Transplantation hépatique : l’OMS soutient la première intervention chirurgicale ivoirienne
La Côte d’Ivoire vient de réaliser avec prouesse son premier cas de transplantation hépatique. Le Professeur Keli Elie, chef du Service de Chirurgie Générale, Digestive et Endocrinienne au CHU de Treichville (Abidjan), l’a annoncé le 29 décembre 2021, au Premier Ministre ivoirien, Patrick ACHI.
Il avait auparavant animé un point de presse le 28 décembre 2021, au Cabinet du Ministre de la santé, de l’Hygiène Publique et de la Couverture maladie universelle, en présence du Représentant de l’OMS pour livrer les détails de cette grande intervention chirurgicale.
C’est une première expérience dans la sous-région, qui a bénéficié de l’appui technique, financier et matériel de l’OMS. Ainsi, la Côte d’Ivoire devient le 3ème pays africain à réaliser la transplantation hépatique après l’Egypte et l’Afrique du Sud.
La transplantation hépatique (ou greffe du foie) est une technique chirurgicale complexe qui consiste au remplacement d’un foie malade par un foie sain dit greffon. Elle s’adresse aux malades souffrant de cancers primitifs du foie, de cirrhose évoluée ou de malformations du foie.
L’équipe ivoirienne, dirigée par le Professeur Keli Elie, était composée de 6 chirurgiens, 3 Anesthésistes, 2 radiologues et 1 hépatologue. Cette équipe a été formée, entre 2006 et 2019 à Pittsburgh (USA), à Paris (France) et au Caire (Egypte) avec l’appui financier de l’Organisation mondiale de la Santé. Elle a bénéficié de l’appui d’une équipe de 08 éminents professeurs égyptiens venus du Caire, avec une expérience de 3 transplantations hépatiques hebdomadaires depuis 2003, soit plus de 1 500 transplantation hépatique réalisées à ce jour.
« La patiente, âgée de 60 ans, va très bien. Le donneur également va très bien. Nous pouvons à ce stade des choses dire que tout s’est bien passé », a assuré Professeur Keli Elie.
La délégation égyptienne conduite par le Professeur Amr Abdelaal, a été présentée aux autorités ivoiriennes, notamment le Premier Ministre, Patrick ACHI et le Ministre de la santé, Pierre N’Gou DIMBA. Elle s’est félicitée d’avoir pu réussir la première greffe de foie en Côte d’Ivoire en collaboration avec des spécialistes ivoiriens. Le Professeur Amr Abdelaal a souhaité un fructueux partenariat entre son pays et la Côte d’Ivoire dans le domaine de la santé.
Le Premier Ministre a adressé ses vives félicitations à l’équipe des Experts ivoiriens et égyptiens pour cette prouesse médicale. Il a salué la coopération Sud-Sud, et annoncé que les autorités ivoiriennes mettront tout en œuvre pour la création d’un centre de transplantation d’organes afin de faire de la Côte d’Ivoire le hub sanitaire pour la sous-région. Il a remercié l’OMS pour son appui technique et financier ayant permis la réussite de ce projet.
Le Ministre de la santé, Pierre N’Gou DIMBA, a exprimé toute sa satisfaction pour cette belle performance en matière de santé réalisée par des Experts ivoiriens. Il a remercié vivement les Experts égyptiens pour leur soutien à la Côte d’Ivoire dans ce domaine. Il a également souhaité étendre cette coopération médicale à d’autres maladies.
Le Représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Dr Jean-Marie Vianny YAMEOGO, a dit toute la joie et la satisfaction de la Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, qui a souhaité qu’Abidjan devienne ce hub sanitaire de la sous-région ouest-africaine et que d’autres équipes de la sous-région puissent se référer à l’équipe de transplantation ivoirienne pour bénéficier des services sur le plan médical et chirurgical.
« L’implication de l’OMS dans ce programme en appui à la Côte d’Ivoire s’inscrit dans le cadre global des Objectifs de Développement Durable à l’horizon 2030. Pour aider les pays à atteindre les cibles mondiales d’élimination de l’hépatite, l’OMS s’efforce, entre autres, de promouvoir des partenariats et de mobiliser des ressources, d’améliorer l’équité en santé dans le cadre de la lutte contre l’hépatite, de prévenir la transmission, de renforcer les services de dépistage, de prise en charge et de traitement », a dit Dr Jean-Marie Vianny YAMEOGO.
En 2017, au début du projet, l’OMS avait appuyé financièrement la formation de 06 spécialistes ivoiriens au Caire en Egypte, pendant 1 mois, sur les techniques de transplantation du foie. Pour la réalisation de l’intervention, l’OMS a encore entièrement financé, du 26 au 29 décembre 2021, la mission des 08 spécialistes égyptiens et deux spécialistes ghanéens (observateurs) venus appuyer l’équipe ivoirienne.
Les bénéfices d’une transplantation hépatique sont énormes pour le patient et pour le pays ; il s’agit d’un gain de survie de quelques années en plus et d’une amélioration de la qualité de vie (resocialisation, réintégration professionnelle, etc. …). Pour le pays, les bénéfices sont nombreux, entre autres, une réduction de la mortalité et de la morbidité des affections du foie, une contribution à l’augmentation de l’espérance de vie, une bonification de la qualité du système de santé, une affirmation du leadership médical au niveau régional et la promotion du tourisme sanitaire.
Les données épidémiologiques sur les hépatites virales et le registre préliminaire des candidats, démontrent que la demande existe aussi bien en Côte d’Ivoire que dans la sous-région.
L’hépatite virale B touche 12% de la population en Côte d’Ivoire, et l’hépatite virale C affecte 4% des ivoiriens. Les hépatites virales en Côte d’Ivoire, sont responsables de 8,4/100 000 décès par cancer, et de 36,3/100 000 décès par cirrhose chaque année soit respectivement 1932 et 8349 décès pour 23 millions d’habitants, c’est-à-dire 10 281 décès.
Le véritable défi sera de faciliter l’accès à cette offre de soins à de nombreux patients. La formation du personnel et l’acquisition du matériel demeurent d’autres challenges à relever afin d’optimiser les conditions de sécurité de l’acte chirurgical. L’objectif majeur à terme, pour le pays, reste la création d’un centre dédié à la transplantation hépatique.