Faire avancer la science de l'efficacité du vaccin COVID-19 en Afrique
Brazzaville - Des milliers d'essais cliniques réalisés dans différentes parties du monde ont montré que les vaccins contre la COVID-19 sont sûrs et efficaces. Alors pourquoi continuer à mener des études sur la performance de ces vaccins - comme celle réalisée en Zambie ?
« Les vaccins contre la COVID-19 ont été testés dans des contextes cliniques contrôlés où les règles de sélection des participants aux études étaient très strictes. Il est donc important pour nous d'étudier comment ces vaccins fonctionnent dans le monde réel. C'est ici que les études sur l'efficacité des vaccins entrent en jeu », indique le Dr Jason Mwenda, responsable du réseau de surveillance de l'efficacité du vaccin contre la COVID-19 (AFRO-MoVE) au Bureau régional de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) pour l'Afrique.
Les études sur l'efficacité des vaccins nous apprennent des choses que nous ne savons pas encore sur les vaccins contre la COVID-19 et font partie du processus d'investigation scientifique en cours. Par exemple, qu'advient-il de l'efficacité du vaccin lorsqu'une personne oublie une dose, ne respecte pas le délai prescrit entre la première et la deuxième dose ou utilise un vaccin différent pour la première ou la deuxième dose ? Que se passe-t-il si un vaccin n'est pas conservé dans les bonnes conditions ou s'il est livré hors délais dans des régions éloignées ? Les essais cliniques ont été menés à une époque où le monde n'avait pas encore rencontré les variants Beta, Delta ou Omicron, alors comment se comportent les vaccins contre ces variants ?
Ce ne sont là que quelques-unes des questions importantes auxquelles les études sur l'efficacité des vaccins, menées dans le monde entier, ont déjà commencé à donner des réponses, montrant que les vaccins continuent d'être efficaces car les données des essais cliniques sont disponibles et les schémas des maladies évoluent.
Mais, à ce jour, seules trois des 272 études sur l'efficacité des vaccins publiées dans le monde ont porté sur la Région africaine.
Pour combler cette lacune, le Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique a créé le réseau AFRO-MoVE en février 2021. Trente partenaires, dont les instituts nationaux de santé publique, les ministères de la santé et les institutions de recherche de 18 pays africains, participent à ce réseau. L'OMS finance actuellement quatre des 19 études en cours ou prévues dans 14 pays d'Afrique, grâce à une subvention de la Fondation Bill et Melinda Gates.
Jusqu'à présent, les résultats de quelques études sont prometteurs. En Zambie, quatre études sur l'efficacité du vaccin sont en cours depuis juin 2021 auprès de différents groupes de personnes vaccinées, y compris des professionnels de la santé, et par l'analyse des données recueillies pour le système de surveillance des maladies respiratoires du pays.
« En Zambie, les études sur l'efficacité des vaccins ont montré que les vaccins contre la COVID-19 réduisaient le risque d'infection, d'infection symptomatique et le risque de décès lors de l'hospitalisation pendant les périodes où les variants Delta et Omicron circulaient », a expliqué le Dr Jonas Hines, des Centres de contrôle et de prévention des maladies et chercheur principal des études.
En Afrique du Sud, des études sont en cours parmi les personnes qui ont été hospitalisées pour des infections des voies respiratoires inférieures et, comme en Zambie, les chercheurs exploitent les données des sites de surveillance de la pneumonie du pays. Nicole Chiwandire, de l'Institut national des maladies transmissibles d'Afrique du Sud et co-chercheure principale des études, est encouragée par le fait que « trois études publiées en Afrique du Sud montrent déjà une grande efficacité du vaccin contre les hospitalisations et/ou les décès pendant les périodes Beta, Delta et Omicron ».
Les résultats d'une étude sur l'efficacité du vaccin menée auprès de travailleurs de la santé à Windhoek, en Namibie, seront disponibles dans le courant de l’année 2022. Les participants à l'étude ont été suivis pendant six mois dans deux des plus grands hôpitaux publics de la région de Khomas, en Namibie.
« La plupart des travailleurs de santé en Namibie sont originaires de la région de Khomas et les deux hôpitaux servent de centres de référence pour les cas graves et critiques, qui sont envoyés par les hôpitaux de niveau inférieur. Cela fait de notre site d'étude un cadre idéal pour une étude de l'efficacité du vaccin auprès du personnel de santé », relève Natasha Nghitukwa, médecin au Ministère de la Santé et des Services sociaux de Namibie, et co-chercheure principale de l'étude.
En attendant que les résultats d'autres études soient publiés, il est essentiel que la vaccination contre la COVID-19 soit intensifiée sur le continent. La couverture vaccinale reste faible, avec seulement 17,3 % de la population entièrement vaccinée. Les cas et les décès sont en baisse, et certains pourraient penser que la COVID-19 n'est plus un risque. Cependant, face à une cinquième vague dans certains pays, les arguments en faveur de la vaccination contre la COVID-19 restent de mise. Les recherches montrent que les personnes non vaccinées ont 11 fois plus de risques de mourir de la COVID-19 que les personnes vaccinées.
« Plus nous disposerons de données et d'analyses, plus nous aurons des informations sur l'efficacité du vaccin contre la COVID-19 en Afrique. Cela permettra de renforcer les efforts de l'OMS pour faire en sorte que les populations de notre continent soient protégées contre la COVID-19 et d'autres maladies évitables par la vaccination », a déclaré le Dr Mwenda.