Succès des contraceptifs auto-injectables, pour une meilleure planification familiale au Burkina Faso

Ouagadougou– Au cours de la dernière décennie, l’utilisation de méthodes contraceptives modernes pour éviter les grossesses non désirées et espacer les naissances a doublé au Burkina Faso. En 2020, près de 32 % des femmes en âge de procréer les utilisaient, contre 15 % dix ans plus tôt.

Avec l’accompagnement de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres partenaires, en 2018, le Burkina Faso a mis en œuvre une stratégie pilote pour l’utilisation d’un nouveau contraceptif appelé acétate de médroxyprogestérone dépôt en sous cutané (DMPASc) que les femmes peuvent s’injecter elles-mêmes à domicile. Des documents guides nationaux ont été élaborés et l’ensemble du personnel de maternité de quatre districts sanitaires pilotes ont été formés à la sensibilisation et à l’apprentissage de cette technique aux femmes.

Depuis, la stratégie initialement mise en œuvre dans les districts sanitaires de Boulmiougou, de Houndé, de Nouna et de Ouahigouya a été étendue à 54 sur 70 districts, soit 70 % des districts sanitaires du pays.

OMS/Burkina Faso
Après quatre enfants dont la plus jeune est à peine âgée de deux ans, Aïssa*, 37 ans, a eu des triplets il y a quelques mois. Malgré les 42 degrés Celsius de ce mois d’avril et les sept enfants à sa charge, Aïssa a tenu à se rendre au centre de santé du secteur 22 du district sanitaire de Sig-Nonghin, dans la capitale burkinabé, pour se procurer un contraceptif.

« Mon mari n’était pas d’accord pour que j’utilise une méthode contraceptive. Depuis que nous avons eu les triplets, les charges financières ont tellement augmenté que ça a été moins compliqué de le convaincre », témoigne-t-elle. Sa fille de 13 ans a en effet dû abandonner l’école pour l’aider à s’occuper de ses cadets.

Comme d’autres, Aïssa a pris part à une séance de causerie sur la planification familiale au cours de laquelle un nouveau contraceptif, le DMPASc, est présenté et disponibilisé. Sa particularité : les femmes peuvent se l’injecter elles-mêmes.
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« Ce nouveau contraceptif permet aux femmes d’espacer les naissances ou de limiter le nombre d’enfants. Il réduit le temps à passer dans les formations sanitaires et permet une bonne continuité des soins », explique Edith Bassoma, cheffe du service de maternité du Centre médical de Nagrin, au Sud de Ougadougou. Elle montre ce jour-là à un groupe de femmes comment s’injecter le contraceptif.

Dans ce centre de santé comme dans les autres structures sanitaires urbaines, péri-urbaines et rurales appuyées par l’OMS et d’autres partenaires, des causeries éducatives de groupes sont organisées en prélude aux sessions pratiques.

« La plupart des femmes qui viennent pour la planification familiale préfèrent les contraceptifs injectables. Le fait qu’elles apprennent à s’injecter est un atout. Comme nous avons souvent beaucoup de patientes, ça permet que certaines ne se découragent pas à l’idée de revenir », dit Edith Bassoma.
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Les textes des outils de sensibilisation sont accompagnés d’images explicatives destinées à aider celles qui ne savent pas lire. Les causeries éducatives permettent aussi de dissiper les hésitations. Certaines femmes appréhendent en effet de se piquer elles-mêmes, d’autres que le contraceptif les rende stériles.

« Au début, j’avais peur d’utiliser cette méthode parce que je me disais que je ne pourrais plus faire d’enfant », raconte Angèle Dabire, une utilisatrice venue prendre une nouvelle dose. « J’ai été convaincue du contraire quand j’ai vu que l’une de mes voisines qui l’avait utilisé depuis plus d’un an a pu faire son deuxième enfant. »
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« Je me demandais aussi comment j’allais faire pour me piquer moi-même », dit Hélène Ouedraogo une autre utilisatrice du contraceptif se rappelant de l’une de ses craintes, rapidement levée par les sessions d’utilisation pratiques qui viennent en complément des explications orales et illustrées.

En effet, après les sessions théoriques, les futures utilisatrices du DMPA sous cutané apprennent comment procéder à l’injection elles-mêmes une fois à domicile.

Avant de quitter le centre de santé, Aïssa et les femmes reçoivent une dose du produit et un guide illustré leur permettant de faire la prochaine injection elles-mêmes à domicile. Pour la dose suivante, elles devront revenir dans la formation sanitaire pour permettre au personnel de s’assurer que tout va bien.
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« Beaucoup se demandaient comment un produit efficace pouvait être gratuit et doutaient du fait que cela puisse durer », explique le Dr Mathieu Bougma, Chef du Service de planification familiale à la Direction de la santé de la famille (DSF) du Ministère de la santé et de l’hygiène publique.

« Les formations de nouveaux agents de santé à cette méthode, l’intensification des sensibilisations et la mise sur pied d’un mécanisme d’approvisionnement de toutes les formations sanitaires nous a permis de susciter l’intérêt chez de nouvelles utilisatrices », dit-il.

Quatre ans après le début de la phase pilote du projet initié en 2018 et appuyé par l’OMS, le Burkina Faso compte près de 1,5 million d’utilisatrices du DMPA en sous-cutané, soit plus du quart des femmes en âge de procréer.
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Le Burkina Faso ayant obtenus des résultats positifs dans le cadre de ce projet, le pays a été amené à partager ses bonnes pratiques avec Madagascar, dont une délégation était en visite en avril 2023. Cette entraide initiée dans le cadre du projet « Accélérateur Plus de la Planification familiale » de l’OMS a pour objectif de faciliter la résolution des problèmes en planification familiale que rencontrent les pays aux réalités quasi-similaires grâce au partage d’expériences.

Le soutien de l’OMS a ainsi permis de faciliter les rencontres virtuelles et les visites de terrain des directions ministérielles en charge de la planification familiale dans les deux pays.
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En plus d’avoir appuyé financièrement cette extension du programme à davantage de districts sanitaires, l’OMS apporte également son expertise dans une recherche tripartite avec le Ministère de la santé et l’Institut de recherche en science de la santé (IRSS).

« La recherche menée dans le District sanitaire de Garango a pour objectif de mettre en lumière les points forts de la phase pilote, ce qui facilitera la mise à l’échelle de cette méthode contraceptive innovante dans tout le pays », explique le Dr Clotaire Hien, Chargé du programme Santé sexuelle reproductive et droits au Bureau de pays de l’OMS au Burkina Faso.
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