Conférence internationale sur les Hépatites
Les acteurs de la lutte contre les hépatites de 20 pays africains adoptent « Le Consensus de Dakar » qui comportent plusieurs préoccupations et recommandations.
Dans la Région africaine, 150 millions de personnes vivent avec une forme chronique d’hépatite B et/ou C, avec un risque d’évoluer vers la cirrhose et le cancer du foie. 80% des cancers du foie sur le continent sont dus aux virus des hépatites et le cancer du foie est un des premiers cancers de l’homme. Ces données démontrent la gravité des hépatites virales en tant que problème de santé publique en Afrique et la nécessité d’engager les décideurs ainsi que toutes les parties prenantes dans la lutte contre ces affections.
C’est pour obtenir cette mobilisation générale que l’Initiative Panafricaine de lutte contre les Hépatites (IPLH), qui regroupe une vingtaine de pays francophones, a organisé du 20 au juillet 2013 à Dakar la Conférence internationale sur les Hépatites. Créée suite à la conférence de Dakar de juillet 2012, l’IPLH a pour objectif de cristalliser l’énergie de l’ensemble des acteurs de lutte contre les hépatites dans les pays africains francophones, en impliquant les Ministères de la Santé, les Professionnels de santé et les Associations de patients. Elle regroupe vingt pays qui comptent plus de 300 millions d’habitants, avec pour certains, des taux de prévalence des hépatites B et C pouvant aller jusqu’à 20%.
La cérémonie d’ouverture de la Conférence a été présidée par le ministre de la Santé et de l’Action sociale, en présence du Représentant de l’OMS, du Responsable de la lutte contre les Hépatites à l’OMS/Siège, du Directeur général de la Santé, de la Coordonnatrice du Programme national de lutte contre les Hépatites, du Secrétaire perpétuel de l’Académie nationale des Sciences et Techniques du Sénégal, du Représentant du Bureau régional de l’ONUSIDA, du Représentant de l’Alliance mondiale pour les Hépatites, de responsables d’Associations de patients et de plusieurs invités.
Dans le document intitulé « Le Consensus de Dakar » qui a été adopté à la fin des travaux de la conférence, les Points focaux de l’IPLH dans les pays membres ont évoqué un certain nombre de préoccupations : le calendrier vaccinal inadapté pour la prévention de la transmission mère enfant du virus de l’hépatite B dans la quasi-totalité des pays africains, le manque de ressources financières en faveur de la lutte contre les hépatites virales, le manque de moyens pour une prise en charge convenable des porteurs chroniques du virus de l’hépatite B (VHB) et du virus de l’hépatite C (VHC).
Face à cette situation, les chercheurs, formateurs et praticiens de la lutte contre les hépatites des vingt pays africains francophones auxquels se sont joints leurs collègues venus du Nigeria, de la Tanzanie, du Ghana, d’Europe, d’Amérique, se sont prononcés en faveur de l’adoption d’une approche intégrée pour lutter efficacement contre ces pathologies. Ils ont plaidé aussi pour la mutualisation des moyens, une approche régionale pour développer des stratégies pertinentes de lutte contre les hépatites B et C, l’amélioration des outils de diagnostic et des programmes de traitement appropriés aux malades, dans tous les pays africains.
Pour le Ministre de la Santé et de l’Action sociale, le Pr Awa Marie Colle Seck, la Conférence internationale marque une nouvelle étape dans la lutte contre les hépatites qui constituent la 4e priorité de santé publique au niveau international.
« Aucun pays ne peut réussir seul à vaincre les hépatites ; c’est pourquoi je me réjouie que les membres de l’IPLH et les partenaires internationaux aient joint leurs efforts pour mener ensemble le combat, au-delà des spécificités linguistiques de leurs pays », a déclaré le Ministre de la Santé et de l’Action sociale.
Après avoir placé la Conférence de Dakar dans le sillage de la célébration de la Journée mondiale de l’Hépatite 2013 sur le thème « C’est ça l’hépatite, Comprenez-la. Combattez-la », le Représentant de l’OMS, le Dr Alimata Jeanne Diarra-Nama, a souligné que ce thème met en exergue la menace sanitaire que représente l’hépatite alors qu’elle continue d’être largement ignorée dans le monde. Il vise à encourager les Gouvernements à passer à l’action pour affronter «l’épidémie silencieuse» de l’hépatite virale. L’OMS estime à près de 500 millions le nombre de personnes porteuses de l’infection chronique par l’hépatite B ou C et à 1 million le nombre annuel de décès.
Auparavant, le Pr Aminata Sall Diallo, Coordonnatrice du Programme national de lutte contre les hépatites s’était félicitée de la solidarité panafricaine illustrée par la création de l’IPLH et insisté sur la nécessité d’aller plus vite et plus loin dans la lutte contre les hépatites en élaborant un Plan d’action continental et en définissant des stratégies consensuelles, adaptées aux priorités et au contexte spécifique de l’Afrique.
Plusieurs communications ont été partagées par les participants en guise d’introduction aux travaux de groupe. Ces communications ont porté, respectivement, sur le Cadre mondial de lutte contre les hépatites de l’OMS, le rôle des associations de patients, la place des sociétés savantes, les leçons apprises dans la lutte contre le VIH et la co-infection hépatites/ VIH, le rôle des infirmiers dans la lutte contre les hépatites, l’intégration des programmes de santé.
Dans sa communication sur le Cadre d’action mondial de prévention et de lutte, le Dr Stefan Wiktor, Responsable de la lutte contre les Hépatites à l’OMS/Siège, a exposé les quatre axes définis par l’OMS pour élaborer au niveau national des plans stratégiques et opérationnels efficaces.