Les produits du tabac et les nouveaux produits à base de nicotine, notamment le tabac chauffé, les inhalateurs électroniques, les narguilés et la chicha ainsi que d’autres types de produits nicotiniques, sont en pleine expansion en Côte d’Ivoire.

Dans le cadre des mesures mises en place pour réduire l’offre et la demande, le pays a mis l’accent sur le renforcement du cadre législatif et règlementaire, à travers la prise d’une loi antitabac et de textes règlementaires (ex. interdiction de fumer dans les lieux publics et les transports en commun). Il s’est engagé également dans la sensibilisation des communautés, en lien avec une exigence de la Convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac (CCLAT) dans son article 12.

C’est dans ce cadre que le programme national de lutte contre le tabagisme, l’alcoolisme, la toxicomanie et les autres addictions (PNLTA), avec l’appui financier et technique de l’OMS, a conduit, entre le 31 octobre et le 8 novembre 2023, à Bouaké, Korhogo et Man, des ateliers de sensibilisation en direction des tenanciers d’espaces publics (maquis, restaurants, bars, etc.) et les agents d’application de la loi, sur les produits nouveaux et émergents dérivés de la nicotine et du tabac.

Ces ateliers ont mobilisé dans chaque ville, en plus des participants ciblés, les premiers responsables de la santé, notamment les directeurs régionaux et départementaux de la santé, le corps préfectoral, les responsables municipaux et les agents de forces de l’ordre.

« Notre première satisfaction est liée à l’engouement suscité par ces formations au sein des participants. Ils ont montré beaucoup d’intérêt à travers leur assiduité et leur participation active lors des sessions. J’ai vu des membres du corps préfectoral, des responsables municipaux et des agents de répression captivés et engagés », a dit le Dr Coulibaly Oumar, Directeur Coordonnateur adjoint du PNLTA, et facilitateur principal. « Quand ils ont vu les photos et les vidéos que nous avons présentées, ils ont compris la dangerosité des produits nouveaux et émergents du tabac. Ils ont également compris les enjeux de la lutte qui doit être menée dont ils sont des acteurs clés », a ajouté Mme Dieng Soraya, Juriste au PNLTA et facilitatrice des sessions.

Les facilitateurs ont passé en revue les généralités sur le tabagisme, le contexte de la lutte à travers la Convention-Cadre pour la lutte antitabac de l’OMS et la loi nationale n°2019-676 du 23 juillet 2019 relative à la lutte antitabac en Côte d’Ivoire. Concernant les produits nouveaux et émergents à base de nicotine et de tabac, ils en ont donné la situation épidémiologique et la prévalence ainsi que les caractéristiques et les méfaits. Toute chose qui a aiguisé la curiosité des participants qui se sont sentis quelque fois interpellés. « A Korhogo, par exemple, les participants ont pris l’engagement de réglementer l’usage dans les espaces dont ils ont la responsabilité. Ils ont également suggéré la mise en place d’un réseau ou une plateforme entre eux afin de rester connectés et de partager les informations », relève Mme Soraya Dieng.

Au cours des formations, les facilitateurs ont distribué des supports de sensibilisation, à savoir des affiches sur l’interdiction de fumer dans les lieux publics et les livrets sur la loi antitabac, avec la recommandation d’apposer les affiches sur les sites.

Les visites inopinées de supervision réalisées nuitamment dans certains lieux, ont permis à l’équipe multisectorielle composée des agents de la santé, de la sécurité et de l’administration, de se rendre compte que le message a été bien compris par certains participants qui avaient bien affiché les affiches de sensibilisation dans leur espace. En revanche, d’autres trainaient encore les pieds. Des cendriers et même des mégots de cigarettes étaient perceptibles sur les tables et sur le sol dans leur espace public. « Sur les conseils des préfets et des agents des forces de l’ordre, ils se sont exécutés et ont promis de veiller à ce que la situation s’améliore », ajoute Mme Dieng Soraya.

« Nous sommes conscients qu’il y a encore beaucoup à faire. Petit à petit, ils finiront par comprendre les enjeux de la lutte et leur rôle dans cette lutte », se rassure Dr Coulibaly Oumar. « Le futur est prometteur. Nous pensons que ces activités de sensibilisation vont porter des fruits. Il faut aussi élargir la cible des acteurs de sensibilisation en y intégrant les élèves et les étudiants, car les produits nouveaux du tabac visent en premier les jeunes. Il faut que ceux-ci soient suffisamment informés afin de constituer des groupes de pression contre l’expansion de ces produits », a souligné M. Souleymane Koné, Chargé de programme de lutte contre le tabagisme au bureau de l’OMS en Côte d’Ivoire.

Ces ateliers dont l’objectif principal était de sensibiliser les tenanciers d’espaces publics et les agents d’application de la loi sur les produits nouveaux et émergents dérivés de la nicotine et du tabac ont regroupé environ 90 participants à raison de 30 par localités.

Des activités similaires seront organisées en direction des activistes des réseaux sociaux, notamment les influenceurs et les bloggeurs.