Madagascar : Améliorer la prise en charge de la tuberculose en milieu carcéral

Madagascar : Améliorer la prise en charge de la tuberculose en milieu carcéral

Fénérive-Est – « Je ressens des douleurs dans la poitrine, je tousse beaucoup et depuis quelques temps, j’ai des malaises. Je me sens tout le temps fatigué et je constate une perte de poids », confie Mahery, 38 ans, sur la maladie que lui ont dépisté les médecins à la Maison Carcérale de Fénérive-Est, Région d’Analajirofo dans le Grand Nord Est de Madagascar.

Après des examens appropriés, il est révélé que Mahery, personne détenue, souffre de la tuberculose, une maladie qui a touché plus de 2,4 millions de personnes en 2022 dans la Région africaine. La tuberculose est un problème de santé publique à Madagascar. En 2019, 37 000 personnes ont été diagnostiquées atteintes de tuberculose toute forme confondue. En 2023, Madagascar a dépisté 93 cas de Tuberculose multirésistante (TB-MR), beaucoup plus meurtrière, et majoritairement concentrée dans la région de Toamasina dans le Grand Nord Est du pays. Au mois de mai 2024, 49 cas ont été dépistés positifs à la tuberculose à la maison carcérale de Fénérive-Est, Région d’Analajirofo.

« Le manque de nourriture affaiblit les détenus et les rend plus susceptibles de développer la maladie. Le taux élevé des cas de tuberculose dans la maison carcérale s’explique par la surpopulation et le manque de ventilation. Ces facteurs favorisent la transmission de la maladie », a relevé la Dre Claudia Sylviane Samisonina, Directrice Régionale de la santé publique d’Analajirofo. « Autant de maux qui rendent la population vulnérable à la tuberculose » indique-t-elle.

Après le dépistage d’un cas de Tuberculose multi-résistante TBMR et pour couper la chaine de transmission au sein de la maison carcérale et renforcer la lutte contre cette maladie, le ministère de la Santé Publique et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) ont lancé une mission de riposte pour l’investigation de tous les détenus, leurs contacts, et le personnel de la maison carcérale de Fénérive-Est. Plus de 651 personnes dont Mahery, ont été soumises à la radiographie pulmonaire suivi de l’examen de crachat au GeneXpert afin d’identifier tous les cas possibles.

« Les risques possibles de transmission entre la maison carcérale et la communauté sont très nombreux. Les personnes non-détenues sont en contact régulier et constant avec la maison carcérale en particulier ceux qui y travaillent et les familles des détenus. Pour parvenir à contrôler la tuberculose dans la région, il est essentiel de prendre en compte ce lieu de détention », a remarqué Mr. Rakotomalala Aina Tantely, Directeur de l’Humanisation, de la détention et de la préparation à la réinsertion sociale au Ministère de la Justice.

Les malades identifiés bénéficient d’une prise en charge adéquate à travers le traitement anti-tuberculose. La prise en charge se fait conformément au standard international requis par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Nous suivrons le protocole en vigueur depuis le dépistage de la maladie jusqu’à la guérison des malades qui sont mis sous le traitement directement observé (TDO). Nous veillerons à ce qu’il n’y ait aucun cas d’abandon afin que tous les malades recouvrent la santé. » a rassuré la Dre Claudia Sylviane Samisonina, Directrice Régionale de la santé publique d’Analajirofo.

Dans son élan vers l’éradication de la tuberculose conformément à la stratégie mondiale « Mettre fin à la tuberculose d’ici à 2030 », Madagascar fait face à certains défis. Il s’agit notamment de l’insuffisance et l’éloignement des centres de diagnostic et de traitement de la tuberculose (CDT), l’insuffisance des appareils radiographiques, la couverture non encore suffisante du dépistage, le succès thérapeutique qui n’a pas encore atteint la cible définie, et pour les maisons carcérales, la gestion des pertes de vue.

« Nous réitérons notre engagement à soutenir le pays dans ses efforts visant à élargir l’accès au traitement préventif de la tuberculose et à progresser plus vite vers son éradication. Nous travaillons en étroite collaboration avec Le ministère de la Santé Publique, à travers le Programme National de Lutte contre la Tuberculose pour promouvoir et faciliter l’application des normes de l’OMS en matière de prévention et de prise en charge de la tuberculose. Ensembles nous pouvons mettre fin à la tuberculose » a déclaré Dr Laurent Musango, Représentant de l’OMS à Madagascar. 

Pour relever ces défis, l’OMS a entre autres soutenu l’appui technique dans l’extension des CDT, le renforcement de la mise en place des appareils GeneXpert, la coordination de la mise en œuvre des interventions, le dépistage et riposte au niveau des maisons carcérales.  L’OMS accompagne aussi le pays dans la mobilisation des ressources, l’analyse de la situation et l’orientation stratégique.

Selon la Dre Claudia Sylviane Samisonina, Directrice Régionale de la santé publique d’Analajirofo, « l’ouverture d’une plus grande maison carcérale prévu pour bientôt à Fénérive-Est, mettra fin à la surpopulation et le manque de ventilation qui favorisent la transmission de la maladie. » Pour plus d’efficacité, la Dre Claudia Sylviane Samisonina rassure que les mesures de riposte seront accompagnées d’une bonne politique de prévention. « Nous allons établir des protocoles de contrôle de l’infection tel que des dépistages rigoureux à l’entrée et des dépistages généralisés à l’intérieur de la maison carcérale », assure la Dre Claudia Sylviane Samisonina. Elle a également souligné le renforcement continu de capacités des prestataires de soins sur la prise en charge de cette pathologie et la disponibilité des données de qualité pour orienter les mesures à prendre. « Nous comptons renforcer les aspects de la surveillance de la tuberculose, du VIH et autres comorbidités connexes » ajout -elle.

La tuberculose est généralement traitée avec quatre médicaments durant 6 à 9 mois. Dans certains cas, des résistances à un médicament en particulier se développent soit à cause d’un traitement interrompu ou inadéquat, soit à cause d'une transmission directe par une personne ayant elle-même développé une résistance à la maladie. 

 « La tuberculose a beau être une maladie grave, mais elle se guérit. En plus le traitement est gratuit. Je suis conscient qu’en suivant bien mon traitement, je guérirais vite et je ne pourrai plus contaminer quiconque », s’encourage Mahery.

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Flora Dominique ATTA

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