Kaya, Burkina Faso – Savoir ce dont on souffre est le premier pas vers la guérison. Cette assertion est d’autant plus vraie pour les personnes déplacées internes et les communautés hôtes vivant dans les zones à défis sécuritaires du Burkina Faso comme Kaya, qui ont bénéficié des consultations gratuites lors d’une campagne de dépistage du Diabète et de l’hypertension artérielle.
En effet, dans les zones à défis sécuritaires du Burkina Faso, les structures sanitaires implantées au niveau communautaire ne disposent pas toujours d’équipements adaptés pour dépister les maladies chroniques telles que le diabète lors des consultations ordinaires. Elles disposent encore moins de médicaments pour la prise en charge gratuite des personnes déplacées et des communautés hôtes vulnérables souffrant de ces affections.
Pourtant, ces maladies constituent des problèmes de santé publique au Burkina Faso. Selon les données du rapport de l’enquête STEP 2021, en 2021, 1,7 % des décès dans les hôpitaux étaient dus à l’hypertension artérielle pendant que le diabète était la 8ème cause de mortalité chez les personnes âgées de plus de 15 ans.
C’est pour accroître la couverture de services spécifiques à ces maladies, surtout pour les populations vulnérables que le ministère de la santé et de l’hygiène publique a organisé cette campagne à Kaya. L’initiative appuyée par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a reçu le soutien financier du Département d’Etat des Etats-Unis (U.S. Department of State - USDOS), du Danemark et de l’Agence italienne pour la Coopération au Développement (AICS).
« Avant que Rabenaga, le crieur public du village ne nous informe que le diabète et l’hypertension existent et qu’on pouvait venir faire des examens gratuits au poste de santé avancé aujourd’hui, je ne connaissais pas ces maladies » témoigne Minata Sawadogo, 55 ans, une déplacée interne vivant sur l’un des sites de populations déplacées installés dans la ville de Kaya, dans la région du Centre nord du Burkina Faso. Ce jour, elle a fait le déplacement pour le poste de santé avancé de Kuim Kuili, à une centaine de kms de Ouagadougou la capitale, à la suite des sensibilisations menées auprès des populations déplacées internes et des communautés hôtes par le biais des volontaires communautaires et des crieurs publics comme Rabenaga.
Dans la cour du poste de santé de Kuim Kuili, Minata et d’autres personnes sont installées à l’ombre des tentes disposées pour une occasion spéciale : procéder au dépistage du diabète et de l’hypertension artérielle. Depuis quelques mois, Minata se plaint de douleurs et de fourmillements dans les jambes. « Je suis venue parce que j’aimerais savoir si ce sont les maladies dont Rabenaga a parlé qui me donnent des malaises depuis un moment », nous confie-t-elle. En venant se faire dépister, Minata espère que des solutions seront trouvées à ses maux.
Afin de s’assurer que les personnes sensibilisées soient dépistées directement sur place, des glucomètres, tensiomètres et d’autres produits de première nécessité achetés grâce aux fonds du Département d’Etat des Etats-Unis (USDOS), du Danemark et de la coopération italienne ont été fournis aux structures sanitaires. Ce matériel est utilisé par les travailleurs de la santé qui prennent en charge les patients.
Une fois en consultation, le médecin suspecte le diabète chez Minata. A la suite de cela, la dame est dirigée vers une autre unité pour le test de glycémie dont le taux s’avèrera élevé par rapport aux normes. Comme pour tous les autres patients avant et après elle, le médecin lui recommandera d’éviter le surpoids, l’obésité, le manque d’activité physique, le tabagisme, la consommation excessive d’alcool, le stress et manger trop sucré, trop gras ou trop salé. « Le médecin m’a expliqué que ce sont les risques majeurs des maladies comme le diabète. Maintenant que je sais cela, je vais respecter ses recommandations », indique la quinquagénaire, soulagée de connaître la cause de ses maux et le mode de vie à adopter pour réduire leur impact sur sa santé.
A Kaya, le Dr Albert Yaméogo, médecin-chef du district sanitaire, se réjouit de l’intérêt porté aux maladies non transmissibles et chroniques comme le diabète et l’hypertension artérielle. « Cet appui vient à point nommé. Sans matériel approprié pour le dépistage au niveau des centres de santé et de promotion sociale, sans renforcement des capacités des travailleurs de la santé sur ces maladies et sans médicaments pour la prise en charge des malades, nous étions limités ». Dans la majeure partie des cas, le diabète était détecté chez les patients quand la maladie est déjà à une phase avancée. Une situation à l’origine de nombreux cas d’accidents vasculaires cérébral (AVC), de complications de diabète ignoré, d’évacuations vers le Centre hospitalier régional ou de décès, regrette-t-il.
Saaga Sawadogo, un autre déplacé interne, est également venu se faire dépister. « Je n’ai pas de problème de santé particulier. Je me sens bien, mais je suis venu me faire dépister parce que je souhaite savoir si je souffre de l’une de ces maladies ou pas », dit l’homme de 58 ans. Agent de santé communautaire de son état, Saaga a souvent entendu parler du diabète et de l’hypertension artérielle. Cependant, il ignore son statut, d’où son intérêt. Informé de ses résultats, le vieil homme est content. Son taux de glycémie est dans les normes.
Comme Minata, et les centaines de personnes venues se faire dépister sur les sites de déplacés internes de Kuim Kuili, des « 38 villas » et de Tiwèga, Sawadogo recevra les mêmes recommandations que Minata. Au cours des trois jours de campagne à Kaya, près de 500 personnes ont été dépistées et plus du tiers d’entre-elles ont été référées pour une prise en charge pour l’une ou l’autre de ces deux maladies. L’affluence et l’intérêt observés au sein des populations déplacées internes et des communautés hôtes soulèvent l’urgence d’un renforcement et d’une mise à l’échelle des interventions en faveur de ces affections chroniques dans toutes les zones à haut défis sécuritaires du Burkina Faso.
Dans le district sanitaire de Kaya, l’appui de l’OMS contribue à renforcer la sensibilisation préventive, le dépistage et la prise en charge précoce du diabète et de l’hypertension artérielle. « Dans le cadre de la réponse humanitaire, nous avons jugé important d’aller au-delà de la prise en charge des maladies infectieuses, sur lesquelles la majeure partie des interventions de réponse à la crise humanitaire sont généralement focalisées », explique Dr Emmanuel Moyenga, point focal des urgences dans la région du Centre nord pour l’OMS au Burkina Faso. « En appuyant les interventions nécessaires pour la gestion de ces maladies chroniques, nous souhaitons nous assurer qu’aucune personne ne soit laissée pour compte dans notre réponse sanitaire à la crise humanitaire ».
Spécialiste de la Communication
Bureau de l'OMS au Burkina Faso
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