Comores : les Points de réhydratation orale, une solution dans la riposte contre l'épidémie de choléra

Lorsque les autorités sanitaires des Comores ont déclaré l’épidémie de choléra le 2 février 2024, l’OMS a émis des recommandations visant à décentraliser les sites de prise en charge des malades au niveau de tous les districts ainsi que la mise en place de points d’approvisionnement d’eau potable dans les zones vulnérables, entre autres. L’Expérience a été suivie pleinement sur l’île d’Anjouan et la tournure des évènements a justifié l’efficacité des points de réhydratation orale (PRO).

En effet, au mois d’avril, le bureau de l’OMS a procédé à la mobilisation de 48 volontaires, dont la plupart sont issues du domaine médical, pour se joindre aux équipes de la Direction régionale de la Santé d’Anjouan dans le cadre de la riposte à l’épidémie de choléra. Si la base des volontaires se trouve à Domoni, les équipes ont été déployées aux quatre coins de l’île, précisément à Djimlimé, Adda, Mirontsi et Hasimpao où sont ouverts les sites de PRO de l’OMS alors qu’une autre équipe est restée au CTC de Hombo pour l’appui à la collecte et la gestion des données. Une autre équipe mobile supervisait toutes les équipes journalièrement.

Pour bien mener son appui, l’OMS a installé une équipe d’experts portée par Dr Demba Lubambo du bureau régional de l’OMS pour l’Afrique. Habitué aux Comores et aux urgences sanitaires, il a été le binôme de Dr Sainda Mohamed dans la gestion de la crise jusqu’au mois de juin. Au cours d’une des missions de supervisions menées par le Représentant de l’OMS, plusieurs personnes ont témoigné du bien-fondé de l’installation des PRO.

C’est le cas de Sidi Bacar, maire de Mirontsi, une localité située dans le district de Mutsamudu. « Les habitants de Mirontsi bénéficient de soins de proximités grâce à l’ouverture du PRO. C’est une bonne chose pour nous tous puisque la distance vers le centre de traitement du choléra est réduite et le personnel de santé du PRO ont toutes les capacités pour prendre en charge les cas qui ne sont pas sévères », se réjouit le maire, qui n’a pas hésité à mettre à la disposition de l’OMS et de la DRS un emplacement du PRO. « Je ne pouvais pas rester indifférent, je suis un élu local et dans une situation de crise sanitaire mon rôle est de faciliter les autorités et dans leurs démarches pour sauver des vies », affirme Sidi Bacar qui remercie le Représentant de l’OMS pour l’appui et la collaboration.

Même son de cloche du côté du village de Hasimpao. Le Chef local a fait savoir que l’ouverture du PRO a beaucoup soulagé les habitants et les villages autour. « Il y avait beaucoup de cas dans le village, nous étions obligés de nous rendre au CSD de Sima ou au CTC de Hombo à Mutsamudu. Ce trajet était difficile, la majorité des malades arrivaient déjà à un stade sévère. Aujourd’hui, la prise en charge est rapide sur le PRO, les localités avoisinantes et les habitants de Hasimpao sont satisfaits de cette décentralisation », explique le Chef du village au Dr Diarra Abdoulaye.

Fait marquant partout où le Représentant de l’OMS s’est rendue, ce sont des bénévoles de la communauté locale qui ont décidé d’assurer la sécurité des PRO et du personnel qui y est déployé. « C’est un engagement communautaire salutaire qui ne peut que renforcer le soutien de tous les partenaires dans la riposte contre l’épidémie de choléra. Nous parlerons toujours de cette exemplarité des Comoriens », a souligné Dr Diarra.

Dr Daniel Oirdi est le coordinateur du CTC de Hombo. Rencontré au PRO de Mirontsi, il n’a pas manqué de confirmer que l’ouverture des PRO a beaucoup soulagé le centre de traitement du choléra. « Nous recevons moins de cas depuis la décentralisation de la prise en charge avec les PRO. Ce sont les cas sévères qui nous parviennent sur transfert des PRO. Tout le monde est soulagé et nous avons de bonnes conditions de travail », a-t-il dit.

Il faut savoir qu’à partir d’un PRO, les volontaires de l’OMS interviennent aussi dans les environs pour mener la recherche active, la surveillance, la désinfection et la sensibilisation. Ces interventions sont menées avec d’autres partenaires comme le Croissant-Rouge comorien. Les volontaires de l’OMS appuient aussi les équipes de vaccination pour rehausser le taux de couverture vaccinale.

A la date du 24 juin, le rapport de situation épidémiologique rendu public par le ministère de la Santé des Comores fait état de 9871 cas suspects cumulés de choléra signalés dans le pays, 501 nouveaux cas suspects notifiés durant la période du 17 au 23 juin 2024. 9627 patients déclarés guéris du choléra et 98 patients pris en charge dans les sites de traitement en date du 23 juin 2024. Au total, le pays compte 141 décès enregistrés depuis le début de l’épidémie (5 nouveaux décès du 17 au 23/06/2024). Le taux de létalité globale est de 1,5% avec 111 cas pour 10 000 habitants de taux d’attaque cumulé aux Comores (Ndzuwani : TA = 225; Mwali : TA = 88 et Ngazidja : TA = 14).