Au Tchad, un retour à l'école rassurant

Au Tchad, un retour à l'école rassurant

N’Djaména – Ce lundi matin, Raïssa, 14 ans, hâte le pas pour arriver à l’heure en classe. Elève en 4e au lycée Nestor Toukéa, elle a été soulagée de retrouver les bancs : « Avec toutes les informations que j’avais entendues et les rumeurs qui circulaient sur la COVID-19 dans mon quartier, je ne pensais pas reprendre un jour le chemin de l’école ! » déclare l’adolescente pleine d’enthousiasme. 

Au Tchad, la réouverture scolaire a été effective le 02 novembre après plus de sept mois de fermeture des écoles due à la survenue de la COVID-19 dans le pays. La décision de rouvrir les classes a été faite sous conditions du respect des précautions sanitaires nécessaires. 

« Entre l’inquiétude causée par la pandémie, l’avenir de nos enfants et le défi de préserver leur intérêt pour l’école, il demeurait important pour nous de rouvrir les écoles », explique le Directeur général adjoint du ministère de l’Education nationale et de la Promotion civique, Mahamat Tahiro Dabou. « L’état a mis à la disposition des établissements scolaires près de 400 000 masques en tissu, et les écoles ont repris les cours sous le respect strict des mesures barrières. » 

Vêtue de sa tenue bleue ciel avec son sac au dos et un masque lui couvrant la moitié du visage, Raïssa s’est adaptée à une nouvelle norme : « C’est une toute nouvelle école que nous avons découverte. Dès la rentrée, les professeurs nous ont accueillis en nous donnant la leçon sur les gestes et consignes à respecter. Le chargé de la sécurité devant le portail ne nous permet pas de rentrer dans l’enceinte du lycée sans avoir le masque en place et sans nous laver les mains et à l’intérieur de l’école les règles sont devenues strictes. » 

Le proviseur du lycée Nestor Toukéa, Théophile Mbaindiguim, explique que ces mesures rigoureuses servent de protection non seulement pour les élèves mais aussi pour l’ensemble du corps professoral et administratif. « La sécurité de tous dépend des actes de chacun. Notre lycée comptait 16 classes pour un effectif de 864 élèves et 35 enseignants. Avant la réouverture, nous avons dû nous adapter et changer beaucoup de choses. Les élèves qui au départ étaient assis à trois par banc, sont maintenant à deux par banc pour respecter la distanciation physique. A défaut de bâtiments pour scinder les classes, nous avons dû construire des hangars dans la cour et trouver de nouveaux tables-bancs. » 

« Nous faisons aussi pulvériser l’établissement, et nous avons installé des dispositifs de lavage des mains avec du savon à l’entrée et dans la cour de l’école. Il a par ailleurs été demandé aux parents de fournir des masques à leurs enfants et nous nous sommes chargés de les fournir pour le personnel de l’école. Tout cela assure la protection de tout le monde dans l’école. » 

Pour s’assurer de l’efficacité à long terme de ces mesures, Mahamat Tahiro Dabou note la nécessité pour les responsables des écoles d’accentuer la sensibilisation : « Etant donné que les établissements et les effectifs sont pléthoriques, nous comptons sur la responsabilité des chefs d’établissements. A titre d’exemple, nous accueillons cette année plus de 751 300 élèves dans le secondaire. Dans pareil cas, la sensibilisation devient l’arme la plus efficace après la mise en place des mesures. »

Dans son lycée, Raïssa a constaté que cette sensibilisation porte fruit : « Ça a été dur au départ mais avec l’insistance des enseignants et leurs rappels constants à l’ordre, on commence à s’y faire. L’adaptation n’a pas été facile. Ce qui a été le plus difficile pour moi, c’est le fait qu’on ne peut plus se regrouper à la récré, ni s’approcher trop près l’un de l’autre pour se partager nos secrets comme on faisait avant. On ne se touche plus, même pour se saluer. » 

Pour assurer une rentrée des classes sécurisée, l’OMS a mis à la disposition du ministère de l’Education des orientations, outils et directives sur la prévention et le contrôle de la COVID-19 dans les écoles. « Ceci a permis à travers des formations et des séances de sensibilisation, de renforcer les capacités des chefs d’établissements, des enseignants et des élèves. Pour que les écoles continuent de fonctionner en toute sécurité, nous appuyons également le ministère par la mise en place et le suivi de mesure d’hygiène et de désinfection. Nous insistons sur le fait qu’il est primordial que les enseignants continuent la sensibilisation dans les écoles en dispensant leur cours », souligne Dr Arsène Daizo, manager de l’incident au bureau de l’OMS Tchad.

Dans le pays, la COVID-19 a déjà entraîné 1771 cas confirmés avec 1608 guéris et 102 décès. Bien que la pandémie ait bouleversé son quotidien et celui de ses camarades, Raïssa reste optimiste pour le futur. « C’est vrai, trop de choses ont changé cette année. Nous sommes conscients que la menace est là. Nous avons peur de contracter la maladie et de contaminer nos proches. La COVID-19 nous a appris à être plus matures, nous pensons plus à notre avenir. Personnellement, je garde espoir que ce virus s’en ira aussi vite qu’il est arrivé si nous le combattons tous ensemble, notamment en suivant les mesures barrières dont l’hygiène des mains. »

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Mr NAISSEM Jonas

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