Eradication du ver de guinée
Le Niger sur la voie de la certification
L’équipe internationale de certification (EIC) de l’éradication de la dracunculose ou ver de Guinée au Niger a publié le vendredi 08 novembre 2013 les conclusions de sa mission dans le pays. C’était au cours d’une cérémonie officielle présidée par le Ministre de la Santé Publique, Mano Aghali, en présence de son homologue de l’Hydraulique et de l’assainissement, Wassalké Boukari et du Docteur Assimawé Pana, le Représentant de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) au Niger.
On note aussi la présence des représentants des ministères en charge de l’Enseignement primaire, de l’alphabétisation, de la promotion des langues nationales et de l’éducation civique, en charge de la Population, de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant, en charge de la Communication et des relations avec les institutions ainsi que des partenaires dont l’UNICEF, le Centre Carter et la JICA.
Depuis 2009, a indiqué le chef de l’EIC, Dr Joel Breman, aucun cas autochtone de ver de guinée n’a été enregistré au Niger, un pays qui a « arrêté la transmission de la dracunculose » et dans lequel « le système de surveillance en place est adéquat, conformément aux critères de certification de l’éradication de la dracunculose, établis par l’OMS ».
Selon les conclusions de cette mission, constituée de professionnels de santé publique et de l’hydraulique, le Niger a rempli « tous les critères pour la certification de l’éradication de la dracunculose ». Le Dr Breman a indiqué que les conclusions de leur évaluation seront soumises au comité international de certification qui se réunira dans la première semaine de décembre 2013 à Genève en Suisse pour analyse et avis final.
Prenant la parole à cette occasion, le Représentant de l’OMS a salué les « immenses efforts » fournis par le Niger dans sa lutte contre le ver de Guinée. Tout en transmettant les félicitations de la Directrice générale et du directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, Dr Pana a souligné que son Organisation suit avec « une grande attention » le processus de certification du Niger comme pays épargné de la dracunculose. « Le Niger est résolument engagé dans la certification de l’éradication du ver de Guinée. Nous sommes presque à l’étape finale et ceci est le fruit d’un travail merveilleux abattu par les autorités sanitaires avec l’appui des partenaires, des responsables locaux ainsi que des communautés » s’est-il félicité.
Pour le Représentant de l’OMS au Niger « c’est une bataille qui vient ainsi d’être remportée (…) mais il faut poursuivre le combat pour une surveillance intégrée des autres maladies et endiguer et circonscrire les éventuels cas de dracunculose ».
Grace aux efforts fournis par le Niger et ses partenaires, la dracunculose est vaincue dans le pays où, selon Dr Pana, davantage d’actions devront être menées pour une « amélioration de la couverture en eau potable et la formation continue du personnel de santé sur la maladie.». Le Représentant de l’OMS a plaidé pour une mobilisation continue des enseignants et éleves, des communautés avec en toile de fond un renforcement des capacités des leaders (chefs coutumiers, religieux et élus locaux) et également la poursuite de la distribution de matériels de filtrage de l’eau de boisson.
« L’OMS reste disponible à apporter l’appui nécessaire pour la poursuite des actions nobles contre le ver de Guinée et nous restons convaincus que le Niger sera déclaré épargné de cette maladie » a soutenu Dr Pana.En rappel, l’OMS fournit assidûment des orientations techniques aux États Membres dont le Niger et coordonne les activités d’éradication, en faisant appliquer les mesures de surveillance dans les régions libérées de dracunculose.
La situation épidémiologique de la dracunculose n’est plus alarmante, selon les constats établis par l’EIC qui a sillonné 33 districts sanitaires (sur les 42) au sein des huit (8) régions du Niger avec la visite de 67 Centres de santé intégrés (CSI) et 113 villages. De même un total de 1432 individus ont été interrogés par les différentes équipes de l’EIC disséminées dans les régions nigériennes.
En publiant ses conclusions, l’EIC a recommandé aux autorités sanitaires du Niger de renforcer l’intégration des activités de surveaillance du ver de Guinée à d’autres programmes de santé à base communautaire. Pays d’accueil pour plus de 50.000 réfugiés maliens installés dans des camps, le Niger devra aussi renforcer la surveaillance épidémiologique du ver de guinée dans les camps de réfugiés, les sites d’orpaillage et les districts sanitaires frontaliers avec les pays encore endémiques notamment le Mali et le Tchad, soulignet-on.
Les campagnes d’éradication ayant fait la preuve de leur efficacité au Niger, les autorités en charge de la lutte contre le ver de Guinée ont instauré une prime pour tout cas détecté et rapporté. C’est pourquoi, l’EIC a recommandé l’intensification des activités d’information de la population au moyen du système de récompense et en utilisant les médias communautaires, la radio et la télévision nationales.
Dans son discours de circonstance, le Ministre de la Santé Publique, Mano Aghali, a souligné que ces résultats confirment l’absence de toute transmission locale de la dracunculose au Niger. Ceci, a-t-il dit, corrobore le contenu du rapport national de demande de la certification ainsi que la fiabilité du système de surveillance épidémiologique au Niger.
Le Ministre de la Santé publique a adressé sa reconnaissance aux principaux partenaires du Niger dont l’OMS pour leur soutien dans la lutte contre le ver de Guinée. Il a soutenu qu’au sortir de cette évaluation externe conduite par des experts indépendants, le Niger « est entrain d’honorer ses engagements pris à Genève en 1989 et réaffirmés en 2004 pour l’éradication du ver de Guinée ».
Jadis pays endémique de la dracunculose, le Niger est passé de 32.829 cas en 1991 à zéro cas autochtone en fin 2009 a encore rappelé le ministre Aghali, ajoutant que l’éradication de cette maladie est synonyme de lutte contre la pauvreté, l’absentéisme scolaire et la réduction de la charge des travaux pour les femmes.
Maladie parasitaire invalidante, la dracunculose est sur le point d’être éradiquée avec seulement 542 cas notifiés en 2012, selon l’OMS. La même source indique sur les 20 pays où la maladie était endémique au milieu des années 1980, seuls quatre (4), tous en Afrique, ont notifié des cas en 2012. Il s’agit de l’Ethiopie, du Soudan du Sud, du Mali et du Tchad.
Communément connu sous le nom de maladie du ver de Guinée, cette maladie parasitaire, mais rarement mortelle est provoquée par Dracunculus medimensis, un long ver filiforme, exclusivement transmis par l’ingestion d’eau contaminée par le parasite. Elle touche notamment les populations rurales pauvres et isolées, contraintes souvent de consommer l’eau de points d’eau en surface non aménagés telles que les mares.