Comores : un projet de santé bucco-dentaire dépiste les maladies cardiaques chez les enfants

Comores : un projet de santé bucco-dentaire dépiste les maladies cardiaques chez les enfants

Moroni - Aux Comores, un projet de santé bucco-dentaire soutenu par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et concernant des milliers d'enfants de 5 à 12 ans, a offert des soins dentaires gratuits et des consultations pour détecter d'éventuelles pathologies cardiaques associées.

En 2013, une enquête dans le pays révélait que 90 % des enfants de 4 à 8 ans souffraient de maladies bucco-dentaires. Les enfants des zones éloignées, où les consultations sont coûteuses et les professionnels rares, sont particulièrement exposés.

La situation en matière de santé bucco-dentaire aux Comores reflète un défi commun à de nombreux pays de la Région africaine. En 2019, près de 70 % des pays d'Afrique subsaharienne allouaient moins d'un dollar par personne et par an à ces soins, alors que 44 % de la population souffre de maladies associées. La situation est aggravée par une pénurie de personnel qualifié, avec seulement 3,3 dentistes pour 100 000 habitants, soit environ un dixième du ratio recommandé au niveau mondial.

En 2022 et 2023, l'ONG Action pour le développement durable et l’environnement (ADDE), financée par l’OMS, a déployé une équipe de cardiologues et d’infirmiers dentistes dans les écoles de Mutsamudu et Koni. Plus de 5 000 élèves ont bénéficié de soins dentaires gratuits, 3 500 ont reçu des kits d’hygiène, et 10 000 ont été sensibilisés à la prévention des caries.

« Ma fille de 7 ans a pu voir un dentiste et un cardiologue gratuitement », raconte Zainabou Bourhani, mère de cinq enfants. « Je n’avais ni argent pour le déplacement vers le centre de santé, ni pour le traitement. Alors quand j’ai entendu parler du projet, je me suis précipitée ».

À Koni, 153 enfants ont bénéficié d’une échographie Doppler, un examen qui permet de détecter des anomalies cardiovasculaires. Parmi eux, 68 % présentaient des pathologies cardiaques et ont été pris en charge grâce à un financement supplémentaire de l'OMS.

« Rien que ce matin, j’ai détecté 48 cardiopathies sur 69 enfants consultés », raconte le Dr Daniel Oirdi, cardiologue. « Je suis très choqué qu’on ait découvert de si nombreux enfants présentant des signes de maladies cardiaques directement liées à une mauvaise santé bucco-dentaire ».

« Si nous n'agissons pas, ces enfants risquent de développer des maladies cardiaques avancées et de perdre leur autonomie et leur qualité de vie. Le cœur, on n’en a pas deux », ajoute-t-il.

Les maladies bucco-dentaires augmentent le risque de maladies cardiaques à cause de l'inflammation des gencives, les bactéries de la bouche pouvant se propager via les vaisseaux sanguins et provoquer des infections graves comme l'endocardite, ou des maladies cardiovasculaires telles que l'athérosclérose et l'arrêt cardiaque.

« Avant notre intervention, la majorité des enfants ne connaissaient pas le dentifrice et beaucoup n’avaient jamais vu une brosse à dents », explique la Dre Kamariat Abdouroihamane, Cheffe du projet de l’ADDE. « Le succès du projet auprès des parents et des écoles a été tel que nous avons dû revoir nos estimations initiales ».

Pour garantir la pérennisation après le projet, les écoles ont mis en place leur propre programme de sensibilisation aux habitudes alimentaires saines et à l'hygiène bucco-dentaire. De plus, des consultations trimestrielles avec un chirurgien-dentiste ont été instaurées par la direction régionale de la santé, en collaboration avec la mairie de Koni et les leaders communautaires.

Le partenariat avec les organisations de la société civile a permis à l'OMS aux Comores de renforcer sa proximité avec les communautés les plus reculées, comme à Koni, où l'accès aux soins de santé reste un défi majeur. « Nos interventions ont eu un impact positif sur la santé des enfants, qui demeurent les plus vulnérables. Cette initiative a transformé la vie des écoliers bénéficiaires et pourrait améliorer la santé bucco-dentaire de tous les enfants du pays s’il était étendu à tous les districts sanitaires », souligne le Dr Diarra Abdoulaye, représentant de l’OMS aux Comores. « La santé bucco-dentaire doit impérativement être intégrée dans la lutte contre les maladies non transmissibles (MNT) et constitue un élément clé d'une meilleure santé globale. »

Le projet a également pu combler un manque de données institutionnelles. Avant 2022, les problèmes de santé bucco-dentaire n’étaient pas documentés par le Ministère de la santé. « Grâce aux résultats obtenus, le ministère a intégré les statistiques sur les risques bucco-dentaires, notamment le lien avec les maladies cardiaques chez les enfants atteints de caries », relève Loub-Yakouti Attoumane, Ministre de la santé des Comores, de juin 2019 à juin 2024.

« Je suis très contente d'avoir mon kit avec le dentifrice et la brosse à dents », confie Soirfata, une élève de Koni. « Maintenant, je prends bien soin de mes dents pour ne plus jamais avoir mal. »

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