Conakry – Kadiatou Diallo craignait de ne pas survivre à l’opération censée traiter son cancer après le diagnostic de la maladie, il y a 12 ans. Les soins prodigués par Centre régional francophone de formation à la prévention des cancers gynécologiques, un établissement phare d’Afrique de l’Ouest, dans la capitale guinéenne Conakry, ont permis à la quinquagénaire de vaincre le cancer. Pendant la pandémie de COVID-19, les services de santé essentiels, tels que le traitement et la prévention des cancers, ont été perturbés dans beaucoup de pays en Afrique. Une enquête de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) menée début 2021 a montré que 95 % des 40 pays qui ont répondu ont signalé des perturbations des services de santé à divers degrés. Néanmoins, les pays se sont efforcés de restaurer les services au cours de l’année dernière.
Ce n’était pas la première fois que Kadiatou entendait parler de cette maladie. « Avant ce jour, certaines de mes voisines étaient décédées du cancer et je pensais que la seule issue lorsqu’on est diagnostiqué est la mort. Une mort rapide et douloureuse. C’est pourquoi j’étais vraiment bouleversée. »
Fortement soutenue et encouragée par son mari, Kadiatou s’est rendue au Centre où elle a été immédiatement prise en charge par le personnel médical.
L’une des initiatives phares mises en place par le gouvernement pour lutter contre le cancer du col de l’utérus est la création du Centre régional francophone de formation à la prévention des cancers gynécologique. Situé à Conakry, il est dirigé par le Professeur Namory Keita.
« Le centre sert également de centre de formation à la prévention des cancers gynécologiques pour les pays de la sous-région. Nous organisons de nombreux ateliers régionaux de formation des formateurs et c’est aussi une opportunité pour les spécialistes de la sous-région de se rencontrer et d’échanger sur leurs meilleures pratiques », explique Pr Namory.
« Depuis que je viens ici, j’ai toujours été bien accueillie par l’équipe du centre. Avant mon opération, j’étais assez inquiète car je n’avais jamais subi d’intervention chirurgicale. Je pensais à mes enfants qui étaient en bas âge en me demandant s’ils allaient devoir vivre et grandir sans moi. Finalement, les médecins ont apaisé mes craintes et tout s’est bien passé. »
L’équipement du centre en matériel de dépistage et de traitement des lésions précancéreuses a été assuré par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui finance aussi les sessions de formations aux niveaux national et régional afin de fournir aux pays des outils visant à améliorer leurs capacités de dépistage et de traitement préventif du cancer du col de l’utérus.
L’OMS a par ailleurs appuyé l’intégration du dépistage du cancer du col utérin dans les cinq centres médicaux communaux (CMC) de la ville de Conakry, en assurant la formation du personnel de santé et l’équipement des CMC. De plus, l’organisation appuie entre autres les initiatives de sensibilisation de la population à travers les radios de proximité sur la prévention et la prise en charge du cancer du col utérin.
Souvent, il lui arrive de faire des exposés sur le cancer dans les classes. Elle partage avec les élèves son expérience en tant que survivante du cancer et leur donne également des conseils d’ordre général.
« Je m’adresse surtout aux filles. Je leur dis de s’assurer qu’elles ont une hygiène irréprochable. Par exemple, je leur donne des détails sur comment une fille doit faire sa toilette intime. Je leur dis de se préserver, et de se maintenir en bonne santé. En général, elles ne parlent pas de ces choses en famille, alors j’en parle avec elles. Je leur explique quels sont les signes du cancer et l’importance de prêter attention à son corps. Ainsi elles peuvent partager ces informations avec leurs aînées à la maison. En général, ce sont les filles des niveaux CM (cours moyen) qui s’intéressent à ces sujets. Elles posent des questions et veulent que j’en parle beaucoup plus. Elles sont environ 300 à l’école. »
Les efforts de Kadiatou portent leurs fruits. Plusieurs de ses collègues ont sollicité plus d’informations sur le sujet et sept d’entre elles se sont déjà rendues au Centre de dépistage suivant les conseils de Kadiatou.
« Les femmes de notre Sere sont âgées de 23 à 60 ans. La grande majorité d’entre elles ne sont pas allées à l’école, donc elles comprennent difficilement et pensent que c’est juste quand on est malade qu’on doit se rendre à l’hôpital. Je profite des réunions pour les sensibiliser au cancer du col de l'utérus, notamment à l'importance de faire des contrôles gynécologiques réguliers à titre préventif. Je leur explique ce qu’est le cancer du col utérin – ses signes, ses dangers, ses risques. J’intègre aussi le cancer du sein dans nos discussions. Le plus difficile dans cette lutte, c’est de pouvoir convaincre les femmes d’aller se faire dépister tôt. Une dizaine de femmes ont déjà été orientées ainsi et sont allées au centre de dépistage. »
« Avec mes groupes d’amies et de collègues, mes voisines, et même en famille avec mes cousines et nièces, j’ai déjà parlé de cette maladie à plus de 200 femmes. L’ignorance est notre ennemi numéro 1. Lorsque j’ai été diagnostiquée, je me souviens que certaines voisines m’ont demandé qu’est-ce que j’ai fait pour attraper cette maladie. Et certaines allaient jusqu’à dire : « c’est parce que tu ne prends pas bien soin de toi ». »
« Lorsque je m’adresse aux femmes, j’ai conscience qu’il y a trop d’idées reçues, comme celle que j’ai moi-même eue au départ : que la seule issue au cancer, c’est la mort. Mais je leur dis que je suis la preuve vivante que le cancer n’est pas une fatalité. On peut en guérir, et on peut vivre heureuse longtemps après. C’est très important de garder espoir et de partager cet espoir. Pour cela, je suis une survivante engagée. »
Administrateur chargé de la promotion de la santé & de la communication
OMS Guinée
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Chargée de communication
Bureau Régional de l'OMS pour l'Afrique
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