Tous contre la polio : au Niger, les efforts s’intensifient pour l’éradication de la maladie
Niamey - Aïchatou, animatrice radio nigérienne, ne connaît que trop bien les conséquences de la polio sur la santé et le bien-être. Cette maladie l’a rendue handicapée depuis son enfance « Ceux qui refusent que leurs enfants soient vaccinés ne mesurent pas les conséquences de leur acte », dit-elle. « Ils n’ont aucune idée de la douleur que ressentent les personnes atteintes par la polio dans leur vie d’adulte. Le handicap physique peut bloquer des opportunités. »
Le poliovirus variant de type 2 continue de circuler au Niger.
Pour faire face à cette situation, le pays renforce, avec le soutien de ses partenaires et de la communauté, sa stratégie d’éradication de la maladie. L’un des axes de cette stratégie est l’organisation régulière de journées nationales de vaccination pour les enfants de moins de 5 ans. « Pour éradiquer la polio et protéger les générations futures, la vaccination est essentielle. Et pour permettre à nos enfants d’être vaccinés, l’engagement de tous est nécessaire », insiste M. Daouda Insa, acteur de la société civile nigérienne. L’édition la plus récente des journées de vaccination contre cette maladie a été organisée, dans le cadre de la célébration de la journée mondiale de la polio, du 25 au 28 octobre 2024, et a ciblé près de 7 millions d’enfants.
La Journée mondiale de la polio 2024 a également été marquée par l’organisation d’une conférence, par le Ministère de la santé grâce au soutien du Rotary International en collaboration avec les autres membres de l’Initiative mondiale pour l’éradication de poliomyélite (IMEP), dont l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). Les assises ont réuni la société civile, les leaders religieux traditionnels, les associations de pédiatres, des gynécologues, des personnes vivant avec un handicap, des infirmiers, des pharmaciens et des agences des Nations unies telles que OIM, UNHCR, OCHA autour du Ministère de la santé pour échanger sur les voies et moyens de lutter efficacement contre la polio y compris les interventions dans les zones frontalières afin d’atteindre les populations spéciales et aspirer à l’élimination complète de la maladie.
La mobilisation autour de cette conférence montre le caractère multisectoriel de la lutte contre la polio au Niger à laquelle participent également les relais communautaires. Ces derniers conduisent des activités de mobilisation sociale en vue de susciter l’engagement communautaire en faveur de la vaccination. Leurs actions ont permis d’obtenir l’adhésion des populations au vaccin contre la polio.
« Grâce à la mobilisation sociale et aux dialogues communautaires, les populations savent que le virus de la poliomyélite peut circuler dans les eaux usées et stagnantes et que tout enfant doit être protégé par le vaccin », explique Mme Nassirou Safiatou, cheffe du centre de santé intégré de Soura Aladeye situé dans la commune de Maradi, au sud du pays. « La semaine dernière, les relais communautaires étaient venus nous parler de cette vaccination. Nous attendions donc que les vaccinateurs passent chez nous. Ici, l’eau sale est partout. Il faut que je protège mon enfant avec ce vaccin », déclare Haoua, vendeuse de céréales à Maradi.
Aïchatou participe à la sensibilisation des populations en partageant son expérience et en faisant un plaidoyer auprès des leaders religieux et traditionnels, leur demandant d’« accompagner l’Etat pour qu’aucun enfant n’ait à regretter d’avoir raté la vaccination par manque d’information ». Des mères joignent leurs voix à celle d’Aïchatou pour convaincre ceux qui résisteraient encore « Refuser la vaccination c’est comme exposer son enfant au handicap. J’encourage les parents à faire vacciner leurs enfants contre cette maladie paralysante. C’est pour leur bien », ajoute Salamatou, ménagère habitant dans la commune de Tahoua, située au nord-est de Niamey, la capitale du Niger.
Les efforts collectifs du gouvernement, de ses partenaires dont l'OMS, et des relais communautaires ont permis de vacciner près de 8 millions d’enfants au cours de la campagne d’octobre 2024.