Addis-Abeba – L’Éthiopie a enregistré des progrès considérables dans la réduction de la prévalence de la lèpre, en l’éliminant en tant que problème de santé publique en 1999, après des efforts soutenus fournis sur plus de quatre ans.
Si le seuil d’élimination d’un cas pour 10 000 habitants a été atteint, l’Éthiopie rapporte encore chaque année environ 3 000 cas de cette maladie tropicale négligée. Cette situation s’explique par la persistance d’une faible sensibilisation de la communauté à la maladie, la peur de la stigmatisation et de la discrimination, ainsi que par une recherche active limitée des cas de lèpre et des contacts. En 2023, environ 10 % d’entre eux étaient de nouveaux cas présentant une incapacité de niveau 2, causant généralement des séquelles visibles et une déficience visuelle sévère.
Grâce au soutien de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et des partenaires, l’Éthiopie intensifie ses efforts pour parvenir à l’élimination de la lèpre d’ici à 2030, conformément à la Stratégie mondiale de lutte contre la lèpre de l’OMS. Depuis 2021, les autorités sanitaires mènent une recherche active des cas dans 142 communautés dans lesquelles la lèpre est endémique, afin de garantir un diagnostic et un traitement plus précoces, tout en renforçant les initiatives de sensibilisation communautaire.
Après deux semaines, un ami a convaincu Shambel de se rendre au ALERT Comprehensive Specialized Hospital d’Addis-Abeba, qui est spécialisé dans le diagnostic, le traitement et la prestation de services de réadaptation pour la lèpre.
« Jusqu’à ce que je sois diagnostiqué, je n’avais jamais entendu parler ou vu une telle maladie », explique Shambel. « Avant de venir ici à ALERT, je n’aurais jamais pensé que je pourrais guérir. Mais, lorsque le médecin m’a dit que je serai guéri si je prenais bien les médicaments, j’étais très heureux ».
« Nous jouons vraiment un rôle essentiel dans le diagnostic, le traitement et la prise en charge des patients atteints de lèpre. Ceci en étroite collaboration avec le gouvernement et des partenaires comme l’OMS », déclare le Dr Shimelis Nigussie, consultant dermatologue à l’hôpital ALERT depuis plus de 15 ans.
« Nous disposons également d’un programme de proximité, grâce auquel les experts de l’hôpital d’ALERTE se rendent dans les cinq autres centres de référence pour la lèpre que nous avons actuellement en Éthiopie, et apportent un appui technique », ajoute-t-il.
« Nous renforçons la sensibilisation du public lors des campagnes de recherche de cas de lèpre », explique Abiy Abata, directeur général de l’ENAPAL. « Les gens ne sont toujours pas bien informés sur la maladie, ce qui peut conduire à la discrimination et à la stigmatisation. »
L’OMS a fourni un appui technique et financier à l’ENAPAL, lors de l’élaboration de lignes directrices et des campagnes de recherche de cas de lèpre coordonnées par le Ministère de la santé et l’OMS. L’Organisation a mis à disposition son expertise en matière de lutte contre la stigmatisation et la discrimination.
« Si vous prenez le médicament à un stade précoce, vous n’aurez pas de handicap. Mais, certains patients sont réticents à se rendre dans les hôpitaux, et n’y vont que lorsqu’ils sont déjà défigurés ou présentent un handicap. C’est pourquoi la lèpre est une maladie pour laquelle nous devons activement rechercher les nouveaux cas et veiller à ce que les malades reçoivent des médicaments à un stade précoce ».
Cette nouvelle approche porte ses fruits. « Nous avons déjà constaté une amélioration entre 2022 et 2023 », déclare Taye Leta, responsable du Programme national de lutte contre la lèpre. Il souligne qu’il y a eu une réduction de près de 7 % du nombre total de nouveaux cas au cours de cette période, une réduction de 32 % des nouveaux cas chez les enfants et une diminution de 25 % des cas présentant une incapacité (grave) de niveau 2.
Étant donné que Amare a été orienté vers ALERT tardivement, il s’est retrouvé avec des handicaps mineurs et des préjudices esthétiques. Mais l’ENAPAL lui a apporté un appui financier pour qu’il puisse démarrer sa propre activité : un petit stand de rafraîchissements à côté de l’hôpital. « Au bout de neuf mois, j’étais entièrement autonome », témoigne-t-il. « Je ne me suis jamais senti stigmatisé par mes amis ou ma famille. »
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