Le Sommet de Lomé sur les produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés

Soumis par sarkisn@who.int le
Mot de la Directrice régionale lors du dîner organisé à l’occasion du Sommet de Lomé sur les produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés

 

Excellences Messieurs les Présidents du Sénégal, de l’Ouganda et du Togo ;

Mesdames et Messieurs les Ministres de la santé ;

Distingués membres de délégation ;

Chers collègues, Mesdames et Messieurs ;

Bonsoir.

Je saisis l’occasion que m’offre cette prise de parole pour remercier Son Excellence le Président Faure Gnassingbé d’avoir bien voulu organiser, dans la très belle ville de Lomé, cet événement de haut niveau sur une thématique d’actualité.

En effet, les produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés deviennent de plus en plus une source de préoccupation majeure. Le présent Sommet donnera une impulsion politique essentielle, au plus haut niveau, et posera les jalons qui nous permettront d’accélérer les efforts que nous faisons collectivement pour résoudre ce problème. Les pays sont très exposés au risque posé par ces produits médicaux, l’accès aux médicaments de qualité garantie étant limité et la réglementation pharmaceutique faible. Les médicaments de qualité inférieure et falsifiés causent du tort aux patients et sapent la confiance dans les produits médicaux, dans les professionnels et dans le système de santé. Les économies des pays en pâtissent également.

L’OMS est déterminée à lutter contre cette menace et à y mettre un terme. Notre Organisation assure le Secrétariat d’un dispositif des États Membres qui vise à réduire au minimum les risques liés à ces produits, en utilisant à cet effet une triple approche fondée sur la prévention, la détection et la riposte (qui englobe l’action juridique).

Les informations sur les produits de qualité inférieure sont collectées et des alertes mondiales sont partagées avec les États Membres pour qu’ils puissent prendre les mesures qui s’imposent. Depuis 2012, trente-trois alertes ont été lancées, dont 23 [soit 70 % du total] portaient sur des produits en circulation dans la Région africaine. La majorité des alertes concerne des antibiotiques et des antipaludiques qui – outre les échecs thérapeutiques pouvant aboutir à la mort qu’ils entraînent – contribuent à la résistance aux antimicrobiens, ce qui signifie que des médicaments de bonne qualité deviennent inefficaces avec le temps. La Région africaine étant particulièrement vulnérable, nous devons unir nos forces pour éviter que ces produits ne se retrouvent dans nos chaînes d’approvisionnement pharmaceutique.

Des instruments juridiques solides sont nécessaires pour criminaliser toutes les transactions concernant ces produits. Les instruments juridiques devraient être appliqués de façon synchrone avec d’autres stratégies afin de protéger la santé publique.

L’OMS œuvre également avec des partenaires tels que l’Union africaine et les communautés économiques régionales pour lutter contre ces produits en renforçant les systèmes de réglementation afin de converger vers la couverture sanitaire universelle.

L’harmonisation des exigences réglementaires est une approche essentielle pour accélérer l’accès aux produits médicaux de qualité garantie. C’est dans cette logique que l’Initiative en faveur de l’harmonisation de l’homologation des médicaments en Afrique a été lancée en 2009. En collaboration avec la Commission de l’Union africaine et l’Agence de développement de l’Union africaine, l’OMS a servi de secrétariat conjoint à cette initiative. Aujourd’hui, l’harmonisation est en cours dans les six communautés économiques régionales reconnues par l’Union africaine. Un traité portant établissement de l’Agence africaine des médicaments a aussi été élaboré en 2018, puis entériné par les chefs d’État en 2019. À ce jour, 10 membres de l’Union africaine ont signé ce traité, et un membre l’a ratifié. Le traité est là pour tous les pays africains et je profite de cette occasion pour vous inviter, Excellences, à le signer et à enclencher le processus de sa ratification.

Pour terminer, c’est le lieu pour moi de rappeler que la finalité de tous ces efforts reste la santé publique. Ainsi, et en plus des instruments juridiques, nous devons prendre action sur trois fronts.

Premièrement, nous devons renforcer la capacité technique des organismes de réglementation, du pouvoir judiciaire, des services de justice et de police, des autorités douanières et des autres organismes publics concernés.

Deuxièmement, nous devons favoriser une gouvernance solide, ce qui passe notamment : par un engagement politique à tous les niveaux ; par la transparence dans les achats de produits pharmaceutiques ; et par une gestion responsable des circuits de distribution de produits pharmaceutiques comme des pratiques de dispensation ; ainsi que par l’implication des professionnels de la santé et des patients.

Et troisièmement, nous devons veiller à ce que les populations aient accès aux produits médicaux de qualité garantie et d’un prix abordable. Ainsi, nous ne créons pas un terreau fertile pour la circulation illégale de médicaments.

Le leadership des chefs d’État africains revêt une importance cruciale pour nos efforts collectifs, afin de réaliser la vision d’une Afrique exempte de produits médicaux de qualité inférieure et falsifiés.

Je vous remercie de votre engagement à atteindre cet objectif. L’OMS quant à elle se tient entièrement disposée à jouer sa partition dans cet effort.