A Niamey, la population est soulagée de se vacciner contre la méningite

Niamey. Il fait 44° à l’ombre, la chaleur est suffocante. Au centre de santé intégré de Gaweye,  district sanitaire Niamey 5, juste derrière le fleuve Niger, deux files indiennes attendent au fond de la cour, dans le calme. Filles et garçons, potentiels candidats à la vaccination, chacun dans son rang, montent régulièrement vers deux agents en blouse blanches qui les attendent dans un espace placé en hauteur. Ce sont des infirmières, plus précisément, des vaccinateurs. L’une fait un exposé rapide à l’accompagnant d’un enfant, un garçon de 5 ans, tandis que l’autre prépare le flacon de vaccin et nettoie le bras de l’enfant. Le geste est précis, rapide. L’injection est faite. Le petit garçon se débat, puis se calme. Le visage du parent s’éclaire car son enfant vient d’être vacciné contre la méningite.

Du 2 au 6 mai 2024, les cinq districts de Niamey ont organisé une campagne de vaccination contre la méningite en réponse à une épidémie dans la capitale. Entre janvier et fin avril 2024, le pays avait rapporté 2 211 cas suspects dont 143 décès. A la même période, l’année passée, le nombre des cas était 1 604 cas dont 96 décès. En fait, Niamey, la capitale, est la plus affectée des 8 régions sanitaires du pays, avec 36 % des cas notifiés. C’est donc à Niamey  que le ministère de la Santé Publique, de la Population et des Affaires Sociales, avec l’appui de l’OMS et des autres partenaires dont l’UNICEF, Gavi, MSF, la Croix Rouge, Alima, etc., a concentré ses efforts pour stopper la propagation de la maladie.

Harilala Myriam Vololonarivo/@OMSNiger
La demande au sein de la population a été forte. « En fait, les gens connaissent la méningite, ils en ont peur », révèle Dr Mahaman LAWALI, du Bureau Pays de l’OMS, chargé de superviser la campagne dans le district 5 de Niamey. « La méningite est une maladie très connue dans nos communautés, c’est pourquoi il y a un grand engouement pour le vaccin. C’est la population elle-même qui le demande».
Hadiza travaille dans l’unité en charge de la mobilisation sociale au sein du Programme Élargi de Vaccination du ministère de la Santé publique à Niamey. Elle révèle que dans un quartier de la ville, son équipe, en sortie de sensibilisation des populations, a dû faire face à un incident. « Nous avons eu chaud, je vous assure », annonce-t-elle, à la réunion de débriefing journalier à la direction régionale de la santé publique. « La foule était là, en masse, et le vaccin était en rupture de stock. Nous leur avons expliqué qu’un ravitaillement était en cours, et de prendre patience. Ils ont dit que s’ils ne reçoivent pas leur vaccin contre ces maladies mortelles, ils ne vont plus accepter les vaccinations qui se font de porte à porte ». Heureusement, le nouveau ravitaillement a permis de continuer la vaccination sur ce site. Cette envie de se faire vacciner était perceptible dans quasiment chaque centre de santé et chaque site de vaccination.
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Être âgé de 1 à 19 ans, habiter la capitale, les critères étaient simples pour se faire vacciner. En général, ce sont les mères d’enfants qui se rendent dans les centres de santé avec leurs enfants.
Amina, mère de famille de 24 ans, est l’une d’elles. Alors que son petit dernier, moins de 6 ans, va de gauche à droite dans l’espace réduit de la salle de consultation du centre de santé où elle se trouve, son aîné, lui est assis sur une chaise, le dos à découvert. Il est penché en avant. La raideur de la nuque est visible. Par derrière, très appliquée, l’infirmière tient une aiguille pour pratiquer une ponction lombaire. Il s’agit de recueillir un liquide biologique (liquide cephalo-rachidien) grâce à une aiguille piquée dans le dos, entre deux vertèbres. C’est un geste médical posé en vue du diagnostic biologique de la méningite, cette inflammation des tissus qui entourent le cerveau et la moelle épinière. C’est une maladie grave; le taux de létalité est assez élevé et elle peut entraîner de graves complications à long terme (séquelles). Amina, l’air un peu perdue, explique : « Les relais communautaires étaient venus chez nous parler de la méningite et de la vaccination en cours », et de poursuivre : « Mon cadet a déjà eu sa dose de vaccin hier à l’école mais son grand-frère que voici a comme une raideur au cou, alors je l’ai emmené immédiatement aujourd’hui. Le benjamin recevra sa dose après la consultation de son grand-frère ».
Dans cette foule, essentiellement constituée de femmes et d’enfants, Abdourahamane Assouman, un jeune père de famille, fait tache. Entre ses bras, il tient un enfant de trois ans qu’il traîne pour la vaccination. « C’est mon neveu», précise-t-il. Coïncidence fortuite , il est lui-même du système de santé. « J’ai conscience, étant moi-même agent de santé, que le vaccin protège contre la maladie », soutient-t-il. « J’ai appris par la radio et la télévision la survenue des cas de méningite dans la région de Niamey. Quand les annonces sur la campagne ont été diffusées le 2 mai dernier, je me suis proposé aux parents d’emmener le garçon pour se faire vacciner ».
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Plus loin, nous sommes à Banga Bana, dans un autre centre de santé, toujours à Niamey. Le lieu semble désert en ce début d’après-midi de samedi, mais en réalité l’équipe de vaccination a déjà enregistré 251 personnes vaccinées sur ses fiches. Devant la porte, Fatouma, lycéenne de 19 ans, et sa camarade de classe exhibent fièrement leurs cartes de vaccination. C’est la preuve qu’elles viennent d’être vaccinées. « Nous avons été informées de la vaccination et avons décidé de venir après les cours », témoigne Fatoum. « Nos familles et voisins parlent de l’épidémie depuis des jours. Voilà pourquoi, nous sommes convaincues qu’il faut se faire vacciner pour se protéger ».
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Au terme de la semaine de vaccination, plus de 100% de la cible visée, soit 852 269 personnes âgées de 1 à 19 ans ont été vaccinées pour une cible de 825 606. Grâce à l’ICG, Groupe de Coordination Internationale pour l’approvisionnement en vaccins, le pays a reçu 860 606 doses du vaccin pentavalent dit « MenFive ». C’est un nouveau vaccin, utilisé pour la 2ème fois au monde, après le Nigéria, en mars 2024. Le Men5 est à dose unique, protège contre les cinq sérogroupes responsables de presque toutes les épidémies de méningite au Niger et dans la ceinture méningitique, à savoir les groupes A, C, Y, W et X. L’introduction et le déploiement de ce nouveau vaccin a bénéficié de l’appui technique et financier de l’OMS, des autres partenaires dont l’UNICEF, Gavi, MSF, la Croix Rouge et Alima. Par ailleurs, l’OMS remercie CDC, CDC Foundation, USAID et Bill & Melinda Gates Foundation qui apportent un appui dans la vaccination de la population.
La riposte contre la méningite compte se poursuivre dans les autres régions pour l’OMS Niger. La prochaine étape consiste à soutenir le ministère de la Santé dans la soumission d’une requête à l’ICG pour aider à soulager, grâce à la vaccination, les près de 600 000 personnes vivant dans les autres régions affectées, à savoir celles de Maradi, Tillabéry et Agadez.
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VOLOLONARIVO Harilala Myriam

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Dr Crépin Hilaire DADJO
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