En RDC, les populations déplacées internes du Tanganyika bénéficient de la vaccination contre la COVID-19 grâce au financement de l’Union européenne

Dans la province du Tanganyika, dans le sud-est de la République démocratique du Congo (RDC), les conflits intercommunautaires et les attaques de groupes armés ont forcé plus de 360 850 personnes, soit environ 10 % de la population, à fuir leurs habitations. Ces personnes déplacées internes sont particulièrement exposées aux maladies à potentiel épidémique, dont la COVID-19.

Avec l'appui financier de l’Union européenne (UE), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ses partenaires se sont fortement impliqués dans la réponse en appuyant les autorités sanitaires dans la vaccination de ces populations vulnérables.

La vaccination contre la COVID-19 a débuté en avril 2021, et couvre toutes les vingt-six provinces de la RDC. À la date du 24 novembre 2022, près de 6,6 millions de personnes (12,2 % de la population adulte) ont reçu au moins une dose de vaccin pour se protéger du virus SARS-CoV-2, tandis que 4,5 millions de personnes sont complètement vaccinées (8,4 %).

Une vue partielle du site de déplacés internes de Kikumbe dans la zone de santé de Nyemba, au nord de Kalemie, Province du Tanganyika
WHO/Eugene Kabambi
Depuis plusieurs années, les 400 000 habitants de la ville de Kalemie, chef-lieu provincial du Tanganyika, vivent aux côtés des populations déplacées internes ayant fui les violences intercommunautaires qui minent le sud-est du pays. Dans l’ensemble, 13 sites de déplacement actifs sur l'étendue de Kalemie comme territoire, incluant également ceux du territoire voisin de Nyunzu, abritent ainsi près de 20 000 personnes, au cœur des paysages verdoyants de cette province.
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En cette mi-journée du 05 novembre 2022, la routine du camp de Kisalaba, à 28 km de Kalemie, est rompue par la voix d’un mobilisateur social équipé d’un mégaphone à piles annonçant une campagne de vaccination contre la COVID-19, ainsi que sur les bénéfices des vaccins. « Mon travail ressemble à quelque chose que n’importe qui peut faire, mais c’est énergisant, et je suis très fier de le faire », explique Gilbert Djuma Kamona, un relais communautaire de 41 ans. Aujourd’hui, le sensibilisateur passionné dit qu’il est toujours motivé d’arpenter les ruelles du site de Kisalaba pour mobiliser davantage sa communauté en faveur de la vaccination lorsqu’une telle activité de masse est organisée. « Avoir un message à apporter à ma communauté pendant cette campagne de vaccination est une vraie satisfaction pour moi, surtout pour rappeler aux personnes éligibles que les vaccins sont gratuits, sûrs et diminuent les risques de contracter la COVID-19 ou de développer les formes graves de la maladie », dit-il.
Assis sur des bancs simples dans un hangar transformé en site de vaccination, des déplacés attendent de recevoir leur vaccin anti COVID-19
WHO/Eugene Kabambi
Assis sur des bancs simples dans un large hangar transformé en site de vaccination contre la COVID-19, une dizaine de déplacés attendent tour à tour de recevoir le vaccin. Ils ont tous entendu le message de sensibilisation répété à la criée par les relais communautaires du site.

Lorsque le deuxième tour de la campagne de vaccination a été lancé au début du mois de novembre dans le Tanganyika, l’OMS, l’OIM et les autres partenaires ont déployé leurs experts ainsi que les moyens logistiques pour accompagner les autorités provinciales dans cette phase d’intensification vaccinale, afin de s’assurer que les personnes les plus âgées, celles avec les comorbidités comme le diabète, l’hypertension artérielle ou l’obésité, les agents de santé et les déplacés internes étaient bien parmi les bénéficiaires prioritaires.
Dans le village de Mwaka, au milieu d’un paysage escarpé, le chef du site de déplacés, Joseph Kibwe Manengela se fait vacciner en premier, puis sa femme, pour convaincre les derniers refractaires
WHO/Eugene Kabambi
Dans le village de Mwaka, au milieu d’un paysage escarpé mais accessible par une route accidentée et non pavée, à environ une trentaine de kilomètres au sud-ouest de Kalemie, le camp de personnes déplacées est géré par Joseph Kibwe Manengela, 63 ans.

Lui et son épouse sont les premiers à se présenter au site de vaccination pour convaincre les derniers réfractaires. « Nous devrions nous ouvrir à la possibilité de prendre ce vaccin contre la COVID-19 car la vie est si imprévisible, et nous ne savons pas quelle autre épidémie viendra demain, surtout dans ces sites de déplacés qui sont un endroit extrêmement exposé aux maladies », affirme Kibwe Manengela.

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Thérèse Mwana Mbayo a 62 ans et vit dans le site des déplacés de Katanga après avoir fui les affrontements qui avaient lieu dans son village l’an dernier. Aux prises avec d’autres comorbidités, elle fait partie des personnes vulnérables à haut risque ciblées par la campagne de vaccination contre la COVID-19 en ce mois de novembre 2022. Mwana Mbayo est enthousiasmée par la possibilité qu’offrent les vaccins déployés dans le camp pour déplacés, et qui profitent aussi aux autres communautés locales des villages à proximité.

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« L’agent de la sensibilisation nous a dit que les personnes de mon âge pouvaient être vaccinées contre le coronavirus et que cela pouvait aussi renforcer mon système immunitaire pour bien résister à la maladie », dit Mwana Mbayo, avant de recevoir sa première dose.
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« Permettre aux populations déplacées internes de se faire vacciner contre la COVID-19 est essentiel pour protéger leur santé et répondre efficacement aux urgences de santé publique », explique le Dr Didier Sashila Mukebo, médecin chef de zone de Kalemie. « Nous devrions clairement communiquer les informations aux bénéficiaires, à savoir que nous avons deux types de vaccins disponibles en ce moment ici à Kalemie qui offrent une meilleure protection : Johnson & Johnson, à dose unique, et Moderna qui se prend à deux doses. » A bien des égards, « les gens ne devraient pas avoir peur de se faire vacciner », assure-t-il.
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Lors de la première phase du mois de mai 2022, les onze zones de santé du Tanganyika avaient atteint une couverture vaccinale de 3,3 %. Pour cette deuxième phase du mois de novembre, 116 705 personnes ont été vaccinées, soit 7,4 % de la cible (1 574 538), selon les chiffres du Programme élargi de vaccination (PEV). La Province du Tanganyika espère vacciner au moins 70 % de sa population cible d’ici la fin de cette année 2022 avec un accent particulier sur les personnes vulnérables présentant des facteurs de comorbidité, et le personnel de santé. « Pour y parvenir, nous devons trouver comment augmenter la confiance, renforcer l’engagement des communautés et des autorités politico-administratives ainsi qu’une mobilisation sociale qui favorise un environnement d’acceptation des vaccins et de la vaccination contre la COVID-19 », ajoute le médecin chef de zone de Kalemie.

Au terme de la deuxième phase de la campagne de vaccination contre le virus du SARS-CoV-2, les trois zones de santé du Tanganyika (Kalemie, Nyemba et Nyunzu) ont vacciné plus de 4 675 personnes adultes déplacées internes, sur les 8 647 attendues, ce qui représente une couverture vaccinale de 54,06 %, selon le PEV.
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« Nous sommes extrêmement reconnaissants à l’Union européenne pour tout son appui financier qui nous a donné l’opportunité, avec les autres partenaires, de continuer à prêter main forte aux autorités et à engager les acteurs communautaires sur le terrain pour augmenter la couverture vaccinale au sein de la population. L’accès aux vaccins pour les communautés vulnérables est hautement prioritaire, et nous devons tout mettre en œuvre pour que les déplacés internes, les personnes avec comorbidités et les prestataires de la santé de première ligne se fassent vacciner contre la COVID-19 et soient mieux protégés », a souligné le Dr Amédée Prosper Djiguimdé, Chargé du Bureau de l’OMS en RDC.
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Depuis la deuxième moitié de l’année 2022, la RDC - bien que confrontée à d’autres crises humanitaires et à des flambées épidémiques - choléra, fièvre jaune, rougeole, poliovirus circulants dérivés d’une souche vaccinale, méningite, variole du singe etc. - a accéléré les activités de vaccination contre la COVID-19 dans les provinces prioritaires pour tenter de rattraper son retard par rapport aux autres pays de la région.

Les populations dites spéciales telles que les personnes déplacées internes dans les provinces du Bas-Uélé, Haut-Uélé, Nord-Kivu, Nord-Ubangi, Sud-Kivu, Sud-Ubangi et Tanganyika font également partie de la cible prioritaire pour la vaccination qui bénéficie d’un soutien financier de l’Union européenne.
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