par le virus de l’hépatite B, ce qui représente 70 % de la charge mondiale d’hépatite dans cette tranche d’âge. L’objectif mondial qui consiste à réduire la prévalence de l’infection par le virus de l’hépatite B, chez les enfants âgés de moins de cinq ans à moins de 1 % a été atteint, même si la Région africaine reste à la traîne avec un taux de 2,5 %.
La majorité de ces cas pourraient être évités en éliminant la transmission mère-enfant du virus, pendant ou peu après la naissance et dans la petite enfance. Au nombre des interventions clés visant à lutter contre l’hépatite B, nous retrouvons la vaccination à la naissance et dans la petite enfance, le dépistage des femmes enceintes et la fourniture d’un traitement en temps utile.
Ainsi, dans la Région africaine de l’OMS, nous insistons particulièrement sur le fait que « les mères ne peuvent plus attendre ». Nous encourageons les pays à intégrer la prévention de la transmission mère-enfant de l’hépatite B dans l’ensemble des soins prénatals, conjointement avec le programme de prévention de la transmission mère-enfant du VIH et de la syphilis.
Malgré cela, seulement 14 pays de la Région ont instauré la vaccination à la naissance contre l’hépatite B. Parmi les personnes infectées, neuf sur dix n’ont jamais été dépistées en raison d’un manque de sensibilisation et d’un accès limité au dépistage et au traitement. Même dans les pays proposant la vaccination à la naissance contre l’hépatite B, les systèmes de santé font face à des difficultés pour garantir que les femmes enceintes et les mères fassent l’objet d’un dépistage, et que celles dont les résultats sont positifs soient traitées.
Parallèlement, on constate de nombreuses avancées prometteuses en ce qui concerne l’hépatite. Avec le lancement de la première Stratégie mondiale du secteur de la santé contre l’hépatite virale en 2016, et les efforts conjoints de plaidoyer réalisés ces dernières années, l’engagement politique commence à se traduire en action. Les médicaments contre l’hépatite sont devenus beaucoup plus abordables, avec des prix aussi bas que 60 dollars US par patient pour un traitement de 12 semaines.
Compte tenu de cet avantage, les chefs d’État africains, par le biais de la Déclaration du Caire en février 2020, se sont engagés à traiter l’hépatite virale comme une menace de santé publique. Dans le même ordre d’idées, l’Initiative égyptienne prévoyait de fournir un traitement contre l’hépatite C à un million d’Africains. Jusqu’à présent, plus de 50 000 personnes ont bénéficié de cette initiative lancée au Soudan du Sud, en Érythrée et au Tchad.
Quelques-uns de ces pays, notamment le Rwanda, l’Ouganda et le Bénin ont mis en place des programmes gratuits de dépistage et de traitement de l’hépatite, et 16 autres pays ont lancé des projets pilotes similaires.
En tout, 28 pays africains disposent maintenant de plans stratégiques permettant d’orienter les efforts de lutte contre l’hépatite, et à l’échelle mondiale, le processus de mise en œuvre des lignes directrices de l’OMS sur la prévention de la transmission mère-enfant de l’hépatite B a été lancé l’année dernière.
Le Bureau régional de l’OMS pour l’Afrique œuvre en ce moment à l’élaboration de matériels de formation, permettant de fournir un appui aux pays, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre des cinq interventions essentielles de la lutte contre l’hépatite et à décentraliser les phases de diagnostic et le traitement.
Dorénavant, l’Organisation mondiale de la Santé entend intégrer les traitements contre l’hépatite B aux services de soins prénatals. Nous souhaitons en outre renforcer la collaboration avec les partenaires clés, tels que l’Organisation des premières dames d’Afrique pour le développement, qui ont su promouvoir le progrès, l’ambition étant d’aller vers une génération sans VIH. En élargissant la portée des programmes pour y intégrer l’hépatite, l’action pourrait être rapidement intensifiée.
Ainsi, à l’occasion de cette Journée mondiale contre l’hépatite, j’invite tous les acteurs de la santé maternelle et infantile à réfléchir à la manière dont l’hépatite pourrait être intégrée aux initiatives existantes, telles que l’Initiative « free to shine » initiée par les Premières dames, et qui œuvre dans plusieurs pays africains en vue d’une génération sans sida.
Les systèmes de santé jouent également un rôle essentiel en ce sens qu’elles assurent la prévention de la transmission, tout en veillant à ce que les dons de sang fassent l’objet d’un dépistage et à ce que les seringues ne soient utilisées qu’une seule fois avant d’être éliminées sans danger. Enfin, je tiens à encourager tout un chacun à se faire dépister et traiter de l’hépatite, tout en s’informant sur cette maladie, le but étant de mettre fin à cette épidémie silencieuse.
Informations supplémentaires
Global progress report on HIV, viral hepatitis and sexually transmitted infections, 2021