Consolider la riposte à la mpox en Afrique alors que les efforts commencent à porter des fruits
Déclaration de la Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique
Brazzaville – Même si la mpox reste une menace mondiale – comme en atteste la déclaration de l’OMS, le 22 novembre 2024, selon laquelle cette maladie constitue toujours une urgence de santé publique de portée internationale –, nous commençons à percevoir des signes que les efforts de riposte portent des fruits en Afrique.
C’est une nouvelle encourageante, mais nous savons que des défis demeurent, et nous devons rester vigilants.
Voici mon analyse.
Depuis que la mpox a été déclarée comme une urgence de santé publique de portée internationale en août 2024, la situation est devenue plus complexe à l’échelle mondiale. Etant donné que la maladie peut se propager à travers les voyages internationaux, elle doit encore faire l’objet d’une riposte internationale coordonnée.
Cela ne signifie pas pour autant que la situation en Afrique est la même qu’il y a un peu plus de 100 jours.
Où en est-on maintenant ?
La situation de la mpox en Afrique est contrastée. De nombreux pays de la Région ont renforcé la surveillance de la maladie, la détection des cas (y compris aux points d’entrée pendant les voyages) et la prévention des infections (particulièrement grâce à la vaccination), ainsi que la fourniture de soins et le soutien aux personnes touchées. Tous ces efforts ont permis de freiner la propagation du virus.
Par exemple, depuis le mois d’octobre 2024, le Congo, le Gabon, la Guinée et l’Afrique du Sud n’ont signalé aucune flambée active de mpox pendant au moins six semaines consécutives et sont entrés dans la « phase de contrôle » (laquelle commence lorsqu’aucun nouveau cas n’a été signalé au cours des 42 derniers jours). Et, au 25 novembre, le Ghana, la Zambie et le Zimbabwe sont également entrés dans cette phase.
Seize des 19 pays de la Région touchés par la mpox ont désormais atteint des taux de dépistage supérieurs à 80 %. Cependant, la République démocratique du Congo reste le pays le plus affecté par la maladie, représentant près de 80 % de tous les cas confirmés en laboratoire dans la Région depuis le début de l’année.
La mpox s’est propagée à plus de 80 % des zones de santé (touchant 424 zones sur 519) en République démocratique du Congo ; le Sud-Kivu, Tshuapa et Sankuru supportent actuellement la plus lourde charge due à cette maladie. Le pays est confronté à des problèmes importants, notamment des capacités de diagnostic limitées et des contraintes logistiques. Par exemple, seulement 37 % des échantillons prélevés ont été analysés au cours des trois semaines allant de fin octobre à début novembre 2024, laissant certaines provinces sous-représentées dans les données de surveillance, ce qui se ressent par ailleurs sur la riposte.
Nous devons poursuivre nos efforts dans tous les domaines clés de la riposte aux flambées et les intensifier là où cela s’avère nécessaire.
Dans toute la Région, l’OMS et ses partenaires ont fourni un appui technique et un large éventail de matériels aux gouvernements pour les aider à se préparer aux flambées de mpox et à y riposter. Plus de 2000 professionnels de santé ont été formés aux principaux aspects de la riposte aux flambées épidémiques. Les capacités de diagnostic ont été considérablement renforcées grâce à la réalisation de 42 000 tests PCR (ou amplification en chaîne par polymérase) au cours du seul mois d’octobre. La recherche et le traitement des cas contacts ont été intensifiés et des activités de communication sur les risques et l’engagement communautaire à grande échelle sont activement soutenues pour informer les populations sur les moyens de rester en sécurité.
En outre, l’OMS fournit un appui technique aux pays pour qu’ils puissent élaborer des plans de déploiement ciblés des vaccins afin d’accroître au maximum l’impact d’un nombre limité de doses. L’Organisation a facilité l’achat de vaccins par les pays en ajoutant le vaccin MVA-BN à sa liste de préqualification, en déclenchant le processus d’homologation d’urgence des vaccins LC-16 et ACAM2000 et en établissant un Mécanisme d’accès et d’allocation afin de faciliter un meilleur accès aux vaccins, aux traitements et aux tests là où ils sont le plus nécessaires.
Des campagnes de vaccination contre la mpox sont organisées en ce moment en République démocratique du Congo, au Nigéria et au Rwanda, et des plans de vaccination sont en cours dans d’autres pays.
En novembre, le Mécanisme d’accès et d’allocation a alloué près de 900 000 doses de vaccin anti‑mpox à neuf pays africains les plus durement touchés par la flambée actuelle de mpox. Il s’agit notamment de l’Afrique du Sud, de la Côte d’Ivoire, du Kenya, du Libéria, du Nigéria, de l’Ouganda, de la République centrafricaine et de la République démocratique du Congo.
Nous ne sommes pas encore sortis d’affaire.
Lors d’une visite récente dans un centre de traitement à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, j’ai pu observer par moi-même les efforts et les défis auxquels sont confrontés les professionnels de santé qui continuent de travailler sans relâche dans des conditions difficiles.
Au 27 novembre 2024, 12 pays connaissaient encore une transmission active du virus. Huit d’entre eux – à savoir la RDC, le Burundi, la République centrafricaine le Nigéria, la Côte d’Ivoire, le Libéria, l’Ouganda et le Kenya – sont confrontés à des flambées épidémiques très préoccupantes. Le Burundi, l’Ouganda et la RDC représentent collectivement plus de 96 % de l’ensemble des cas de mpox confirmés en laboratoire dans la Région et ont toujours besoin d’interventions urgentes et durables.
À sa deuxième réunion sur la recrudescence de la mpox, tenue le 22 novembre 2024, le Comité d’urgence du RSI a pris note des progrès accomplis dans la lutte contre la propagation de la mpox, mais a indiqué que cette maladie continue de répondre aux critères d’une urgence de santé publique de portée internationale et qu’il s’avère nécessaire d’adopter une riposte cohérente et durable entre les pays, ce qui suppose notamment des engagements nationaux plus fermes.
Si nous reconnaissons les acquis et célébrons les succès obtenus à ce jour, il n’y a aucun doute que nous devons faire davantage pour protéger les populations contre la mpox, en Afrique et ailleurs.
La solidarité mondiale et régionale est de ce point de vue essentielle. Il est primordial d’accroître les ressources et le soutien, en particulier pour les communautés et les pays qui sont les plus touchés par la flambée de mpox en Afrique.
Ce n’est qu’alors que nous pourrons pérenniser les acquis et relever les défis restants, qu’il s’agisse de la surveillance ou de l’accès aux vaccins anti-mpox.
Contexte
Au 27 novembre 2024, plus de 14 669 cas confirmés en laboratoire et 55 décès avaient été notifiés dans la Région africaine depuis le début de l’année en cours. La notification de cas d’infection par la souche très virulente du clade 1b au Royaume-Uni, en Suède, en Allemagne, aux États-Unis d’Amérique, en Thaïlande et en Inde souligne l’impérieuse nécessité de s’attaquer à cette flambée épidémique à son épicentre afin d’éviter une nouvelle propagation mondiale.
La mpox est une maladie virale causée par l’orthopoxvirus simien, une espèce du genre Orthopoxvirus. Les symptômes courants de la mpox sont une éruption cutanée ou des lésions des muqueuses pouvant durer deux à quatre semaines, avec de la fièvre, des maux de tête, des douleurs musculaires, des douleurs dorsales, un manque d’énergie et un gonflement des ganglions lymphatiques. Dans les cas graves, la maladie peut être mortelle.