Message du Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique, à l’occasion de la Journée mondiale de la Santé 2018

Aujourd’hui, 7 avril 2018, à l’occasion de son 70e anniversaire, l’Organisation mondiale de la Santé attire l’attention de la communauté internationale sur le thème retenu pour l’édition 2018 de la Journée mondiale de la Santé, à savoir « Couverture santé universelle : pour tous et partout ». Cette année marque également le 40e anniversaire de la Déclaration d’Alma Ata, de 1978, qui appelait à la santé pour tous en l’an 2000.

Au cours des 70 dernières années, des avancées majeures ont été enregistrées en matière de santé et de technologies sanitaires. On peut citer par exemple la mise au point de médicaments d’importance vitale pour traiter des maladies comme le VIH/sida, la tuberculose, le paludisme, l’hypertension artérielle et le diabète. Ces avancées, qui ont permis d’améliorer l’état de santé des populations dans la Région africaine, étaient adossées sur des stratégies telles que la distribution de moustiquaires imprégnées d’insecticide – afin de prévenir le paludisme –, et la vaccination contre le papillomavirus humain, qui cause le cancer du col de l’utérus.

L’accès aux traitements et aux services essentiels s’est amélioré. Pour la première fois, plus de la moitié des personnes vivant avec le VIH en Afrique (14 millions) ont accès à un traitement anti-VIH qui leur sauve la vie. Le nombre de nouveaux cas de paludisme a baissé de 20 % et la mortalité liée au paludisme a régressé de 37 % entre 2010 et 2016. De plus, en 2016, la vaccination a protégé près de deux tiers des enfants du continent contre le risque de contracter une pneumonie et une méningite, alors que seulement 3 % des enfants étaient immunisés contre ces maladies en 2010. En 2012, l’Afrique comptait plus de 50 % des cas de poliomyélite notifiés dans le monde. La bonne nouvelle est que depuis août 2016, la Région n’a plus enregistré le moindre cas d’infection par le poliovirus sauvage.

Cependant, beaucoup reste à faire pour enrayer la forte expansion des maladies non transmissibles et surmonter de nouvelles menaces telles que le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), la grippe H5N1 et des épidémies comme la maladie à virus Ebola et le choléra. Il convient aussi de relever le défi posé par la résistance aux antimicrobiens et les médicaments contrefaits.
Les pays doivent donc s’efforcer d’améliorer la gouvernance et les systèmes d’information sanitaire en vue d’une meilleure réglementation et planification des activités menées par les communautés et les partenaires, et pour des besoins de responsabilisation. Un leadership efficace et un engagement politique de haut niveau sont essentiels pour instaurer la couverture santé universelle. Il est nécessaire de veiller à ce que des investissements équitables et durables soient consentis dans le domaine de la santé pour garantir un accès équitable aux services de santé.

L’expérience de plusieurs pays de la Région comme le Burkina Faso, le Burundi, le Ghana, le Libéria, l’Ouganda et le Sénégal prouve que la suppression de la facturation à l’usager accroît systématiquement les taux d’utilisation des services de santé. Le régime d’assurance-maladie du Rwanda a élargi l’accès des pauvres aux services de santé de qualité, le taux d’accès des pauvres à ces services étant passé de 7 % en 2003 à 91 % en 2010. Les États Membres devraient également s’attaquer au problème persistant de la pénurie de personnel sanitaire. L’Éthiopie montre comment l’investissement dans les travailleurs de santé, et particulièrement dans les agents de santé communautaires, contribue à une meilleure prestation des services de santé essentiels.

La couverture santé universelle consiste à veiller à ce que chaque personne – indépendamment de son lieu de résidence et de son statut social – bénéficie de services de santé essentiels et de qualité dont elle a besoin sans pour autant subir des difficultés financières. La couverture santé universelle est donc un puissant outil au service de l’équité, qui assure la santé pour tous, renforce la sécurité sanitaire, réduit la pauvreté et améliore l’égalité entre les hommes et les femmes.

Dans la Région africaine, l’OMS s’est engagée à fournir un appui aux États Membres pour qu’ils convergent vers la couverture santé universelle. Nous avons élaboré un cadre d’action pour aider les pays à choisir leur propre voie vers l’instauration de la couverture santé universelle et l’atteinte des objectifs de développement durable. Nous avons aussi pris un certain nombre d’initiatives, parmi lesquelles un programme phare qui vise à fournir un concours intégré et holistique aux pays par un soutien à la mise en œuvre et un programme régional d’apprentissage afin de converger vers la couverture santé universelle.

Aujourd’hui, je lance un appel aux dirigeants africains pour qu’ils respectent les engagements souscrits en 2015 et engagent des actions concrètes. L’OMS continuera d’apporter un appui aux pays pour édifier des systèmes de santé plus solides, plus résilients et plus réactifs grâce à la couverture santé universelle, afin de promouvoir la santé pour tous (#Health for All).