La vaccination pour en finir avec la rougeole au Gabon
Libreville – « Lorsque mon enfant avait 9 mois, j’avais choisi de ne pas le faire vacciner contre la rougeole. J’avais beaucoup de doute sur les vaccins à l’époque », relate Marie-Laure, 33 ans résidente à Libreville et mère de trois enfants. Jean, 3 ans, le petit dernier de Marie-Laure, avait reçu ses premiers vaccins jusqu’à l’âge de 4 mois et puis plus rien. « Nous étions en pleine période de la COVID-19. Il y avait des informations contradictoires sur les vaccins et je voulais être sûre de prendre la meilleure décision pour la santé de mon enfant. »
Au Gabon, la vaccination des enfants de 0 à 11 mois demeure un défi. Par exemple en 2022, la couverture vaccinale de la première dose du vaccin contre la rougeole, administrée à 9 mois, était de 51 % largement en dessous de l’objectif de 90 %, laissant un grand nombre d’enfants non protégés. De plus, cette faible couverture vaccinale constitue un risque éventuel d’épidémie de rougeole pour le pays où 1293 cas confirmés de rougeole ont été notifiés en 2022.
« Nous avons connu une épidémie de rougeole entre 2020 et 2022. En 2022, c’était le point culminant. Actuellement le nombre de cas est en baisse », explique le Dr Ulrick Bisvigou, Directeur général du Programme Élargi de Vaccination (PEV). « La situation du faible taux de vaccination n'est pas spécifique à la rougeole. La couverture vaccinale était en baisse pour tous les antigènes. »
Les défis qui entravent une meilleure couverture vaccinale chez les enfants au Gabon sont multiples. Il s’agit entre autres des facteurs socio-culturels, qui créent le refus du vaccin, de la désinformation et de l'accès limité aux services de vaccination surtout dans les zones très éloignées.
La réduction de la couverture vaccinale entre 2020 et 2022 dans la Région africaine était essentiellement due à la pandémie de la COVID-19. La désinformation autour des vaccins a aussi contribué considérablement à la baisse sensible des couvertures vaccinales. Le nombre d’enfants « zéro dose » et sous-vaccinés a connu une hausse de 16 % entre 2019 et 2021, avec un cumul d’environ 33 millions d’enfants dans la Région. Les enfants zéro dose sont ceux qui n’ont jamais été vaccinés.
Avec l’initiative du grand rattrapage lancée en 2023, lors de la semaine africaine de la vaccination, les pays africains se sont engagés à fournir plus d’efforts pour pallier les lacunes de la couverture vaccinale en prenant en compte les enfants non protégés ou insuffisamment protégés par les vaccins.
Dans cette dynamique, le Gabon a organisé du 4 au 13 juillet 2023 une campagne de masse afin de vacciner les enfants qui ne sont pas à jour de leur vaccination. Pendant ces 10 jours, 36770 enfants ont été vaccinés contre la rougeole. Ce qui a permis en 2023 de porter la couverture vaccinale à 66 % pour la première dose, soit une hausse de 15 % par rapport à 2022. Entre juillet et fin novembre 2023, le pays n’a enregistré aucun nouveau cas confirmé de rougeole.
Le Gabon est soutenu par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) dans ses actions pour rendre la vaccination accessible à tous. Avec l’appui de l'OMS, 10 consultants ont été déployés pour soutenir la campagne de vaccination intégrée PEV & COVID-19. Au total, 175 agents du PEV et de l’Institut d’épidémiologie et de lutte contre les endémies ont été formés ainsi que 312 travailleurs de la santé. Par ailleurs, l'Organisation a mis à disposition 70 mobilisateurs sociaux pour renforcer les activités de sensibilisation, en appui aux relais communautaires désignés par les directions régionales de la santé.
Les mobilisateurs sociaux et les relais communautaires ont pour rôle de sensibiliser la population sur l’importance des vaccins afin de renforcer l’adhésion des parents à la vaccination. Afoussatou Balogoun, relais communautaire à Owendo à Libreville, fait du porte-à-porte pour convaincre les parents de faire vacciner leurs enfants. « Lors de mes échanges avec les mères, je leur explique que la vaccination est nécessaire pour protéger la santé et la vie de leurs enfants. J’insiste surtout sur le fait que les vaccins sont sûrs et efficaces. »
Grâce aux messages partagés par les relais communautaires comme Afoussatou, Marie-Laure est rassurée. « Ce qui m'a vraiment convaincue de faire vacciner mon enfant, ce sont les arguments sur l'importance de la vaccination et mon souhait de protéger mon enfant », avoue la mère de Jean. « A présent, mon fils est vacciné contre la rougeole et il est à jour de ses autres vaccins. J’invite chaque parent à faire vacciner son enfant car c’est très important pour les voir grandir en bonne santé. »
L’appui de l’OMS a également permis de renforcer la surveillance et la riposte aux maladies à potentiel épidémique. L’Organisation a soutenu le pays dans la mise en œuvre de stratégies d’éradication et d’élimination des maladies évitables par la vaccination, en renforçant les activités de la vaccination de routine et de la surveillance épidémiologique.
« Le rattrapage des enfants zéro dose et de tous les enfants qui ne sont pas à jour de leurs vaccinations est très important », relève le Dr Narcisse Tounaikok, Responsable du Programme de vaccination et développement des vaccins au Bureau de l’OMS au Gabon. « La vaccination complète protège les enfants et réduit le risque d’épidémie au sein de la communauté. »
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