Message de Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme 2019

Le thème retenu cette année pour la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le paludisme, à savoir « Zéro Palu ! Je m’engage », souligne la nécessité de donner des moyens d’action aux individus, partout dans le monde, pour que chacun prenne l’engagement personnel de sauver plus de vies et d’aider les collectivités et les économies à prospérer en éliminant le paludisme. L’autonomisation des individus et des collectivités est essentielle pour combler les lacunes existantes dans la mise en œuvre des actions de lutte, au même titre que l’implication de ces mêmes individus et communautés dans l’adoption et le déploiement d’interventions simples offrant un bon rapport coût-efficacité.

Nous devons aussi accélérer le rythme des progrès si nous voulons réduire de 40 % le nombre de cas et de décès liés au paludisme dans le monde d’ici à 2020, par rapport aux niveaux de 2015. Cette accélération propulsera les pays sur la voie qui mène à l’élimination et les aidera à atteindre d’autres cibles des objectifs de développement durable telles que l’amélioration de la santé de la mère et de l’enfant. Nous devons également accélérer les progrès : d’une part pour combler les lacunes persistantes dans la mise en application des mesures de prévention du paludisme ; d’autre part pour faire face à la stagnation du financement international et national de la lutte contre le paludisme. C’est dans cette logique que nous lançons un appel pour un engagement politique renouvelé en faveur de l’élimination du paludisme et pour la hausse des investissements dans la lutte antipaludique. Nous exhortons par ailleurs les gouvernements à mobiliser toutes les ressources internes et externes requises et à promouvoir la collaboration intersectorielle et transfrontalière.

Certes, les pays de la Région africaine ont fourni des efforts importants pour élargir l’accès à la lutte contre le paludisme et le monde a connu une période sans précédent de succès dans la lutte antipaludique. Mais l’édition 2018 du Rapport sur le paludisme dans le monde confirme les conclusions du rapport 2017, qui faisait état d’une hausse de 3,5 millions de cas de paludisme dans les 10 pays africains les plus impaludés, comparativement à 2016. Ce qui est alarmant pour l’Afrique, c’est que les 15 pays qui contribuent à 80 % de la charge mondiale de paludisme se trouvent tous en Afrique subsaharienne, exception faite de l’Inde. Hormis l’Inde, 10 de ces 15 pays les plus touchés représentent approximativement 70 % des cas et des décès imputables au paludisme dans le monde.

Des signes de progression se dessinent en dépit de cette évolution, car il ressort des tendances générales que, de 2010 à 2017, la morbidité due au paludisme a baissé dans la Région africaine, passant de 206 millions de cas en 2010 à 200 millions de cas en 2017 ; la mortalité imputable au paludisme a diminué sur la même période, passant de 555 000 décès en 2010 à 403 000 décès en 2017. Deux pays de la Région (l’Éthiopie et le Rwanda) font partie des 20 pays du monde qui ont enregistré une forte baisse de la morbidité (plus de 20 %) et des décès dus au paludisme en 2017, comparativement à 2016

Pour relever le défi lié à l’augmentation du nombre de cas dans les pays fortement impaludés et inverser cette tendance, une approche dirigée par les pays a été lancée en novembre 2018, avec pour ambition de passer d’une charge élevée à un impact élevé. Soutenue  par l’OMS et le Partenariat Faire reculer le paludisme, la riposte passe par une volonté politique aux niveaux national et mondial de réduire le nombre de décès imputables au paludisme. L’approche utilisera des informations stratégiques non seulement pour un impact positif, mais aussi pour la mise en œuvre des meilleures orientations, politiques et stratégies mondiales formulées à l’intention des pays d’endémie palustre et pour des ripostes nationales coordonnées.

En outre, les pays de la Région continuent d’effectuer des tests de dépistage du paludisme en s’appuyant sur des mesures de prévention comme la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide et sur la pulvérisation intra domiciliaire d’insecticides en tant que stratégies clés pour lutter contre le paludisme. En 2017, la moitié des personnes exposées au paludisme en Afrique subsaharienne dormaient sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide, contre 30 % en 2010, ce qui indique un certain succès dans les campagnes de sensibilisation et dans les actions pour un changement de comportements. Ces acquis doivent être consolidés.

J’exhorte les pays à allouer des ressources suffisantes à la lutte antipaludique et à travailler dans tous les secteurs, en renforçant la collaboration transfrontalière. Avec les ressources nécessaires, une coordination solide et des partenaires dévoués, nous pouvons accélérer nos actions et parvenir à une Afrique sans paludisme – en transformant ainsi la vision commune de venir définitivement à bout du paludisme en une réalité concrète partagée, pour une Afrique plus saine et plus prospère.