A Yirimadjo, l’engagement communautaire fait la différence

Le Centre de santé communautaire (CSCOM) de Yirimadjo à Bamako est le plus grand du pays. Malgré la survenue de la COVID-19, le centre continue à connaître la même affluence grâce au fort engagement des communautés. Il est devenu une référence en termes de poursuite des services de santé primaire.

Situé dans la banlieue Est de Bamako, le Centre de santé communautaire (CSCOM) de Yirimadjo, localité d’environ cent mille habitants, est le plus grand du pays.

Contrairement aux autres centres de la capitale en majorité désertés par la population après la survenue la COVID-19, le CSCOM de Yirimadjo continue à connaître la même affluence, accueillant en moyenne 300 patients par jour.

Dès l’annonce de la maladie dans le pays le 25 mars 2020, l’administration du centre a pris les devants et a engagé le dialogue avec les leaders des communautés sous l’impulsion du médecin chef Dr Ibrahim Cissé.
Sans tarder, Dr Cissé et son équipe ont organisé une première rencontre d’échanges dans l’enceinte du CSCOM avec la communauté représentée par le chef de village le doyen To Diarra, accompagné de ses 36 chefs de secteurs.

A l’issue de la réunion, une large assemblée villageoise d’information et de sensibilisation a eu lieu avec les chefs religieux, les jeunes et les femmes. Le médecin a expliqué la COVID-19, en mettant un accent particulier sur les moyens de prévention de la maladie.

Un acteur clé de la rencontre et partenaire du CSCOM était l’ONG MUSO qui appuie les communautés de Yirimadjo depuis 2007 dans le cadre des soins universels de santé. Elle collabore étroitement avec le CSCOM, et cette collaboration s’est renforcée depuis le début de la survenue de la COVID-19.
Suite aux séances de sensibilisation et rencontres communautaires qui ont été organisées, des groupes d'influenceurs ont été identifiés parmi les jeunes, les femmes et les leaders religieux et traditionnels. Avec les 225 agents de santé communautaires (ASC) recrutés par MUSO, ils vont de porte à porte dans les ménages pour échanger avec eux sur les sujets ayant trait à leur santé.

Les visites commencent tôt le matin. Un ASC visite en moyenne une trentaine de ménages à domicile chaque jour avec des messages de prévention ou de référencement, selon le cas.

Les ASC sont accompagnés par Dr Mariam Cissé, Coordinatrice de MUSO chargée de la supervision du travail des ASC sur le terrain. « Les ASC recherchent de manière active les cas d’enfants malades et de femmes enceintes pour les référer au centre de santé, et ils traitent aussi les cas mineurs de maladies dans la communauté, notamment les diarrhées simples, la malnutrition et le paludisme simple. »
Ce matin-là, Dr Mariam Cissé accompagne l’ASC Louhan Dembélé dans ses visites. Elle s’assure que tous les agents disposent de masques et de gels, et leur rappelle sans cesse l’importance d’appliquer les gestes barrières contre la COVID-19.

Louhan Dembélé échange avec une mère de famille qui se plaint de migraines et de courbatures. A la fin de l’entretien, elle la réfère au CSCOM pour consultation. « Ce cas pourrait être un cas suspect de COVID-19. Je lui ai conseillé de se rendre au CSCOM et je lui ai remis une fiche de référence qu’elle montrera au centre et sera prise en charge gratuitement. »
Sous un soleil de plomb et après une longue de marche à travers les sentiers de Yirimadjo, Sékou Diarra, 25 ans, arrive dans un quartier qu’il connaît bien. « Je suis d’ici. Je connais très bien cette communauté et ils me connaissent aussi. Cela crée un lien fort et ça facilite notre travail de porte à porte. »

Avec un sac de kit de première urgence au dos et muni d’une tablette dans laquelle il enregistre les coordonnées GPS et les contacts téléphoniques des ménages visités, Sékou entre dans les ménages et échange avec les membres de la famille.
Après avoir visité plusieurs dizaines de maisons, Sékou finit sa longue journée de travail par le domicile de Mme Fanta Diarra, une mère de 4 enfants. Leur causerie porte sur les mesures de prévention de la COVID-19.

Mme Fanta se réjouit des visites régulières des ASC : « Le CSCOM a de bonnes initiatives et nous sommes reconnaissants pour ce qu’ils font pour nous. Leurs agents passent nous voir et s’enquièrent de notre santé et celle de nos enfants. Ils demandent s’il y a des malades ou si nous avons des soucis de santé quelconques. Ils nous expliquent aussi comment nous protéger contre cette nouvelle maladie de coronavirus. Nous avons confiance en eux ; ils nous encouragent à aller au centre pour nous faire consulter en cas de besoin. »
Aissata Dembélé, 41 ans et mère de 5 enfants, a été référée au CSCOM ce jour-là. Elle s’est réveillée avec des maux de tête et une fièvre. « L’ASC est passée me voir ce matin et je lui ai demandé des calmants mais elle m’a conseillée plutôt de venir au centre voir le médecin. J’ai reçu une fiche de référence et cela m’a encouragée à venir. »

Dès son arrivée, Aissata se lave soigneusement les mains, comme tous les visiteurs du centre.
Aissata est ensuite reçue par Fanta Coulibaly. Fanta travaille au CSCOM depuis 3 ans, en tant qu’agent d’accueil au CSCOM. Pour sa protection et celle de ses collègues, le CSCOM a mis leur disposition des équipements de protection individuelle en quantité suffisante financés par le centre avec l’appui de l’ONG MUSO.

Fanta explique le protocole : « Après la prise de température, j’enquête pour voir si la personne ne présente pas les signes de la COVID19, comme la toux, une forte fièvre, le rhume. Si une personne présente les signes, je lui donne un masque à porter immédiatement et je la conduis dans la salle d’isolement. Les autres cas qui ne présentent aucun signe de COVID-19 sont dirigés vers la salle d’attente. »
Dès 8 heures, c’est l’affluence au CSCOM. De nombreuses personnes sont matinales pour éviter d’attendre de longues heures avant de voir le médecin. Au CSCOM, les enfants de 0 à 5 ans et les femmes enceintes référés au Centre par un ASC lors de ses visites à domicile sont pris en charge gratuitement. Cela a créé un réel engouement et a augmenté la fréquentation du centre.

Ayant vérifié qu’elle ne présente aucun signe suspect lié à la COVID-19, Aissata est conduite jusqu’au hangar fourni par l’ONG MUSO et servant de salle d’attente. Un agent veille au respect strict de la distance physique entre les patients assis sur des banquettes.
A l’issue de la consultation, Aissata est satisfaite : « Les mesures prises ici pour nous protéger nous rassurent et on se sent en sécurité. On ne craint plus de venir au CSCOM pour nous faire consulter car tout est mis en place pour que cette maladie ne nous atteigne pas ici. Si nous respectons les mesures expliquées par les médecins, la maladie partira vite. »
Selon Dr Ibrahim Cissé, il fut une brève période où la communauté a eu des hésitations à venir se faire consulter : « Principalement, ils avaient peur d’attraper la COVID-19 en venant au centre et il y avait aussi des rumeurs sur l’existence d’un vaccin expérimental anti-COVID-19. A travers les canaux traditionnels, nous leur avons communiqué les mesures mises en place à savoir le lavage des mains à l’entrée ; le tri des patients ; l’orientation et la dotation de masques ; le respect de la distanciation physique dans les salles d’attente et la sensibilisation avant et après chaque consultation. »

« Après une semaine, la communauté a recommencé à venir et une fois ici, ils voient tout de suite les changements introduits pour éviter toute contamination. Aujourd’hui le centre est très fréquenté, malgré les rumeurs et autres fausses informations qui circulent sur la COVID-19 au Mali. »
Pour mettre ces protocoles en place, le CSCOM a reçu l’appui de l’OMS. « L’OMS a été présente avec nous dès les premières heures. Grâce à leurs orientations, nous avons rigoureusement mis en place les mesures de protection contre la COVID-19 et lorsque les patients viennent au centre, nous en profitons toujours pour échanger avec eux sur la situation actuelle de la COVID-19 et pour partager les messages de prévention de la maladie », explique Dr Ibrahim Cissé.

Dr Hamsetou Cissé, médecin d’appui de l’OMS dans le district de Bamako, explique l’importance de rester vigilant à propos des autres sujets de santé : « Nous appuyons le CSCOM dans le monitoring des maladies à déclaration obligatoire telles que la rougeole, la méningite, la polio, la fièvre jaune, et aussi pour sur des sujets importants que nous ne devons pas perdre de vue, tels que la vaccination. »
Grâce au fort engagement des communautés, le centre de santé de Yirimadjo est devenu une référence en termes de poursuite des services de santé primaire dans le respect strict des pratiques d’hygiène recommandées en période de COVID-19.

Après la rencontre préliminaire d’échanges organisée au CSCOM au départ, le doyen To Diarra s’était engagé avec ses proches conseillers à faire de la lutte contre la COVID-19 leur priorité.

« Les médecins du centre de santé ont sollicité notre appui pour garantir l’adhésion de la communauté aux mesures de protection mises en place contre cette maladie, et aussi pour que les gens continuent à recourir aux services de santé. Je suis vraiment fier des efforts qu’ils ont fournis, à tous les niveaux. »

« Sans l’adhésion de la communauté, rien n’est possible. »
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